ou l'avarice et la paresse comme sources d’imagination et d’innovation En ce temps là, tous les trains prenaient les vélos comme bagages. Il en coûtait 3 F pour moins de 100 km, et c'est ainsi qu'il m'arrivait souvent d'acheter 98 ou 99 km de trajet en train pour ne pas avoir à payer 6 F! Il m'est arrivé dans la même journée de faire deux demi-étapes en vélo, et deux parcours en train pour un total de trois à quatre cents kilomètres. Le train pour satisfaire ma paresse, le vélo pour satisfaire mon avarice. C'était la coordination parfaite du rail, de la route et du cyclotourisme. Cette année là, j'étais en vacances familiales aux Contamines Montjoie, 1164m, avec mes trois fils de 16,12 et 7 ans... Ce n'était pas simple d'aller faire le Simplon en Suisse dans la journée, soit près de 400 km aller et retour, très au dessus de mes moyens physiques et financiers, doublés d'une paresse et d'une avarice plus difficilement incontournables que le Mont Blanc. L'exploit fut d'arriver à me lever à 4h30 pour descendre en vélo au Fayet (567m) et prendre le train de 5h40. L'employé de la SNCF était un remplaçant, débutant, il n'avait pas le temps de feuilleter le règlement pour s'initier aux formalités d'expédition de vélo sur l'étranger... Le vélo prit malgré tout le même train que moi jusqu'à Vallorcine, au-delà de Chamonix... Changement de train à 6h47... Pas le temps d’accomplir les formalités d'usage: le dernier chef de gare téléphonerait au premier chef de gare suisse, au Châtelard, et tout s'arrangerait. Ce qui fut fait. |
J'étais à Martigny juste à temps pour l'Orient Express à 7h52 qui me laissait à Brig à 9h07. Altitude 681m. J'étais au Simplon à 2008 m vers 11 heures... J'y restais jusqu'à midi. Température : 12°. Je redescendais à Brig pour le train de 13h57 qui me ramenait à Martigny à 14h48... Altitude 476m température : 36°! De là je revenais tout en vélo par le col de la Forclaz (1527m), le col des Montets (1461m)... sous l'orage à Chamonix et dix kilomètres de pluie en montée vers les Contamines où j'arrivais vers 20 heures. Ce fut pour moi une très bonne journée : 250 km avec 4 trains, 130km de vélo, 3300 mètres de dénivellation pour un seul col nouveau. Elle fut moins bonne pour Ocan?a et Guimard contraints à l’abandon à un ou deux jours près pour des ennuis de bronches et de genoux... Et Merckx gagnait son 4ème tour de France. C'était le 17 juillet 1972. J'avais 15 ans et 293 mois. Paul André CC n°113 |