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L'étoile Alpine Suisse

Revue N° 13 Page 57

Ce mardi 3 juillet je me trouvais en Suisse à Andermatt. Ce charmant village touristique allait me servir de base pour les trois boucles de l'Etoile Alpine, épreuve de 400 kilomètres avec une dénivelée de 10000 mètres.

Arrivé à 13h.15 en retard sur mes prévisions car le passage en voiture du Susten Pass avait été difficile, neige et verglas. Ça me promettait bien du plaisir pour les trois jours à venir. Installé à l'hôtel Badus dans une belle chambre avec douche. J'y avais trouvé un accueil très courtois que l'on trouve rarement en France. Pour le vélo, j'allais être obligé de le laisser dans la voiture car le garage est ouvert à tous les vents.
A 15 heures je suis allé faire un petit tour de reconnaissance en direction de l'Oberalp Pass, une ascension de 11 km qui ne m'a pas semblé dure car très régulière. Au sommet 2044 mètres, il se met à neiger et, pour redescendre sur Andermatt, ça pince dur. Au centre du village il y a un baromètre qui marque 9°. Pour un mois de juillet il n'y a rien de trop. Pourvu que le temps change car il fait vraiment trop froid pour la pratique du vélo en haute montagne.

Mercredi : départ à 7h. Il fait froid et il tombe du grésil, c'est encourageant. La montée du Saint-Gothard n'est pas trop pénible jusqu'aux pavés de la vieille route car, comme ils sont mouillés, attention à la chute. Cette route pavée qui s'élève dans la brume, bordée par deux hauts murs de neige a quelque chose d'irréel et d'angoissant. Au sommet qui se trouve dans un épais brouillard, après avoir contrôlé, pour descendre sur Airolo, je bifurque sur la nouvelle route "l'autoroute Gothard Strasse" car une descente sur des pavés glissants, très peu pour moi. Les travaux réalisés pour construire cette route sont formidables, certains lacets sont dans le vide, soutenus par d'immenses piliers.

A Airolo où j'arrive gelé pointage de la carte puis direction Nufenen Pass le plus haut col de la région : 2478 mètres. Le temps est toujours aussi maussade et un fort vent du nord se lève que j'aurai de face pendant toute l'ascension qui me parait très longue. Enfin me voilà au sommet pas très frais et il reste la Furka Pass à 2431 mètres. Photos, contrôle et pause casse-croûte. Puis descente sur Ulrichen, un village typiquement suisse aux chalets fleuris, ensuite direction Glestch mais, pour y arriver, il y a 7 km de grimpée avec de fortes rampes. En arrivant sur le village on a une vue sur la Furka Pass et son glacier du Rhône, une vue terrible, l'adversaire va être de taille, je vais souffrir - fausse impression car je monterai plus facilement qu'au Nufenen - il faut dire que le site est grandiose, à gauche le Grimsel Pass étale ses imposantes épingles (menu des prochains jours), devant moi les lacets de la Furka, marches taillées dans l'imposante masse glaciaire et tout en haut le glacier du Rhône aux reflets bleutés. Je suis sidéré par le spectacle, que la montagne est belle et que de beaux souvenirs à emmagasiner. Au sommet il ne me restera qu'à me laisser descendre sur Andermatt pour terminer cette première boucle.
Journée assez dure car il a fait froid et il faut être vêtu comme en hiver ce qui pour monter n'est pas l'idéal.
Jeudi : au départ, il est visible qu'il va faire beau et j'attaque la montée de l'Oberalp Pass qui me semble moins facile que mardi. Au sommet : premier contrôle, un coup d'œil sur les cimes environnantes et je me lance dans la descente sur Disentis pour ensuite escalader le Lukmanier Pass 1916 mètres, un col facile avec d'interminables faux plats et c'est le plongeon sur Biasca, une descente de 41 km pour se retrouver à 300 mètres d'altitude et dire qu'il va falloir remonter à 2108 mètres ! Le vent du nord se lève et il recommence à faire froid. Au pied du Saint-Gothard, je retrouve la route pavée du val Tremola mais cette fois les pavés sont secs et ils passent bien, 15 km de montée, je vais pouvoir m'aligner dans Paris-Roubaix. Cette journée a été plus facile qu'hier, de quoi demain sera t'il fait ?

Vendredi : la journée commence bien, je comptais partir à 5h.30 et je me suis trouvé prisonnier dans l'hôtel jusqu'à 6h.45. J'étais furieux. Du coup la montée de la Furka Pass est passée comme une lettre à la poste. Je retrouve avec la même émotion le site tant admiré mercredi, avec le beau temps en prime. Dans la fraîcheur du matin, de nombreuses marmottes fuyaient devant moi. La descente sur Glestch par contre m'a semblé longue car verglacée et fort dangereuse. Puis c'est la montée du Grimsel Pass (2265 m.), les nombreux lacets passent bien. Au sommet j'admire le lac couvert de glace et les congères de neige où se reflète le soleil. Contrôle et casse-croûte avant de descendre sur Innertkirschen. Des portions de route sont en réfection et ça me retarde quelque peu. Il est 13 heures quand je commence la montée du Susten Pass - 2224 mètres - le dernier col de cette randonnée. Une ascension de 30 km en plein soleil avec une intense circulation et c'est la descente vertigineuse sur Wassen, il ne reste plus qu'à remonter sur Andermatt et la réussite est au bout.

Pour trouver une épreuve aussi belle que celle-ci ça va être difficile. A moins que la randonnée Alpine Léman-Côte d'Azur ? Un rêve s'achève, un autre commence. C'est chouette !

Roland POIVRE

DIJON (21)


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