LE CLUB DES CENT COLS A ROULé DANS LE BONHEUR
C’est une association cyclotouriste atypique que l’on peut facilement identifier à la philosophie de la célèbre chanson d’Yves MONTAND : « quand nous partions de bon matin, sur les chemins, à bicyclette … ». Leurs randonnées sont forcément montagnardes car leur passion est de collectionner les cols. Une idée très simple qui a germé dans la tête du haut-savoyard Jean PERDOUX, et ce, il y a presque quatre décennies. Grimper cent cols différents sur un vélo, voilà le précieux sésame pour adhérer à ce club regroupant 2500 membres actifs à travers le monde.
Dans l’alternance des massifs montagneux français, cette année c’était le tour du Massif-Central. Sur la proposition de Christine et Guy CAMBESSEDES du Vigan, ce sont les Cévennes, et plus particulièrement le massif de l’Aigoual qui ont eu l’honneur d’accueillir tous ces baroudeurs montagnards sur deux roues. Et pour couronner le tout, ils avaient choisi la vallée du Bonheur à St Sauveur Camprieu comme lieu de villégiature, le succès ne pouvait qu’être assuré. De surcroît cette petite bourgade cévenole a su grandement se mobiliser afin de recevoir dans les meilleures conditions les 200 cyclotouristes venus des 22 régions françaises, mais aussi de Belgique, d’Allemagne, de Suisse et d’Italie. D’ailleurs, André BOUDES, son maire s’est impliqué sans retenue dans le projet dès le premier contact, à l’automne 2010. Les retombées économiques ne sont pas négligeables pour l’économie locale, lorsqu’un groupe aussi important séjourne une semaine durant.
Une soixantaine de cols judicieusement répartis sur ce territoire qui vient, dernièrement, de recevoir une reconnaissance suprême avec son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le triptyque Causse-Aigoual-Cévennes a offert un merveilleux « terrain de jeu » à ces observateurs de la nature, l’œil toujours aux aguets. Les vététistes ont exploré la forêt de l’Aigoual en profondeur et ont pu ainsi vérifier les fondements du film de Marc KHANNE, « l’Aigoual, la forêt retrouvée », présenté par Marie-France FLAHAUT. Ils ont rendu visite au doyen du massif, le vieux hêtre du Suquet, traversé l’arborétum de la Foux avant de découvrir le hameau de St Sauveur des Pourcils et son chemin des morts. Et du documentaire-fiction, ils sont passés à la réalité lorsqu’ils ont rencontré sur la piste du col de la Caumette Guy MONZO, garde de l’ONF, dans l’exercice de ses fonctions.
Les routiers ont progressé bien au-delà du sommet emblématique des Cévennes, en parcourant les vallées cévenoles et les causses méridionaux, avec un coup de cœur particulier pour le Cirque de Navacelles. Cette merveille de la nature qui attend patiemment sa consécration avec son classement dans les grands sites de France. Le causse Méjean, cette immensité minérale, a été sans surprise plébiscitée pour son extraordinaire beauté ; le Méjean, c’est le causse par excellence. Le panorama du Mt Aigoual a enthousiasmé l’auditoire de tous ces passionnés de montagne, l’exposition à l’Observatoire Georges FABRE a également séduit ces touristes un peu particuliers et curieux de tout. En soirée, lors d’un très bel exposé de Chantal VIMPERE, de Météo-France, la climatologie si particulière du haut sommet cévenol a été décortiquée et explicitée. L’abîme de Bramabiau a été admiré, et les plus audacieux ont poussé leur quête de connaissance en découvrant « la perte du Bonheur » cette immense arche que la rivière a taillée dans la roche.
Il y a eu des coups de cœur, mais aussi des coups de pompe, l’âpreté du terrain et la chaleur n’y sont pas étrangers. Ce fut « tempête de ciel bleu » durant la semaine, faisant ainsi oublier quelque peu les froides pluies vosgiennes du séjour 2010. Mais la mémoire sera sélective et ne conservera que les bons moments, tels que la rencontre avec la garde montée du Parc National des Cévennes sur la draille du Salidès. Partage et échange durant quelques instants entre protecteurs et admirateurs de cet environnement préservé. De belles échappées visuelles sur la vallée Borgne et bien au-delà sur ce « moutonnement » de serres et valats ont offert aux photographes des angles de vues impressionnants. D’ailleurs en ces lieux chargés d’histoire, comment ne pas imaginer le combat des camisards courant la lande dans leur combat pour la tolérance et la liberté d’expression. A Aire de Côte, également un devoir de mémoire s’imposait envers ces jeunes gens qui durant le conflit de la deuxième guerre mondiale n’ont pas accepté l’inacceptable et ont rejoint les rangs de l’armée des ombres.
