Page 52b Sommaire de la revue N° 30 Page 55

Pico Veleta : toit de l'Europe

Revue N° 30 Page 54

Juillet 2000, je réalise avec un groupe de 6 copains, la liaison LIMOGES-VALENCE ; cinq jours merveilleux, pour 1000 km et une bonne récolte de cols, dont le puerto de la Bonaïgua, culminant à 2072m; de quoi mettre en appétit, quand on rêve de réaliser I'ascension de la plus haute route carrossable d'Europe qui permet, d'atteindre, près de GRENADE, dans la SIERRA NEVADA, après 50 km de montée, le fameux Pico Veleta, haut de ses 3398 mètres.

Cette semaine de randonnée allait nous permettre de découvrir de superbes paysages en empruntant des routes sécurisées et en profitant d'une météo agréable, ciel bleu et température de plus en plus chaude, au fur et à mesure que nous descendions dans le sud de l'Espagne.

La fin de ce périple 2000 allait se terminer à PEDRALBA, où le groupe entendait se refaire une santé, après les efforts consentis ; quelle joie de pouvoir déguster la bière, les tapas locales et quelques plats typiquernent espagnols, comme la zarzuela, sur les conseils judicieux de quelques villageois ; mais hélas, point de Pico Veleta... et pour cause, par rapport à VALENCE, il fallait encore effectuer plus de 600 km de route pour envisager de réaliser la fameuse escalade.

Un nouveau projet allait donc voir le jour : pour Albert, Christian, Pierrot, Claude, Roger et moi-même, la seule façon de gravir le Pico Véleta, consistait à compléter notre LIMOGES-VALENCE, par un VALENCE-GRENADE, en découvrant un peu plus les sierras espagnoles tout en faisant une approche rationnelle du but final de la randonnée. La concrétisation de ce projet allait se faire, sans coup férir, en septembre 2001 ; cinq étapes de 150 km au travers de différentes sierras pour venir tester la SIERRA NEVADA, la veille du grand jour, au puerto de la Ragua, à 2000 mètres d'altitude ; enfin, le grand moment était arrivé...

Curieusement, le temps se dégrade ; c'est un peu l'inquiétude tant la montagne est redoutable par mauvais temps... et puis, le matin du grand jour, la météo affiche grand beau temps ; les vélos sont une demière fois contrôlés et bichonnés, c'est la fièvre ! Les cartes sont une nouvelle fois consultées et notamment le profil du parcours qui fait état de 2700m de dénivelée en 50 km ; pas de doute c'est un véritable col dur ! Nous avons choisi de gravir le géant par son accès le plus difficile ; il n'en restera que plus de souvenirs ! Dès Cenès de Vega, nous sommes dans le vif du sujet en abordant des pentes supérieures à 10 %. Sur le GR 46 ; petite route étroite qui présente des virages en épingle à cheveux, bétonnés et striés pour assurer l'adhérence. La roue avant du vélo a tendance à décoller. C'est galère et inquiétant tant nous sommes encore loin du but. Cette route redevient plus digeste à l'approche du collado de las Sabinas, à 2180 mètres d'altitude. A ce niveau de l'ascension, nous retrouvons la nouvelle voie d'accès qui mène vers la station de montagne, les pourcentages sont acceptables (5 à 7 %) et progressivement nous prenons de l'altitude pour admirer, dans chaque virage, de splendides panoramas. Nous voici maintenant à 2500m d'altitude. La végétation se fait rare, et nous constatons qu'il n'y a plus de circulation automobile ; seul subsiste un ballet de camions, lourdement chargés, qui effectuent des transports de matériaux vers des chantiers d'altitude.
Les dix derniers kilomètres se négocient à 7 % avec des passages supérieurs à 11 %. C'est dur parfois, surtout qu'on n'en voit pas le bout et qu'il y a bientôt trois heures que nous pédalons sans arrêt. Heureusement, jusqu'au sommet, la route est bien goudronnée, du moins jusqu'au col proprement dit. Après, pour accéder au Pico Veleta et à son promontoire, à 3398m, il faut accepter de parcourir environ un kilomètre de piste, mal revêtue à fort pourcentage... le jeu en vaut la chandelle, car de la crête qui surplombe d'une quinzaine de mètres le col, le panorama est tout simplement exceptionnel avec, à proximité immédiate, le Mulhacén, point culminant de l'Espagne à 3482 m.

Il n'est pas question, hélas, de s'attarder ; la température s'est considérablement refroidie et même nos coupe-vent sont un peu justes pour assurer un confort suffisant. De plus, nous constatons que les voitures ne sont pas là pour nous accueillir comme prévu et assurer notre descente tranquillement ; en fait les voitures n'ont pas eu le droit de gravir les onze derniers kilomètres qui constituent une voie privée militaire. Nous sommes heureux de l'apprendre, d'autant que nous sommes maintenant frigorifiés et qu'il nous faut assurer une descente bien pénible.

Quelle joie au final de nous engouffrer dans ces voitures et de grignoter quelques aliments. Les commentaires ne feront finalement état que des satisfactions procurées par cette ascension mythique.

Michel NAU N°2825

de COUZIEX (Haute-Vienne)


Page 52b Sommaire de la revue N° 30 Page 55