(Bernard Chalchat CCC 837)
AVANT PROPOS : Les notes ci-après découlent des conditions qui nous étaient imposées, ou que nous avons choisies, pour notre Tour :
-un groupe de 10 cyclos « seniors » (dont 5 Cent Cols ayant 1.000 à 2.000 cols chacun au compteur),
-une durée courte, limitée à 12 étapes, ce qui nous a malheureusement empêché d’aller dans les magnifiques San Juan Mountains, trop éloignées de notre circuit principal,
-la période de fin juillet, qui était pour nous impérative,
-un circuit routier quasi exclusif,
-un maximum de cols et un minimum de routes de liaison à forte circulation.
Tout ceci nous a donc conduit à utiliser 2 voitures d’accompagnement et à nous placer dans des conditions de confort et de sécurité bien meilleures que celles vécues par plusieurs de nos prédécesseurs. J’éprouve ainsi beaucoup de respect et d’admiration pour ceux qui, même plus jeunes et sur plusieurs semaines, ont effectué le Tour du Colorado en autonomie complète ou en semi-autonomie.
Si nous nous sommes régalés, il faut savoir que le Colorado est encore davantage le paradis du VTT. Pour nous, les seuls muletiers que nous ayons franchis ont été ceux se trouvant a proximité de notre itinéraire routier.
Enfin, avec une si courte expérience, je tiens à préciser que mes remarques constituent des indications qui ne sauraient être prises pour des règles générales.
L’équipe cycliste au complet à 3.687 m d’altitude
DOCUMENTATION PREALABLE:
Pour préparer son séjour et, au delà des guides généralistes et touristiques sur le Colorado, le cyclo chasseur de cols pourra consulter avec grand intérêt les documents ou ouvrages suivants.
- Seamless USGS Topographic Maps on CD-Rom (Topo Mapping Software), Colorado, NATIONAL GEOGRAPHIC (www.topo.com) ++++, ces CD , avec des cartes à 5 échelles différentes, est un outil fabuleux et d’emploi très facile (distances, profils,…) pour préparer et définir à l’avance son circuit. Voir 2 exemples à la fin de ces notes.
- Colorado, Atlas and Gazetteer, Detailed Topographic Maps, by DELORME ++++, il s’agit du seul atlas (une centaine de pages) suffisamment détaillé pour s’y retrouver une fois sur place. Indispensable.
- Colorado State Map ++
- Colorado Bicycling Map ++++ carte générale qui indique clairement les conditions de roulage à vélo sur chacune des routes du Colorado.
- Colorado Bicycling Manual, a guide for using roads and trails ++ Code de la route pour cyclos: 80 pages !!!
- Liste des Cols cyclables du Colorado +++ (disquette de Marc Liaudon )
- Colorado Passes and Gaps, by Colorado Pilots Association +++ ( liste consultable sur le site de la Confrérie)
- « Passes of Colorado, an encyclopedia of watershed divides », by Ed. and G. Helmuth (livre publié par Pruett Publishing Company à Boulder) ++++ ouvrage indispensable avec liste des cols très complète et parfaitement documentée.
- « Cycling Colorado’s Mountain Passes », by K. Magsamen (livre publié par Fulcrum Publishing à Golden) +++ livre décrivant avec précision les ascensions des 40 principaux cols routiers du Colorado : distances, profils, difficultés,…
- Informations directes et récits de John Wikinson (Cent Cols) et de Gay Page (CDOT) au Colorado et de : Marc Liaudon, Bernard Mareuil, André Tignon, Pierre Vandewalle, Pierre et Hélène Farcy, Guy Delano,….dans les revues de la Confrérie +++ (en attendant les infos de Michel Verhaeghe qui est allé au Colorado quelques semaines après nous et dans des conditions plus…rustiques !)
- en tapant : « Bicycling » et « Colorado », on trouve des dizaines et des dizaines de sites sur Internet dans lesquels il est long et difficile de faire le tri de ce qui pourrait réellement vous intéresser. Citons néanmoins : www.dot.state.co.us et www.cotrip.org. Il s’agit des sites du Colorado Department of Transportation (CDOT), dont G. Page et l’un de ses services : le Bicycle Pedestrian Program m’avaient gentiment et gracieusement envoyé : cartes, code de la route pour cyclos et documentations diverses. Citons également : www.bicyclecolo.org , ou encore www.adventurecycling.org .
- J’ai dénombré 49 clubs de vélo au Colorado et 38 publications spécialisées, la plupart consacrées au VTT.
Enfin, nous avons trouvé sur place des cartes locales très bien faites de villes, de parcs nationaux ou de secteurs…que nous aurions été parfois heureux de pouvoir consulter à l’avance.
