Par son article (page 21 de notre revue n°24 de 1996), Jean-Paul Cattin a mis le doigt là où ça aurait pu faire mal... La question était : "Comment certains arrivent-ils à franchir deux à trois cents cols tous les ans ?... Somme toute : Y a t'il tromperie sur leurs résultats ? Me sentant concerné (376 cols nouveaux en 93, 256 en 94, 352 en 95), j'ai envoyé une lettre à Jean-Paul en lui détaillant exactement mon programme pour 95... Il m'a téléphoné "par retour", nous avons longuement discuté et il a convenu que cela s'avèrait possible... Pour les autres qui seraient quelque peu dubitatifs à ce sujet, voici les grandes lignes de mes programmes annuels... Bien que je n'ai franchi qu'un peu plus de 200 cols en 96, je vous fais grâce des détails ici-même mais tiens mon planning à la disposition de qui me le demandera. 1°) Autant pour mon travail que pour mes loisirs, je me déplace beaucoup (45 à 50000 km en auto par an), avec mon vélo ou mon VTT en permanence dans le coffre... Je ne sais pas faire un long parcours sans m'arrêter dans un coin pour faire un ou deux cols !!! 2°) En fonction de mes pérégrinations, je "prépare le terrain"... Repérages des cols routiers grâce au Catalogue édité par notre Confrérie (pour le VTT, le Guide Chauvot me facilite bien la tâche)... Je me fais un circuit avec un kilométrage variable (selon la difficulté et le temps qui m'est imparti), en mettant le plus de cols possible sur la distance. 3°) Je roule été comme hiver (on ne fait pas 17 ou 18000 km en vélo par an en ne sortant qu'aux beaux jours), sacrifiant mes repas du midi au bénéfice d'un col ou deux (je grignote sur le vélo et me rattrape le soir)... Lorsqu'il fait froid, je fais en sorte de laisser la voiture en haut d'un col de façon à pouvoir me changer "au chaud" en rentrant de ma randonnée. 4°) Chaque week-end (ou presque) et toutes les vacances sont consacrées à la recherche de nouveaux cols... J'ai ainsi écumé tous les cols routiers des Pyrénées, de l'Aude, de l'Hérault, des Bouches du Rhône, du Tarn, de la Moselle, pour ne citer que les principaux... Certains massifs (Esterel, Corbières, Vosges, Corse, Pays Basque Espagnol, Cévennes) sont de véritables "nids de cols"... Et encore heureux que je n'ai franchi mon premier col... qu'en 1984 !!! Alors, vous voyez qu'à l'impossible, nul n'est tenu... Oui, je sais, il faut faire abstraction de toute autre distraction, de tout autre sport, pour mener à bien sa Conquête du Graal, mais quelle satisfaction à chaque nouveau col franchi de chanter comme Sheila "le col est fini, le col est fini !!!"... Le plus difficile, dans l'histoire, est peut être l'élaboration annuelle de la liste et de la demande d'homologations de cols envoyée à René Poty... Mais même quand on aime, nous on compte ! |
Pour terminer, étant un peu écolo, beaucoup solo (j'aime la montagne seul, j'avoue!), j'essaie de me fondre dans le paysage pour y côtoyer rapaces, isards et marmottes... Et pour ce faire il m'a fallu effectuer nombre de transformations pour franchir certains sites... Pire que Fragoli... Il m'a fallu être oenologue... dans le col de Bacchus (26), devenir propriétaire... dans le col des Trois Termes (84), être vêtu de bleu, de blanc et de rouge... dans le col des Français (57), garder les seaux (ou l'esso)... dans le col de la Justice (07), éviter le coup de gueule... dans le col du Lion (26), me déguiser en Père Noël... dans le col de la Cheminée (01) , m'afficher à la une... dans le col des Journaux (88), me mettre au café dans le col Legal (15), être noctambule... dans le col de la Régine (66), être évanescent... dans le col du Paradis (11) - Evanescent Paradis, bien sûr - , être honni des 3 Suisses... dans le col de la Redoute (66), gagner le prix Cognac-Jay... dans le col des Sept Frères (11), faire un tabac... dans le col du Cendrier (01), mettre le pressing pour me détacher... dans le Collet du linge (88), coincer la bulle... dans le col Perrier (83), me regarder dans la glace... dans le col de l'Ange (13) et le col du Bel Homme (83), faire en sorte que l'inspecteur Colombo file... dans le col du Pigeonnier (67), me retrouver au goulag... dans le col de la Sibérie (69) - que je croyais entre la Faucille et Morteau ! -, écouter les comiques pieds-noirs... dans les cols du Bedos et du Castel (11), appréhender la fonte des neiges... dans le col du Bonhomme (68), jouer la Bête Humaine... dans le col de la Machine (26), m'initier à la Force Basque... dans le col de la Pierre Levée (30), faire une prière... dans le col de l'Homme Mort (34), reprendre mes études... dans le col du Bac (34), ouvrir une boucherie... dans les cols des Viandes (82), des Veaux (64), de Bouchère (65) ou la Baisse de la Grosse Vache (83), être mendiant dans les cols du Figuier (66), du Dattier (83) ou du Cerisier (64), braconner... dans tous les Collets, avoir du cran... dans le col de la Coupe (65), me raser... dans le col de la Belle Barbe (83), me faire des cheveux... dans le col des Brosses (69), grimper d'un échelon... dans le col de l'Echelle (05), fredonner "Le Poinçon neur des lilas"... dans le col du Portillon (31), être éteint... dans le col du Chandelier (11), passer comme une lettre à la poste... dans le col du Télégraphe (73), etc... Et comme vous le voyez, je n'ai même pas eu la force de m'occuper du col de l'Utérus (69)... On ne peut pas être partout !!! Raymond COCHET N°2765 de PAU (Pyrénées-Atlantiques) |