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L'Ile de Madère

Revue N° 26 Page 53

Mes amis viennent de prendre l'avion sur l'aéroport de Santa-Cruz, au bord de l'Océan Atlantique... Ils rentrent tous plein nord : Lisbonne (1000 km) puis Paris, glacé parait-il...

Dix superbes journées organisées par notre guide accompagnateur Louis Delavault (Cent Col N° 172) à l'occasion de la première découverte de " l'Ile de Madère à VTT". Bien des moments croustillants, surprenants, inattendus, exceptionnels. Comme cette montée au Pico Do Arièro 1818 m, près du point culminant de l'Ile : le Pico Ruivo 1862 m, à-pic au-dessus de l'Océan Atlantique l'entourant de toutes parts.

Départ du port de Funchal "Founchalle", capitale de l'île. Montée à l'extraordinaire col (le plus élevé de l'île) Boca do Poiso 1400 m. Grimpée au soleil dans une immense forêt d'eucalyptus géants, suivie d'une importante forêt de chênes aux divines couleurs cuivrées automnales. Teintes chaudes, limpidité extrême de l'air. J'aperçois au loin la Ponta de Sao Lourenço déchirée par un violent orage où les éclairs zèbrent le ciel. Le Pico do Arièro, tout près, juste au dessus, se détache, lui, sur un ciel bleu intense. J'y scrute l'horizon ; malheureusement on n'aperçoit pas, ni les Iles Canaries (300 km), ni les côtes africaines du sud Maroc (environ 500 km).

Nous avons parcouru de nombreuses Lévadas , ces rigoles construites au fil des siècles (un travail nécessaire mais inimaginable en Europe) pour amener l'eau loin, très loin aux petites exploitations accrochées à la montagne. Certaines Lévadas sont aménagées d'un petit sentier d'entretien. Régal des promeneurs à pieds mais aussi à VTT. Il fallait certaines fois être très prudents en raison de passages impressionnants. L'une des plus belles et la plus longue de toutes fut la Lévada da Serra do Faial (24 km d'émerveillement) . Elle passait près du Portella da Camacha - 682 m, détour offrant un panorama divin sur les Ilas Salvagens (Iles sauvages) tout en bas, baignées de soleil matinal. Avec, en final au point bas, le Portella da Cruz - 590 m, à-pic au dessus du petit port de pêcheurs de Porto da Cruz.

L'Ile de Madère ? si la Corse est une "montagne dans la mer", Madère c'est "un pic dans la mer". Aujourd'hui, j'ai décidé d'en découdre avec la haute montagne de l'île ; départ du port de Fonchal (une pure merveille). J'arrive très vite au petit port de pêcheurs de Cârama de Lobos ; Site exceptionnel dominé par le Cabo Girao, une falaise tombant de 600 m à-pic dans l'Océan. Ce serait la plus haute falaise maritime du monde ! Sir Winston Churchill aimait beaucoup peindre ce prodigieux spectacle, dans les années cinquante. La route s'élève brusquement, par d'innombrables lacets à travers bananeraies, orangeraies, caféiers.
A Corticeiras - 800 m, le goudron disparaît, la civilisation aussi. Une minuscule petite route pavée lui succède : état superbe, tout l'opposé de notre "Enfer du Nord". Elle serpente au milieu d'une divine châtaigneraie, aux couleurs automnales mises en valeur par les rayons du soleil. La pente devient démente : attention ! c'est très courant dans l'île. Les amateurs de sensations fortes y ont leur paradis. Les amateurs de pourcentages calmes, s'abstenir !

J'arrive au Boca da Corrida - 1196 m. Pour y arriver, je vous garantis que c'est la corrida... Panorama grandiose sur le Curral das Freiras. C'est un vaste cirque de montagnes au coeur de l'île. Il est là, juste à mes pieds. Un petit sentier continue, jouant sur une ligne de falaises.. Hum ! Soudain des nuages noirs surgissent, l'horizon s'assombrit. Après un départ très inquiétant du Boca da Corrida, bouché, noir, pluies diluviennes sur les pics juste de l'autre côté du Curral das Freiras, court portage.

Arrivée sous une divine éclaircie surprise au Boca dos Corgos - 1206 m. Soleil généreux, brise douce, panorama paradisiaque. Au loin, tout en bas, inondé de soleil, l'Océan Atlantique. A gauche, le Boca dos Namorados - 1035 m (col des amoureux). Face à moi l'Eira do Serrado - 1100 m. Fabuleux col : peut être le plus extraordinaire endroit de l'île. La divine éclaircie surprise est toujours là. Sur la crête, je galope (non ! trotte, fonce!) jusqu'au Paso de Ares - 1248 m. Vision très nette du Boca da Encumeada où me conduit le sentier. Il est là-bas, très loin... De l'autre côté, tout en bas et très éloignée, j'aperçois Funchal sous des nuages noirs de pluie.. Moi, j'écris mes notes au soleil !

Le sentier devient cyclable (S3-4 --> S1). C'est ainsi, très fier, sur mon VTT, que j'atteins la Boca do Cerro - 1273 m. Le soleil est à présent parti. Mais les panoramas restent divins car la clarté est restée. Je passe sous le Pico Grande - 1657 m, le Pico do Jorge - 1692 m, le Pico do Casado - 1725 m. Quel itinéraire de rêve. Ca y est, les nuages m'assaillent, m'entourent, me noient... La pluie arrive, fraîche à cette altitude. La montagne de lîle de Madère reste cependant extraordinairement belle et mystérieuse. De temps en temps, les nuages s'entrouvent, j'aperçois un à-pic impressionnant à mes pieds, des falaises noires juste en face où jouent des nuages blanc-neige, gris foncé.

Après un long portage, j'atteins la route goudronnée conduisant au Boca da Encuméada - 1007 m. Il est tout près. Juste au dessus. Sous la pluie. ? Vite, je dévale la montagne (sous la pluie) pour atteindre l'Océan Atlantique sous des cieux redevenus radieux. Je rentrerai à Funchal à l'arrivée des premières étoiles...

A bientôt Madère !

Alain MIGOT N°648

d'EYSUS (Pyrénées-Atlantiques)


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