Mais le moment fort fut, indéniablement, la concentration finale à Cap de Côte, le samedi 20 août à la mi-journée où tous les participants étaient réunis, vététistes et routiers, afin de partager le vin et le fromage comme le veut la tradition. Echange et communion entre amis, rencontre éphémère de quelques heures, c’est aussi une coutume dans le microcosme du cyclotourisme. Pour la circonstance, Claude VIVIERS, le gérant du gîte avait offert un superbe espace ombragé aux abords de la grande bâtisse en schiste plusieurs fois séculaire. Pierre TESTES, Président de la Ligue Languedoc-Roussillon de Cyclotourisme et Jack SABATIER, Président du CO.DEP.30 ont honoré de leur présence cette sympathique cérémonie. A l’heure des discours, Régis PARAZ, Président des Cent Cols a su habilement faire le parallèle entre l’histoire de ce pays et la vie du Club où le respect et la tolérance doivent rester une ligne directrice. Dans une intervention empreinte d’une grande sincérité, Thomas VIDAL, Conseiller Général de Valleraugue, a parlé du rôle économique que représente le tourisme, de l’effort consenti par la collectivité départementale en matière de signalétique des cols, et bien sûr le soin apporté aux routes de montagne.
Afin de satisfaire les appétits aiguisés par l’effort, l’équipe du Centre de Vacances « Le pont du Moulin » de Camprieu avait préparé, sur place, une succulente paella.
Pour se hisser sur ces hautes terres, les cyclotouristes ont dû affronter les difficiles rampes des cols des Vieilles et de la Lusette. Les plus téméraires ont même poursuivi leurs efforts jusqu’au Serre de la Toureille et la vigie du SDIS 30 afin d’admirer un panoramique impressionnant.
L’enchaînement de ces deux cols, outre l’effort physique à produire, dévoile un concentré de la Cévenne. Tout est là, le granit, les châtaigniers, les landes de genêts et de bruyère, les hameaux aux robustes maisons. La vallée de Taleyrac est l’épicentre de la culture de l’oignon doux, sur les terrasses qui sculptent le paysage. Car ici, les hommes « n’ont pas quitté le pays pour aller gagner leur vie loin de la terre où ils sont nés », comme le dit si bien la chanson. Attachés à leur terre, ils ont appris à restaurer le patrimoine de leurs ancêtres qui, « avec leurs mains dessus leur tête, avaient monté des murettes jusqu’au sommet de la colline… »
Les uns ont regagné leurs pénates, d’autres pédalent encore ici ou là en Cévennes avec leur maillot cycliste bleu azur, en quête de nouvelles ascensions. Tous sont subjugués par la beauté des paysages, la richesse du patrimoine, et bien sûr le plissement du terrain offrant ainsi une multitude de cols à escalader. Ils sont venus avec un statut de simple cyclotouriste et repartent désormais avec le grade d’Ambassadeur des Cévennes, car ils reviendront forcément et assureront la promotion de ce terroir auprès de leurs amis ou de leur entourage familial et ceci sans que les collectivités publiques ne dépensent en de coûteuses campagnes de communication.
Nous adressons toute notre reconnaissance à Monsieur André BOUDES, Maire de Saint-Sauveur Camprieu, aux membres du Conseil Municipal et au personnel communal pour leur implication dans notre projet et leur soutien permanent et sans faille. Egalement envers le Conseil Général du Gard pour l’octroi de son aide financière.
Nous tenons à remercier chaleureusement Madame Dominique LEQUERTIER, ainsi que toute l’équipe du Centre de Vacances « le Pont du Moulin », Marie-Hélène et Alain ADES, Gérants du Camping « le Térondel » ainsi que les propriétaires et le personnel de « l’Auberge du Bonheur ».
Et, bien-sûr, aussi nos sincères remerciements envers les dirigeants du Club des 100 cols qui nous ont fait confiance dès l’amorce de notre projet et les nombreux participants qui nous ont fait l’honneur de rallier Saint-Sauveur Camprieu pour ces quatre journées de randonnées, de joie et d’amitié qui resteront gravées dans les mémoires centcolistes. Du sport de pleine nature, des découvertes et beaucoup de « chaleur humaine », c’est tout l’esprit du Club des Cent Cols, tel que nous le concevons. Longue vie à lui, et que la formidable idée de Jean PERDOUX perdure ainsi, au travers des décennies.
« A l’an que ven » en Savoie, dans le massif des Bauges, pour de nouvelles aventures, mais aussi pour célébrer le quarantième anniversaire de notre Confrérie.
Christine et Guy CAMBESSEDES.