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Hé Jean, ton café fout le camp !!

Revue N° 16 Page 37a

Ce pourrait être le cri d'alarme de quelque marmotte s'éveillant soudain d'une hibernation insouciante, bien au chaud au sein d'une confrérie toujours plus nombreuse, à la lecture du dernier numéro de la revue.

J'avais prévu, en ce printemps, d'écrire (et de décrire) mes états d'âme à l'approche du seuil capital des 1000 cols. Les grandes lignes étaient déjà là, dans ma tête, sous un titre heureusement plus violent que les propos: "Overdose".

Las, voilà que François, René, Pierrette et Alain m'ont coupé l'herbe sous les pieds en exprimant en des formes diverses leur volonté, en ce qui les concerne, de "calmer le jeu" comme on dit. Oh, il y avait bien eu, de-ci de-là, dans les éditions précédentes, quelques articles épars où des déviants osaient stigmatiser la sacro-sainte "chasse aux cols". Mais, perdus qu'ils étaient dans le flot des récits enthousiastes ou héroïques, ils passaient presque inaperçus et tombaient vite dans l'oubli.

Mais cette année, ce n'est plus une vague, c'est un raz de marée ! Et attention, il ne s'agit pas là de l'expression de quelques cyclos dépités de ne pouvoir atteindre les dernières pages d'une liste à laquelle il ne manque que les chiffres pour être un classement (j'avoue pour ma part avoir commencé, dès l'ouverture de la revue, à compter les noms à rebours pour voir si j'avais atteint mon objectif). Dans d'autres milieux, on n'hésiterait pas à parler de ténors, voire de seigneurs...

Alors Jean, ton café serait-il en train de foutre le camp? Cette merveilleuse potion magique que tu mijotas un jour en gravissant le Luitel et qui devint le viatique de tant de cyclos en France et au-delà même de nos frontières serait-elle en train de passer par dessus bord et noyer ceux dont elle prétendait assouvir la soif de découvrir et se découvrir en se dépassant toujours?

Personnellement, je ne le pense pas. En revanche, je crois de plus en plus fort que la Confrérie des 100 Cols sécrète sa propre sagesse et c'est cela qui est merveilleux. Là encore, point de règle : chacun se retrouve un jour, plus ou moins vite, face à lui-même pour se poser ses bonnes questions. Je me suis souvenu ce printemps de ce cyclo rencontré dans les Corbières qui, à 800 cols passés s'était fixé sa propre règle : maximum 5 nouveaux cols dans la journée.

Certains essaient de différer l'échéance, d'autres ne trouvent pas de réponse à leurs interrogations et ceux qui en trouvent ne trouvent jamais que les leurs. Que certains les livrent en pâture aux autres dans la revue, je trouve que c'est bien. Cela peut aider et témoigne en tout cas de la diversité des perceptions de ces quelque trois mille cyclos qui, au-delà de tout ce qui peut les séparer par ailleurs, sont tous d'accord pour dire : cette Confrérie, je m'y reconnais, j'y reste.

Il est peu de mouvements sportifs qui suscitent une telle adhésion à ce qui n'est rien qu'une idée, à la fois auberge espagnole et œuvre de Pygmalion. Et il se trouvera bien un jour dans la masse des adhérents quelque sociologue qui se passionnera pour ce phénomène qu'est notre Confrérie.

Bernard BRIAND

Cyclo-Randonneurs Chambériens.


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