13ème journée : Galtür – Hafling Le matin, le temps était splendide, ce qui allait me permettre d’aller maintenant monter les cols de la région. Je commençai par une des deux montées au Zeinisjoch (1842 m) (les deux routes sont revêtues, mais celle-ci est bien plus étroite, plus pentue mais aussi plus jolie). Cette route étroite rejoint une large route à péage (mais pas pour les vélos). Restez bien sur la route jusqu’à ce que vous voyiez ce que montre ma 1ère photo. Je n’ai malheureusement pas eu le temps de prendre la route menant au Verbellner Winterjöchl que l’on voit monter sur la droite. J’avais d’abord pensé y aller puis descendre par la piste de l’autre côté du Bielerhöhe, mais finalement je décidai de rester sur le bitume et revins sur la grande route (ce qui m’a épargné une des portions raides). La montée au Bielerhöhe (2037m) du côté Est est très facile. (Une Française m’a pris en photo en haut). Le temps était splendide et j’étais bien content de ne pas avoir tenté la montée la veille au crépuscule et sous les nuages. Je redescendis sur Galtür et continuai jusqu’à Ischgl, où je m’arrêtai dans le petit village avec tous ses hôtels. Dans une épicerie, je me ravitaillai pour la prochaine escalade et demandai mon chemin, et bien m’en prit. La montée à Idalpe et au Viderjoch est l’une des plus dures des Alpes. Elle démarre par une longue portion avec des pentes à plus de 20 %, et jamais à moins de 18 %. Puis, arrivée à une fontaine bienvenue près d’un téléski, la route est presque plate pendant environ un kilomètre, avant la montée finale de 5 km vers Idalpe par une route bien revêtue en épingles à cheveux, avec une pente encore autour de 20 % et jusqu’à 24 %. Je n’ai pas rencontré de vélos de route, mais des VTTistes, dont certains devaient mettre pied à terre et j’en ai doublé plusieurs en montant. J’ai croisé un VTTiste sur un VTT de descente, imaginez un peu ! En arrivant à la station de ski de Idalpe, il faut prendre la route qui monte et qui continue par une piste en quittant la station à gauche. Il faut continuer pendant 200 m et prendre la route (non indiquée) menant au Viderjoch (on voit toujours où elle mène). Elle n’est pas revêtue mais presque toujours agréable. Il y a cependant quelques courtes rampes proches de 30 %, qu'il faut très probablement passer à pied (mais si vous êtes costaud, il n’y a que 50 m à marcher). La dernière portion avant le Viderjoch est autour de 16% et on doit pouvoir passer avec un braquet de 39-27 à cette altitude de 2700 m. A l’arrivée, je n’ai jamais été tant essoufflé, même lors de séances de home-trainer. A Idalpe, j’ai discuté avec une Française qui a reconnu mon maillot du Club des Cent Cols. Son mari fait partie de la Confrérie mais il était parti à la chasse aux cols. C’est la seule personne à avoir reconnu mon maillot pendant tout mon périple. Au Viderjoch (2737 m), le panorama est splendide et il doit même être encore plus beau en montant assez facilement au Greitspitze (2871 m), au dire d’un couple hollandais qui m’a pris en photo. Mais j’étais bien ici et décidai de ne pas y monter. Je continuai plutôt tout droit devant mon vélo sur la photo. Vous ne voyez pas de route, mais il y en a une ! par une piste qui démarre par une pente moyenne de près de 45 % ! Même marcher était périlleux. Hormis cette rampe initiale et deux autres du même acabit, cette piste qui descend à Compatsch dans la vallée de Samnaun se révéla en fait bien cyclable. Avec un VTT de descente, il doit même être possible de passer les rampes à vélo. En arrivant à la Schihaus Alp Trida (2263 m), il faut prendre la route montant au Tridersattel (2497 m). C’est une piste R1 pas très raide de un à deux km (depuis la cote 2423). Au Tridersattel se trouve une autre station de ski et un restaurant. La vue en contrebas est très agréable (voir photo). Il faut ensuite descendre prudemment jusqu’à Compatsch (1715 m). La piste partant de la Schihaus Alp Trida est souvent autour de 20 %, elle est donc tout juste cyclable avec un vélo de route. Le temps était parfait, il y avait des gens travaillant aux champs. 1-2 km avant Compatsch, la route devient goudronnée. Je déjeunai à Compatsch de très bons sandwiches au fromage du pays avec un yaourt local en prime. |
