Revue N°3 page 13

TOUR DE L'ARDECHE OCCITANE
1974

d'Isabelle et Jean BASTIEN de MOUGINS (06)

 


    La lecture de "CYCLOTOURISME" de Mars dernier a déclenché en nous le désir faire le T.A.O. C'est ainsi que nous prenons contact avec Monsieur CHAIX, Président des Randonneurs Privadois organisateurs. Celui-ci nous donne tous les renseignements possibles pour que le T.A.O. se déroule dans tes meilleures conditions. A Aiguèze, le jour de Pâques, nous aurons le plaisir de le rencontrer, et un complément d'informations, issues des observations de Monsieur DOBISE, premier participant du T.A.O. nous est apporté.

    Mardi 16 Avril : AIGUEZE, nous postons notre carte postale du départ. Le temps est dégagé, mais le mistral souffle fort. Nous allons prendre la photo contrôle sur les remparts, au pied du donjon. Le village, est bien calme après l'envahissement du dimanche de Pâques. Nous prenons la route, Saint-Marcel d'Ardèche, puis Saint-Martin, par un chemin qui serpente à souhaits. Au sommet des bosses (nombreuses), le mistral nous gifle. La route de Bidon est parcourue en sens inverse de la veille. Nous revivons les instants trop courts de Pâques où, avec l'Équipe du B.G.C. nous rentrions des Gorges de l'Ardèche.

    A Bidon, près de la boîte aux lettres des PTT indiquée par Monsieur CHAIX, nous empruntons la route qui conduit à Saint-Remèze ; quelques lacets nous hissent sur un mamelon où le mistral s'en donne à cœur joie. Nous laissons Saint-Remèze à notre gauche pour passer par le charmant village de Rimourin. Bientôt nous sommes à Saint-Montan, pour la deuxième photo contrôle. Quelle vue ! Installés sur un banc de bois au sortir des Gorges de la Baume, nous ne nous lassons pas de la beauté du site.

    Quelques kilomètres nous conduisent sur la RN 86 où d'autres souvenirs nous assaillent. Quelques jours auparavant, nous étions sur cette même route, sous la pluie, nous dirigeant sur Aiguèze pour le rendez-vous pascal.
Aujourd'hui, le soleil brille, mais le vent de face nous oblige à tourner petit et à lutter âprement pour progresser, Nous arrivons ainsi à Viviers. Là, nous remontons la vallée de l'Escoutay pour Alba, charmant village que domine un château massif. Notre photo contrôle prise, nous regagnons le Teil puis arrivons à Rochmaure. Une petite route nous permet de nous rendre au château pour notre photo contrôle. Quel belvédère ! La vue sur la vallée du Rhône est splendide.

    De nouveau la RN 86 pour Cruas ; photo de l'abside de l'église pour notre contrôle et nous prenons la direction de Privas par la route forestière qui passe à Saint-Vincent. La montée est rude et, à un moment, une rafale de vent nous déséquilibre et nous envoie sur le bas-côté herbeux. Arrivés à Privas, nous nous apprêtons à chercher l'hôtel du Louvre, quand le hasard veut que nous rencontrions Monsieur CHAIX. Celui-ci nous conduit jusqu'à notre demeure d'une nuît où nous sommes parfaitement reçus. Monsieur CHAIX vient ensuite nous prendre avec sa voiture pour nous faire visiter la ville et les environs. Moments agréables que nous n'aurions sans doute pas connus sans lui. Ensuite, notre hôte nous conduit au Domaine de Sagnes où il a tenu que nous soyons ses invités. Là, deux membres du club privadois viendront faire notre connaissance. Que Monsieur CHAIX et sa famille trouve ici l'expression de notre gratitude pour le chaleureux accueil que nous reçûmes.

    Mercredi 17 Avril : Monsieur CHAIX nous accompagne pour ce début de parcours ; c'est tout d'abord la photo contrôle de la Porte Diane de Poitiers à Privas. Ensuite, nous remontons la vallée de l'Ouvèze. Aux Fonts du Pouzin, nous quittons la RN 104 pour monter à Rompon et aux ruines du prieuré du Vieux Rompon. Un chemin caillouteux et fort pentu y conduit. L'aurions-nous trouvé sans Monsieur CHAIX ? De cet endroit, un immense panorama se découvre. A nos pieds, la Drôme vient mêler ses eaux à celles du Rhône. Le vent, lui, est toujours là, insistant. C'est ensuite la Voulte, célèbre par les frères Cambérabéro. Monsieur CHAIX nous quitte pour rejoindre Privas. Nous gagnons Saint-Laurent du Pape et attaquons le col du Rotisson. Endroits magnifiques et tranquilles ; seul le sifflement plaintif du vent qui parfois nous gratifie d'une claque magistrale à quelque détour du chemin. La descente du col se fait ainsi en pédalant. A Saint-Peray, nous prenons la route de Saint-Romain de Lerps pour la photo contrôle. C'est ensuite Toumon où nous hissons le tandem devant la porte du château pour les besoins du contrôle.

    Nous allons maintenant remonter les Gorges du Doux où s'insinue, par des prodiges d'habileté, le petit chemin de fer "Mastraou" ; les vues offertes par ce passage sont inoubliables. Le point culminant atteint, nous redescendons sur Lamastre qui sera notre étape pour ce soir. Nous serons bien accueillis à l'hôtel "Le Provençal".

