La voiture étant sûrement une étape remarquable du savoir-faire de notre civilisation, elle reste malheureusement une réelle catastrophe pour l'homme.... pour l'animal aussi.... et les seuls plaisirs qu'elle semblerait surtout développer, s'appellent possession, puissance, peut-être confort aussi, mais à quel prix fort ! En effet : "depuis 15 ans, 60% des investissements publics lui sont consacrés au détriment des autres modes de transport et pourtant la route revient 6 fois plus cher en énergie et pollue 10 fois plus que le train, par exemple. D'après les expertises, son coût annuel pour la collectivité atteint 120 milliards de francs pour les dégâts matériels et corporels, 40 milliards pour les effets de la pollution, 20 milliards pour le bruit, .... et la dégradation des espaces n'est pas chiffrée !" ("Ça m'intéresse", octobre 95) Le stress quotidien non plus !! Pourtant, malgré toutes ces constatations inquiétantes, nous ne sommes pas prêts d'abandonner cet ensemble "autos-routes" qui s'appuie sur des mythes bien tenaces, mais qui, au coeur d'une spirale économique quasi incontrôlable, nous entraînera sans nul doute vers un saccage technologique des ... secrets de la nature ! Vers une mutation de nos gènes pour le " tout auto" simultanément ! Et, quand les espaces dits naturels seront entièrement colonisés, quand nos pulsions auront peut-être perdu tout leur naturel aussi, où trouverons-nous des terrains d'expression pour nos sentiments inconsciemment falsifiés par ce monde de techniques aux limites sans cesse repoussées ? Pour l'heure, il est encore temps et même possible, du moins en période de vacances ou en moment de loisirs, d'abandonner les contraintes motorisées et les servitudes de société pour s'échapper, à pied, à vélo ou à ski vers des lieux qui ont encore su garder une âme, malgré tout et envers tout.... .... vers la région du Haut-Languedoc par exemple. Ainsi, cet été, au milieu du crissement des cigales, souvent entre des buissons de chênes verts, mais bien campés sur nos montures à deux roues car tirant matériel de couchage et ... chien, nous avions décidé, Géraldine et moi-même, de pénétrer cette région à la recherche du pittoresque,... et peut-être bien de l'au-delà. |
Et là, guidés par ce besoin constant de propulser nos vélos vers des passages obligés appelés " cols", dix jours durant nous allions presque au hasard, nous abandonnant à ces merveilleuses routes de montagne et de forêt qui donnaient souvent l'impression de conduire au bout du monde ! 70 noms allongeaient alors notre liste déjà impressionnante, des cols gravis à bicyclette depuis quelques années ( 567 dont 64 à plus de 2000 m d'altitude) confirmant que le département de l'Hérault n'est pas vraiment pour des visiteurs pressés ! Sur la carte, nous ne choisissions que des routes vicinales, ces routes les plus ignorées par le touriste commun, ces routes presque désertes ( eh oui, ça existe encore !) qui mettent en communication des villages ou des hameaux infimes, perdus à flanc de montagne, presque inhabités, mais bien à l'abri des regards. Avec quel bonheur roulions-nous alors sur ces chemins tout en virages que dominent des paysages ô combien sauvages, où alternent arêtes rocheuses parfois piquées de châteaux en ruines, et larges vues vers les Monts d'Orb, de l'Escandorgue, de l'Espinouse et du Somail... ! Là... nous avons profondément sympathisé avec une terre et pu imaginer intensément le rude passé de ses habitants... comme nous avons cru percevoir la vie bruissante qui animait jadis ces ruines et ces villages retranchés en montagne ! Là... nous avons approché des panoramas magnifiques, aux tons pastels, devant lesquels l'appareil photo ne résistait pas bien longtemps ! Enfin, là ... nous avons apprécié la solitude ou même l'isolement .... pour vivre à deux des moments de tendresse et de communication intenses ! Et je n'oublierai pas la complicité de tous les instants éprouvée avec Jordy, notre boarder collie, alors âgé de neuf mois... et lui, d'avoir découvert, du fond de sa remorque, les mille et une facettes d'un voyage à bicyclette ! Puissions-nous encore longtemps aller à la rencontre de ces lieux qui ont encore une âme et un passé, de ces lieux qui ont résisté à... ou tout simplement été épargnés par l'agression humaine, afin d'éveiller et d'entretenir en nous des sentiments un peu moins technologiques ! Michel HELMBACHER N°1486 de ROSHEIM (Bas-Rhin) |