Revue N°1 page 5
UNE DOUBLE PASSION
par Daniel LEGAT du C.T. CHAMBERY
Deux cent quatre vingt six, deux cent quatre vingt sept ....... Chaque nouveau col prend sa place chronologique sur mon cahier. Comme une chenille sur sa feuillet la liste s'allonge. Pourquoi ?
1965 : Sur un papier maintenant jauni, figurent les treize premiers cols que j'ai gravis. Je possédais alors un vélo de série, ce même vélo qui chaque matin depuis cinq ans me conduisait aux portes du lycée.
J'avais déjà effectué ma première randonnée de vacances et ma bicyclette s'était vue ornée, pour la circonstance, de tout le matériel que l'on juge alors indispensable au confort : tente, matelas pneumatique, popotte et réchaud ! ... Le col du Montgenèvre était mon premier géant ; il dominait alors la liste de mes cols... du haut de ses 1.854 mètres.
Une double passion était née : j'aimais les voyages et l'ascension d'un col était pour moi source de bonheur.
Je savais déjà que je n'en resterai pas là.
Chaque été qui vint, fut pour moi l'occasion de partir vers d'autres horizons, mes compagnons de route changeaient, je restais.
Chaque nouvelle ascension de col était pour moi une révélation, les côtes se succédaient, les paysages changeaient, la même passion demeurait.
Ainsi, je sillonnais les routes de nombreux pays étrangers, animé du même désir de découvrir, de connaître.
Ainsi, j'escaladais inlassablement les cols qui jalonnaient ma route et ma liste s'allongeait.
Mon vélo devint plus léger, tour à tour sportif contemplatif, prisonnier du chronomètre ou du paysage je suivais mon vélo dans sa course vers les sommets. Repérant sur les Michelin, puis sur les cartes I.G.N., mes prochaines victimes, je fondais sur elles comme l'oiseau de proie. Entre le Col Sommeiller 3.009 mètres et le Col de Belle-Barbe 44 mètres, que de chemin parcouru! Je me retourne parfois pour revivre l'ascension du Grimsel Pass ou du Hundsrück, mais se profilent aussitÔt à l'horizon les cols célèbres qui me manquent : le Nufenen, le Gavia et que je mâterai.
1973 : Devant la liste des 800 cols routiers de France, je mesure tout le chemin qu'il me reste à parcourir.
Daniel LEGAT.
Nota : J'ai assisté aux premiers balbutiements cyclos de notre ami Daniel LEGAT, aujourd'hui je peux rendre hommage jeune randonneur qui, chaque année, n'utilise pendant ses vacances que son vélo pour parcourir l'Europe, voire le Canada, comme en 1972 avec un groupe de la F.F.C.T.
Jean PERDOUX