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Randonneuse Occitane

Revue N° 16 Page 44a

Conçue sous les remparts du Château des Comtes de Poitiers, chez Maître Albert Chiron, grand couturier de la cavalerie cycliste, ma destinée est très particulière. De par ma naissance, je suis héritière de la très grande Alienor d'Aquitaine, qui, suite aux bévues du roi-moine Louis VII, fit de mes ancêtres des sujets anglais. Suprême offense !

Pour rejoindre l'écurie de mon seigneur Jean-Marie (J.M), la première chevauchée nous conduisit à travers la douceur poitevine et charentaise, des célèbres abbayes aux non moins réputées églises romanes (St-Benoît, Ligugé, Le Pin, Gençay, Civray, Charroux), par les vallées intimes du Clain ou plus secrètes de la Vienne, des places fortes de Chauvigny, Lussac les Châteaux et Saint-Germain de Confolens, aux contreforts rugueux du Limousin. Une pensée émouvante à Oradour sur Glane et c'est la capitale de la porcelaine, comme nous l'appelons encore : Limoges.

J.M. est un occitan de souche limousine ayant tous les défauts caractérisant le Gaulois ! Dans sa demeure, je rejoins mes aînées, qui en deux coups de cuillère à pot, m'entretiennent du passé à ce jour. Tout de suite, je comprends de quoi il retourne. Aujourd'hui, après un tour et demi de la terre, (c'est mieux que soixante mille kilomètres) je me rends compte de l'ampleur de la tâche.

J.M. se complaisait dans un cyclotourisme béat, contemplatif, qui, très tôt, l'avait conduit de l'abbaye de Solignac de St-Eloi à celle de St-Martin du Canigou, de Chaius en Limousin (fatal à Richard Cœur de Lion, fils de la duchesse d'Aquitaine) à St-Michel de Frigolet et d'Aigues-Mortes à Fontevrauld (où Alienor repose).

Randonnées moyenâgeuses s'il en est!

J.M. ne rayonnant qu'au sud de la ligne de démarcation huguenote La Rochelle-Genève, ma grande vocation est de le secouer un peu, avec mon "deux mètres cinquante", de lui faire franchir l'entrée haut-perchée du "Club des Cent Cols". D'Hendaye à Cerbère par Aubisque et autre Tourmalet, du lac Leman à la Méditerranée par la chapelle de l'Iseran, et autre forteresse briançonnaise, de l'abbaye de Fontfroide à celle de Maguelone en circuitant d'Aigoual en Mont Lozère, passant par ces cols inconnus dont on oublie le nom, mais pas l'existence, dès que passé...

Du Grand St-Bernard au Pas de Peyrols par les Tours de Carol et du Trophée d'Alexandre de la Turbie, du cirque de Navacelles aux Gorges du Verdon, de la source du Var à celle de l'Hérault par le canal du Midi et St-Guilhem le Désert, après arrêt au pain de sucre du Puy de Dôme, que de splendides panoramas aperçus ou devinés (brouillard sentencieux : toujours à la recherche de l'hypothétique Mont-Blanc !).

J.M. maintenant dans la griserie des cimes, n'a pas l'intention de s'arrêter là : une moitié de la France lui reste à escalader.

Mes tubes vont de nouveau ruisseler de sueur en allant vers les nouvelles conquêtes ! Bonne route !

LA FIDELE MONTURE DE J.M.
BOURDELAS Jean-Marie

Réveil cyclotouriste de Limoges


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