Tous les deux ans, nos amis, les CYCLOTOURISTES GRENOBLOIS nous ouvrent la porte d'un royaume enchanté : l'Oisans sauvage et secret. Ils n'hésitent pas à nous faire quitter la douceur du macadam pour emprunter les sentiers muletiers, voire même les pistes habituellement réservées aux chamois, bouquetins et autres mammifères connus. Donc, ce 26 juin 1986, le Brevet de Randonneur de l'Oisans empruntait, après le prélude des gorges de la Romanche, la nouvelle route qui désenclave Villard-Reculas. Petite ouverture guillerette caractérisée par une montée chromatique assez " sostenuto ". C'est au Pont des Oulles, lorsqu'on laisse la route du col d'Ornon que les choses sérieuses commencent. Pour atteindre Villard-Raymond, petit village isolé niché sous le col de Solude, il faut aller piano-piano si l'on veut arriver frais. Un faux-plat de 15% agrémenté de quelques tunnels remplis de boue liquide et sans lumière vous obligent à marcher quelque peu (et même beaucoup). Dans la traversée du village, une fontaine communale répand une eau fraîche bien appréciée. On remplit les bidons, on rince les visages ruisselants et, à deux lacets au-dessus, se trouve le col de Solude. Merveille des merveilles, les CTG ont préparé pour les participants un buffet froid où rien ne manque. |
C'est à l'ombre des sapins avec un panorama quatre étoiles sur l'Oisans, les Rousses, la Meije, le bassin de la Romanche, les cimes de Belledonne et des Sept-Laux que nous reprenons des forces. Mon ami Jacques me fait du charme pour que je l'accompagne au col Saint-Jean qui se trouve pas très loin, ni en distance, ni en altitude. Malheureusement, nous ne pouvons l'atteindre car un éboulement de lauzes barre le petit sentier, et raisonnablement nous revenons au col de Solude pour prendre la route du retour par Villard Notre-Dame. Qui a dit " la route " ? tout au plus, une sente étroite descendant dans la forêt, et tout à coup, plus d'arbres, plus de route, des éboulis en pente vertigineuse surplombant la vallée de Bourg d'Oisans. Mes intestins se nouent, le vide m'épouvante. Il faut maintenant porter le vélo, regarder où l'on met ses pieds, choisir des pierres pas trop branlantes, se cramponner où l'on peut. Ils sont fous, ces CTG ! je ferme les yeux et recommande mon âme et mon vélo à Dieu. Quelqu'un a pitié de moi et vient m'aider à franchir ce passage délicat. Ouf ! je retrouve enfin la terre ferme. C'est ainsi que j'ai franchi mon 500e col, et que, si je suis là pour vous le raconter, ce n'était après tout pas si terrible... Janine Combette U.S. St.Égrève |