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LES " CYCLOS PURS "...

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Je t'ai maté, ô grand Ventoux
En l'an trentième de mon âge
Certes, j'avais mal aux genoux,
La figure et le front en nage,
Mais je dois à mes seuls mollets
En mon quarante deux - vingt trois
D'avoir grimpé, sauvage et fier
Sans avoir mis le pied à terre
Jusqu'à la cime dépouillée
Où j'arrivais ivre de joie

Ah, si ma mère m'avait vu
Elle ne m'aurait pas reconnu
Le corps inondé de sueur,
Elle aurait crié : "Quel malheur !"
Et : "Que c'est triste, que c'est triste
D'avoir un fils cyclotouriste
Qui s'épuise à grimper au ciel
Au prix d'un effort démentiel
Pour cueillir la gloire éphémère,
N'as-tu pas pitié de ta mère ?"

Mais c'est notre forte nature
A nous autres, les " cyclos purs"
Qui nous fait arriver là-haut
Sans qu'on nous pousse dans le dos;
Grimper les plus fortes pentes,
Raser le gouffre qui nous hante,
Supporter les pires chaleurs
Pour mériter le seul bonheur
D'obtenir vaille que vaille
Un brevet ou une médaille.

Sans parler du cœur et des jambes
Indispensables pour bien pédaler
Elle m'a tout donné avec aussi la liberté
Et la joie de rouler malgré le souci
Qu'elle s'est toujours fait de me savoir sur les routes
Je ne suis et ne serais toujours
Que son diablotin de petit Paulou

Arsène Maulave


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