Une des choses que m'a fait découvrir et aimer le CCC, ce sont les cartes. En effet, ces documents dont quelques rares exemplaires moisissaient tranquillement au font de la boîte à gants de ma voiture avant mon entrée au club, sont depuis devenus l'objet d'une vénération, voire d'une passion. J'ai commencé par m'intéresser aux "Michelin" et à rechercher les synonymes de cols. Puis, bien sûr, je me suis mis aux IGN 1/100.000e où l'on trouve déjà pas mal de cols muletiers. Cela ne suffisant pas et dans un souci d'exhaustivité, je suis passé au repérage des cols à l'aide de la "Bible" Chauvot ; rien de plus agaçant, en effet, que, après avoir grimpé un col de la Gueulaz (1960m, Suisse), qui ma foi se défend fort bien, rien de plus agaçant donc, que de rentrer chez soi et se rendre compte qu'il y avait, un kilomètre plus loin et au même niveau, un col du Passet qui ne demandait qu'à être... passé! Mais ce que j'adore maintenant par-dessus tout, ce sont les IGN série bleue au 1/25.000e, le summum étant la collection "TOP 25" avec son superbe papier. Ah! les soirées passées devant ces cartes à élaborer des itinéraires routiers ou muletiers tous plus connus les uns que les autres ! J'en suis même venu à apprécier les vieilles cartes. C'est ainsi que chez mes parents, je découvrais des "Michelin" datant d'une trentaine d'année, au graphisme désuet et charmant. La route du col du Pendu n'était même pas mentionnée sur la N°76 (Ardèche). Par contre, à ma grande surprise, on voyait au milieu du plateau du Coiron un col Saint Martin (705m) non répertorié sur le Chauvot et ses différents additifs (et non retrouvé sur l'édition actuelle de la Michelin N°76). J'en parlais à l'homme de la situation (René Poty), qui ne fut pas autrement surpris puisqu'il avait inscrit ce col Saint Martin sur la propre liste de cols franchis! En effet, ce col apparaissait sur une liste de cols routiers diffusée par le CCC il y a quelques années... N'étant pas mentionné sur les IGN 1/25.000e, il n'avait pas été repris sur le Chauvot... Réintégré par René Poty dans l'additif N°9 (07.65a, 723m), le col Saint Martin ressuscitait donc ! Les puristes diront: "Il est plat". En effet, les derniers kilomètres des accès sud-est et nord-est sont à 1 % et les abords nord-ouest et sud-ouest sont en descente ! On comprend que le terme col soit un peu abusif. Mais un col est un col et il faut bien quelques cols Saint Martin pour meubler nos listes ! Et puis la croix sommitale est si jolie ! |
En fait, je voulais surtout porter à l'attention des confrères que cette "résurrection", associée à la réfection recente de la chaussée entre le col du Bénas et le col de l'Escrinet finissait par donner une ligne de crête des plus intéressantes. Qu'on en juge: si l'on traverse l'Ardèche par son épine dorsale à partir du col de Fontenelle (703m) jusqu'au col du Pranlet (1363m), on passe successivement par le col Saint Martin, le col du Bénas, le coulet de la Soulière, le col de l'Escrinet, le col de Sarrasset, le col de la Fayolle, le col de Quatre Vios, le col de Mézilhac, auxquels on aurait tort de ne pas ajouter, moyennant deux petits aller-retour de 2,5 Km chacun, le col de l'Arénier et le goulet de Peyrilhe, soit douze cols en 49 Km et 1043 mètres d'ascension, (les amateurs de muletades pouvant même compléter avec le goulet de Malpertus qui "coûte" un aller-retour de 4,5 Km sur chemins et sentiers avec 110 mètres d'ascension), le tout dans un cadre volcanique magnifique où, comme dit le poète, on oscille de l'Ardèche au beurre à l'Ardèche à l'huile... Je suggère la randonnée suivante: départ d'Aubenas, grimpée du col de Fontenelle, route des crêtes ardéchoises, puis poursuivre par une route "presque plate" jusqu'aux Estables en passant par le Gerbier de joncs, et terminer par l'ascension du col de la Croix de Boutières (1508m), plus haut col ardéchois, puis celle du col de la Croix de Peccata (1570m), plus haut col de la Haute Loire, ce qui ne saurait que réjouir Marie-Elodie Collandre Tarreyres, soit 115 Km et 2100m de dénivelée (un demi BCMF). Et pour le retour? Eh bien, on peut élaborer un trajet de retour à Aubenas avec 8 cols en 110 Km et 1300m d'ascension (un autre demi-BCMF, à quand le BCMF du Bas-Vivarais ?), ce qui sous-entend une randonnée sur deux jours avec un hébergement sur le plateau ardéchois. Mais pour ceci, à vous de jouer! A vos cartes et à cet été sur la route des crêtes ardéchoises ! Bernard Pomel, N°3094 Saint Didier (Ardèche) |