Encyclopédie

La saison s'achève. Les premiers froids sont là et papy s'installe au chaud pour la mise à jour annuelle de ses nouveaux cols franchis au cours de l'année. A chaque nom couché sur le papier se greffe une image, fruit des souvenirs accumulés sur le vélo au cours des derniers mois. C'en devient un vrai capharnaüm. Je vous les livre tels que papy m'en a fait part et les a vus défiler. Vous verrez que le mot col le rend bizarre. C'est ainsi qu'il m'a dit:

Cette année, je n'ai pas eu besoin de COLa comme adjuvant. Par contre en août, en Italie, le Palade fut un COLamineur. Pour résister à mes coups de fatigue, j'aurais dû faire des réserves de fruits secs comme le COLapte. J'ai vu de magnifiques COLarins en nombre, abbayes où des moines chantaient COLas. Je n'ai pas pu me rouler dans la luzerne atteinte de COLaspidème. J'ai admiré l'ingéniosité des COLateurs des rizières du Milanais. J'aurais aimé aller à CoLatina, mais la COLatitude était trop compliquée à calculer. Et puis, pour boire en ce pays, il m'aurait fallu faire usage d'une COLature donc je n'ai pas de regret. J'ai adopté le casque, après l'essai de nombreux modèles, craignant d'avoir l'air de porter un COLback. A Toulon, j'ai eu l'honneur de visiter l'arsenal créé par COLbert. D'ailleurs ce voyage avait pour but d'échapper au COLbertisme d'un COLlègue de travail, mais il m'a permis de connaître les COLS bleus lesquels m'offrirent un repas COL-canto.

J'aurais voulu voir aussi COLchagua ou C'OLchester. En montagne, j'ai photographié les COLchicées dont on extrait la COLchicine. Ls savants l'appellent COLchicum: ils se compliquent la vie. J'ai commencé à me renseigner pour aller en COLchide, pays de la Toison d'Or. Il paraît que les plus belles COLchiques sont là-bas, mais il paraît aussi qu'une usine fabriquant du COLcothar pollue tout.

J'ai décidé cette année de ne plus me raser lors de mes raids, car le COLd-cream est trop encombrant. J'ai fait étape à COLdrerio, en Suisse, où, le soir, en me promenant au bord du lac, je pus voir pour la première fois des COLeanthus. Visant un voyage en Inde, je me suis plongé quelques jours dans le dictionnaire sanscrit de COLebrooke.

J'ai eu du souci avec un membre de la famille ayant à subir une COLectomie.

Au Luitel, c'est comme si j'avais reçu la COLée du Grand Maître Dusseau. D'ailleurs j'envisage de le faire COLégataire de mes œuvres cyclo.

La Méditerranée devient verte à cause d'un COLéchaete. Espérons qu'on pourra sauver notre Mare Nostrum. Le problème est que dans nos décideurs, il y a trop de COLéoni. Que les vergers de la vallée du Rhône soient eux aussi sauvés des COLéophores et autres COLéoptères. Il faudrait que les arbres puissent produire un COLéoptile pour se protéger.

Encore un souci de santé. Avec une amie victime d'une COLéoptose. Un paysan m'a expliqué la COLéorhize du blé, alors qu'un bûcheron m'a parlé du COLéosporium et un biologiste du COLeps. J'ai rencontré un Irlandais de COLeraine qui m'a mis en COLère avec son intransigeance religieuse. A croire qu'il pêche ses argument avec un COLeret.

Pourtant il paraît que je ne suis pas COLéreux. Cet Irlandais a dû lire COLeridge qui, lui, était COLérique. J'aurais préféré qu'il fut lecteur de Louis COLet ou de notre grande COLette.

J'ai été merveilleusement hébergé pour une nuit par des COLlétines. Au matin, le parfum des COLeus embaumait ma chambre, et sur ces fleurs voletaient quelques COLias. C'était aussi beau à regarder qu'une COLiade.

A ce stade, j'interromps papy, car je commence à perdre mon latin. Devant mon incompréhension, il m'explique que son langage n'est pas si hermétique et que j'ai juste à prendre une encyclopédie et au mot col, suivre l'ordre alphabétique pour comprendre son discours. Et ça marche, mais il faut reconnaître que le bougre est tellement obnubilé par ses cols qu'il est devenu une encycolpédie.

B. VIEILLARD N°1355

La Lechére (Savoie)