La petite route avec des tunnels qui reste tout le temps en Suisse est assez dangereuse, avec beaucoup de circulation et plutôt mal revêtue. Le paysage est souvent très agréable et est du même coin que la jolie partie en dessous de Nauders sur la route de Landeck. Avant d’arriver à Martina (1035 m) dans la basse vallée de l’Engadine, la qualité du revêtement s’améliore grandement. Il n’y a presque pas d’habitations en route, et d’ailleurs à peine de place pour la route accrochée désespérément au flanc d’une montagne escarpée. Comme j’allais quitter la Suisse pour cet été, je dépensai mes derniers francs suisses à Martina. Je franchis le pont menant en Autriche et attaquai les lacets montant à Norberthöhe (1406 m), juste au-dessus de Nauders. Je rejoignis alors la route du Reschenpass et passai une nouvelle fois en Italie. Après une nouvelle photo du lac de Reschen, Je repris la grande route de vallée en grandes courbes. Je craignais d’avoir à pédaler d’après ce que j’avais jugé à la montée, mais je pus atteindre 60 km/h tout le temps même en virage. Cette descente se révéla donc bien plus agréable que prévu ! Je m’arrêtai à Prato, d’où part la célèbre montée du Stelvio, pour manger (cette satanée épicerie m’avait déjà laissé un mauvais souvenir en 2000 : des commerçants désagréables, un magasin bondé et mal agencé), mais surtout pour acheter des cartes postales du Stelvio. En quittant Prato, je pris une autre route plus agréable via Tschengls, avec en prime la montée au village par manque de signalisation. De retour sur la grande route à Lasa, je faillis être renversé par un chauffard en voiture de sport alors que passais à travers un rideau d’eau s’échappant d’une canalisation au-dessus de la route, et qui me bouchait la vue. Heureusement il n’y eut pas de mal. Je continuai ma descente dans le Val Venosta que je trouvai plus longue qu’en 2000. Il y a là beaucoup de routes en cul-de-sac intéressantes. Une prochaine fois, j’irai à leur découverte. Il était grand temps de dîner lorsque j’atteignis Merano (302 m) (Je pense avoir quitté la grande route trop tard, mais suis arrivé assez facilement au centre ville). Depuis Naturns, la route est interdite aux cyclistes et il faut donc emprunter des routes heureusement beaucoup moins fréquentées, mais elles sont mal signalées. Alors il faut aller aussi droit que possible et ça marche. Certaines portions sont pavées, certaines sont très étroites et il faut franchir plusieurs ponts. N’ayant pas trouvé d’endroit propice pour dîner à Merano, je continuai en direction de Hafling (1290 m). La montée est très longue et sans répit, avec une pente moyenne d’environ 8 % pour un dénivelé proche de 1000 mètres. Je doublai bientôt un vieil homme conduisant un drôle de véhicule avec une grosse citerne d’eau et un dispositif d’arrosage des champs. Ca ressemblait à une machine à vapeur. La nuit venant, je commençai à lutter contre la fatigue. J’arrivai à Hafling alors qu’il commençait à faire vraiment noir. Après 2-3 essais, je trouvai un très bon endroit pour passer la nuit. (Il faut tourner deux fois à droite et continuer 100 mètres sur une route non revêtue, c’est une des maisons, avec un chien). Bon logement, très bon prix (20 €) comprenant le petit déjeuner et le service, c’est la meilleure affaire de tout mon voyage. Comme il était trop tard pour manger chaud, je puis obtenir des énormes sandwiches dans un restaurant (il fait aussi hôtel, mais a l’air plus cher). Mais avec quelques bonnes bières et un accueil vraiment sympathique, tout alla bien. Je discutai un peu de mon voyage puis rentrai laver mes affaires et me coucher. Avant de m’endormir, je parcourus un livre intéressant sur Hafling/Avelengo. Le nom d’Avelengo a été donné au village par les fascistes. Il n’est donc pas très populaire (je pense que c’est le cas de nombre d’autres toponymes italiens dans le sud Tyrol). Ce village a une longue histoire. C’est la journée de mon voyage dont je suis le plus fier et c’est celle dont je garde le meilleur souvenir. Jerry Nilson CC n°5627 |