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Autour du Pic du Béal Traversier

Revue N° 16 Page 55

Saint-Crépin (Hautes-Alpes) - 19 septembre 1987. Vu la taille du patelin, j'arrive sans trop de mal à retrouver mon compère : Marc Liaudon. Pour éclairer le lecteur sur les motivations profondes de l'individu susnommé, qu'il me soit permis de mentionner ici quelques intéressantes anagrammes de son nom : "mardi a un col", "col dur a main", "col du Marani", ou encore "aiman col dur". Voilà pourquoi une bonne demi-douzaine de cols sont au programme de ce week-end, tous à plus de 2000, et qui pourtant ne sont pas près de voir passer un jour le Tour de France.

La journée s'annonce radieuse et, malgré l'heure matinale, nous devrons bien vite "débâcher" sur la route qui mène au Villard. Au Villard la route devient piste, caillouteuse mais bonne. Bonne, mais raide, et le 28x28 n'est pas superflu.

De très belles échappées sur l'Oisans, auquel nous tournons le dos, sont prétexte à des arrêts photo fort appréciés car ils permettent de souffler un peu. Peu après Moussière, la pente s'adoucit pendant deux ou trois kilomètres.

Ravitaillement en eau à la cabane du Lauzet, qui sera vraisemblablement le dernier point d'eau de la journée. Peu avant d'arriver au lac du Lauzet, Marc, qui semble parti pour assurer la première place au col du même nom, passe sans voir une pancarte qui indique, sur la gauche, un certain col Saint-Antoine, qui n'est pas mentionné sur ma carte au 25000e . Allons-nous l'ajouter à notre tableau de chasse du jour ?

Comme midi est proche et que le plus dur reste à faire, nous décidons, à regret, de nous en tenir au programme préétabli, en commençant par le col de Moussière, qui se fait en cul-de-sac à partir du lac du Lauzet, le vélo sur l'épaule la plupart du temps. Lorsque nous sommes de retour au lac du Lauzet pour y dévorer une part de nos provisions, il est largement plus de 13 heures et le plus dur reste à faire.

C'est peu après le passage du Col du Lauzet que nous quittons la piste carrossable pour emprunter une trace à flanc de montagne qu'il serait abusif de dénommer sentier. Après quelques hectomètres de portage en montée assez pénible, la trace redescend pour rejoindre le GR541, où le poussage devient beaucoup plus aisé, sur un sentier bien tracé. Une centaine de mètres à regagner et nous voici au Col Garnier.

De là, nous avons une bonne vue d'ensemble de ce qui nous reste à faire aujourd'hui. La vue embrasse tout le large vallon de Furfande, tout en alpages, constellé de petits chalets et granges. Ce paysage très vert, riant même, est inhabituel dans ce massif par ailleurs beaucoup plus aride et caillouteux. C'est dans les éboulis, sur la gauche, que se dessine le sentier qui mène au col Saint-Antoine, dont il a été question tout à l'heure. Cette fois-ci, le détour s'impose, le col étant plus rapidement accessible par ce côté-ci.

Coupant sur la gauche à travers prés, nous limitons la perte d'altitude. Ce faisant, nous passons à proximité de plusieurs sources qui n'existent apparemment que sur notre carte : en cette saison, et dans cette région, mieux vaut ne pas trop compter sur ce type de point d'eau. Il nous faut tout de même remonter de deux cent mètres, en poussant et portant dans les cailloux avant d'atteindre la pancarte qui marque le sommet du col.

Hommes et machines posent devant la pancarte, pour une photo que nous ne manquerons pas d'envoyer à l'ami Rieu, qui pourra ainsi enrichir son prochain additif d'un 05-286a, à 2458 m, que nous coterons sans hésiter S3-4.

Retour sur le sentier principal, qui a le bon goût d'être plat ou presque jusqu'aux premières granges de Furfande. Puis il y a encore 300 mètres à reprendre pour atteindre le col de Furfande, qui est le point culminant de notre itinéraire avec ses 2500 mètres. Nous ne savons malheureusement pas encore que cette ascension est tout à fait facultative et superflue puisque nous repasserons ce col demain.

Pour l'heure, Marc, fort judicieusement équipé d'un sac à dos, ne me semble guère à la peine. Moi qui suis parti, par habitude, avec deux sacoches, je peine un peu plus lorsqu'il s'agit de porter.

En arrivant au col, nous découvrons une belle piste qui redescend sur Arvieux, ainsi qu'un parking, garni de quelques voitures qui nous explique la présence de si nombreux campeurs du côté des chalets de Furfande. L'existence de la piste nous fait renoncer à notre projet initial de descente par le col de la Lauze. Nous pourrions même plonger immédiatement sur Arvieux.

Mais la nuit approche, et le refuge de Furfande, à nos pieds, n'est pas bien loin. Et nous irons quand même faire le col de la Lauze, en cul de sac, demain matin.

20 Septembre 1987 - Refuge de Furfande. Une fois n'est pas coutume, je regrette que le col de la Lauze ne soit pas plus haut. Car il nous faudra remonter tout ce que nous sommes en train de descendre, en cyclant parfois, bien que ce soit un peu acrobatique.

Le sentier du col de Furfande est nettement plus raide en montée qu'hier soir à la descente. Heureusement, nos sacs ont été fortement allégés par nos casses-croûte successifs depuis hier.

Nous devons donc nous ravitailler à Arvieux, après être redescendu de près de mille mètres, par une piste parfois bien raide, pour le piètre descendeur que je suis.

On retrouve alors avec plaisir le bitume de cette bonne vieille route de l'Izoard. Pas pour longtemps, puisque nous obliquons à gauche à Brunissard, en direction des chalets de l'Eychaillon. Dans la montée, un bien curieux pré, sorte de terrain de foot triangulaire, offre une note de vert et de fraîcheur, contrastant avec les pierriers environnants. Dernier détour, en vue des chalets de Clapeyto, pour ajouter à notre liste un nouveau Collet, qui s'avère un superbe coin pique-nique. Dernière difficulté du parcours, la montée vers le col des Ayes nous réserve un nouveau point de vue sur le Queyras, avec cette fois-ci le Viso en point de mire. On en profite pour repérer les cols qui pourraient faire l'objet d'une prochaine balade.

Brûlant mes dernières cartouches dans l'ascension, je parviens enfin à distancer quelque peu mon petit camarade. Il est vrai que je serai beaucoup moins fringant sur le parcours routier final qui nous ramènera de Villard-Saint-Pancrace à Saint-Crépin.

Une fois n'est pas coutume, l'étape se termine à 18 heures alors qu'il fait encore grand jour !

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