    Jeudi 18 Avril : Nous visitons le petit bourg puis nous allons faire la photo contrôle au Château de Retourtour. Nous montons ensuite sur Saint-Agrève par une route charmante ; la forêt qui la borde apporte une ombre bienfaisante. A Désaigne, cherchant un film, nous avons la surprise de nous entendre dire que seul le coiffeur du lieu peut nous vendre des pellicules !

    A Saint-Agrève, le ciel est devenu gris et le vent froid m'a fait monter la température. C'est donc bien chaudement habillés que nous nous engageons dans la descente, sur Intres. Au milieu de celle-ci, arrêt pour fixer sur la pellicule du coiffeur notre contrôle qui est le viaduc courbe situé en amont du village d'Intres. Un bruit à l'arrière nous laisse penser qu'un rayon vient de rendre l'âme. Après échange de celui-ci à Saint-Julien de Boutière, nous reprenons l'ascension pour atteindre Fay-sur-Lignon. A mi-côte, le ciel devenu de plomb crève et un rideau de neige fine poussé par le vent vient nous envelopper.

    A Fay-sur-Lignon, sur la grande place, la Grande Croix, objet de notre contrôle est bien ancrée au sol par ses tirants. La neige tourbillonne sur ce grand espace et nous allons nous réchauffer quelques instants devant une tasse de thé. Il nous faut monter encore pour atteindre le haut plateau à 1400 m. La neige a cessé de tomber. Le paysage est magnifique. Le Mont Mezenc laisse accroché à ses flancs de grands névés. Nous redescendons quelque peu et une petite route étroite nous remonte au carrefour avec la route qui mène au Mont Gerbier-de-Jonc. Nous avions prévu d'y aller, mais le froid est tel que nous l'enlevons de notre programme. Dans le creux, à gauche, apparaissent les ruines de la Chartreuse de Bonnefoy. Le soleil est revenu, mais il n'arrive pas à chasser le froid. Notre photo faite, nous essayons de nous remettre en selle ; la pente est si raide que nous faisons quelques centaines de mètres à pied. Nous sommes sur un versant Nord et de grandes congères de neige empiètent sur la chaussée. Bientôt, nous dévalons sur le Béage. Il est tôt, mais nous décidons de faire étape en ce lieu.

    Vendredi 19 Avril : Le soleil brille mais la température est basse. Ce matin, il y avait de la glace aux vitres de notre chambre. Aussi, bien à l'abri sous l'anorak, nous glissons sur Issarles. Le lac étincelle sous le ciel bleu. Le vent a disparu. Nous cyclons, heureux. Deux bosses sèches passées, nous voici auprès d'un autre lac, artificiel cette fois-ci : le barrage de la Palisse. Voici Saint-Cirgues où nous allons enfermer dans la boîte à photos, le clocher contrôle. Puis Mazan l'Abbaye où de belles ruines attirent notre regard. Ensuite, vient une forêt de sapins comme l'on en rencontre peu, arbres centenaires, majestueux. Nous voici au col de la Chavade, puis au col du Pendu et au col de Meyrand. Le paysage défile vite ou lentement selon la volonté de la pesanteur. Il fait chaud.

    A Loubaresse, au contrôle BPF, une maman et son petit garçon nous posent des questions sur l'échelle des cartes Michelin, questions qui ont été posées par l'instituteur. C'est bien volontiers que nous renseignons ceux-ci ; ainsi, chaque tampon sur nos cartes a une histoire. Une descente vertigineuse nous conduit à Saint-Laurent-les-Bains et une montée qui ne l'est pas moins va lentement nous -conduire à Notre-Dame-des-Neiges.

    L'heure avance ; nous continuons notre périple car Monsieur CHAIX doit venir à notre rencontre depuis les Vans. Nous dégringolons les lacets des Fagoux, et c'est vers Sainte-Marguerite que nous rencontrons Monsieur CHAIX. Il nous reste à monter à Thines, vieux village perché sur un pic impressionnant. Quand il découvre celui-ci, le pauvre cycliste se demande comment il va faire pour arriver là-haut. La photo a lieu devant le porche de l'église et c'est la longue descente sur les Vans. Nous ferons étape à l'hôtel des Cévennes. Nous passerons la soirée avec Monsieur CHAIX, à parler vélo.

    Samedi 20  Avril : Nous allons visiter le magasin des Compagnons du Gerboul (paysans ardéchois qui travaillent sur des matériaux d'origine agricole ~ pour la fabrication d'objets). Quittant les Vans, nous traversons les bois de Paiolive. Quelques bosses rudes nous conduisent à Barjac dans le Gard et ce sera l'Aven d'Orgnac, Vallon Pont d'Arc et les Gorges de l'Ardèche où les vues sont saisissantes. De temps à autre, nous apercevons des canoës qui glissent sur les eaux apparemment calmes de la rivière. Notre dernière photo est prise au belvédère de la Madeleine. Il ne nous reste plus qu'à nous laisser descendre jusqu'à Saint-Martin et Aiguèze pour retrouver notre point de départ.

Nous venons de passer cinq jours merveilleux ; nous aurions aimé pouvoir faire ce T.A.O. en sept ou huit jours : il le mérite.

Isabelle et Jean BASTIEN.