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Rencontres inattendues sur la route des cimes

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Montgenèvre, jeudi 25 juillet, huit heures. Joël, mon pote de Châteauroux et moi, attaquons le point d'orgue de nos randonnées cyclotouristes de 1991 : Suse Sestrières par la route des crêtes !

La plongée vers la cité italienne est à peine commencée depuis 500 m que nous dépassons un cyclo attiré lui aussi par ce versant piémontais. Coup d'œil, signe amical et puis, soudain, demi-tour ! Ce gars là, je l'ai déjà vu ! C'est sûr ! Mais où ?

Lui doit plutôt être étonné, il doit croire que j'ai besoin d'un tuyau ou...d'un rayon. Manifestement, je ne lui rappelle aucun souvenir. Et pourtant, moi, je connais sa tête.
Soudain, c'est le déclic ! Je sais ! C'était il y a une dizaine de jours auparavant... avec nos vélos, bien sûr, mais à la main. C'était à Paris, à la gare de Lyon. Nous patientions en attendant le train de Clermont-Ferrand, un train fort précieux pour nous cyclos puisqu'il avait un fourgon prévu pour le transport de nos vélos (le cas est si rare qu'il mérite d'être souligné).

Ce jour là, Francis et moi, n'avions échangé que des propos fort anodins. Jamais je n'aurais imaginé que nous avions un objectif commun pour nos vacances. Pourtant, nous avions fait 400 km dans le même compartiment, mais lui, côté fenêtre, moi, côté couloir. Finalement, nous nous étions salués une dernière fois sur le quai à Clermont, lui, retrouvant un ami venu l'attendre, moi, refixant les sacoches sur les porte-bagages.
Et voilà que les hasards de la route nous remettaient en présence l'un de l'autre à 500 km de là 10 jours plus tard, avec le même but : la fameuse route militaire italienne qui, de Suse à Sestrières, égrène ses 8 cols à plus 2000 m, dans un décor grandiose et sauvage.

Ce jour-là donc, ce furent 3 Français qui partirent en galère de conserve. Et quelle galère ! Pour ceux qu'elle pourrait intéresser, qu'ils sachent qu'il nous a fallu une dizaine d'heures pour faire 45 km. Drôle de moyenne n'est-ce pas ?

Il doit y avoir un truc ! Oh ! Oui et même plusieurs ! D'abord les cailloux, les cailloux, encore les cailloux. Quelle route ! Du sommet de la Finestre jusqu'à Sestrières, ce fut pire que Paris Roubaix. Mais quel paysage ! Nous dominions les vallées ! Un vrai désert aussi ! Pas un chat, mais aussi pas un arbre, pour arrêter un vent fou, qui soufflait, vous l'avez deviné, de face.

Combien de fois, ai-je cru crever, déchirer un pneu. Frayeurs inutiles ! A l'arrivée, un examen minutieux m'a obligé à me rendre à l'évidence, les cailloux n'avaient agressé que mon postérieur et mes poignets...

Bruno FRILLEY

Amicale Cyclo Sénart - 91 Montgeron


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