On trouvera à la fin de ce dossier le tracé de notre parcours au Colorado ainsi que le détail de l’emplacement du Campion Pass (4.018 m) sur la fin de la montée du Mount Evans. Ce type de cartes est très facile à utiliser grâce au CD Rom de National Geographic.
PERIODE OPTIMALE :
Même si la neige peut tomber tous les jours de l’année sur les sommets du Colorado, on minimisera ces risques à l’intérieur d’un créneau : 15 juin-fin septembre. Tous les cyclos locaux rencontrés nous ont dit que la période idéale était début septembre. De plus, à partir de la mi-août, ou de la fin août, on peut bénéficier de bien meilleurs tarifs, notamment : aériens et hôteliers, et de routes moins encombrées qu’en pleine saison touristique.
METEO :
Nous avons eu la grande chance de ne jamais rouler sous la pluie. Pour cela nous avons d’abord bénéficié d’une météo excellente et durable et nous avons également tenu compte des remarques de nos prédécesseurs. Car, si les débuts de journée sont le plus souvent radieux avec de vrais ciels de western, des ondées fréquentes et généralement de courte durée surviennent à partir du milieu de l’après-midi. Nous nous sommes donc arrangés pour terminer nos étapes-vélo vers 15-16 heures, avant l’arrivée de ces « showers ».
On nous avait également parlé du vent souvent violent auquel on est exposé en altitude lorsque la végétation disparaît (vers 3.400 m.). Nous ne l’avons pratiquement pas connu…si ce n’est dans le sens favorable !
Les températures sont très agréables. Ni trop chaud (sauf, à « basse» altitude) ni trop frais. Nous avons roulé tous les jours en maillots et cuissards courts et si nous avons enfilé nos coupe-vents dans les descentes et au sommet du Mount Evans (4.348 m) c’est plus par précaution que par réelle nécessité. Mais cela tient à peu de choses car, lors de cette ascension au Mount Evans, les Rangers nous ont dit que, la veille, les conditions météo étaient telles que tous les cyclos ont dû renoncer tant le froid, le brouillard et le vent les en avaient empêchés.
ROUTES :
Le Colorado, comme la plupart des autres Etats des USA, ne dispose pas du magnifique réseau de routes secondaires, calmes et bitumées, dont nous bénéficions en France, voire en Europe. Aussi, pour des « routiers » comme nous, il nous a fallu malheureusement faire avec ce qui existe là bas, c’est à dire, soit des « highways » plus ou moins larges, parfois dangereuses et encombrées, soit des « dirt roads » : pistes en terre, souvent de bonne qualité.
Les highways disposent presque systématiquement de « shoulders », voies bitumées réservées aux cyclos, lesquels sont ainsi « protégés » par une ligne blanche continue tracée sur le côté de la highway (nous commençons à en voir en France, notamment dans la Drôme).Ces shoulders du Colorado sont de largeur variable. Ils atteignent souvent quelques mètres de large et l’on s’y sent en bonne sécurité. C’est notamment le cas dans beaucoup de montées de cols où les deux voies montantes pour les voitures, plus le shoulder pour les vélos, permettent une ascension plus sûre et confortable que dans la plupart de nos grands cols alpins, le tout avec un excellent revêtement.
Malheureusement, certaines fois, ces shoulders ne dépassent pas la largeur d’un seul cycliste et sont encombrés de débris divers : éclats de verre, boulons, cailloux, bouts de carrosserie,…quand ils ne sont pas interrompus sur les ponts ou aux carrefours. Ils constituent alors de véritables couloirs de la mort ! Nous nous y sommes fait piéger en deux occasions seulement. Particulièrement le jour où, à part deux « inconscients » ne voulant pas manquer le Trout Creek Pass depuis Buena Vista, tous les autres membres de notre groupe, terrorisés, sont immédiatement montés dans les voitures. Ces risques sont d’autant plus présents que beaucoup de véhicules tractent derrière eux des caravanes, des bateaux, des plate-formes chargées de canoës, de motos,…quand ce n’est pas de véritables petites maisons ! Aussi, après être doublés par un 4x4 ou un camion, ne vous relaxez pas trop vite, attendez de voir ce qu’il tracte derrière lui !
Sprint exceptionnel entre deux poids lourds au Sommet du Loveland Pass à 3.680 m
Ces désagréments n’ont concerné qu’une infime partie de notre circuit et signalons, en revanche, la présence de quelques magnifiques pistes cyclables, indépendantes des higways, dont celle qui permet de rouler de Frisco jusqu’à proximité de Vail (par Copper Mountain et le Vail Pass) dans des conditions superbes. Signalons aussi l’enchaînement complexe de routes et de pistes (dont la dernière partie en terre) qui permet heureusement de monter au départ du Loveland Pass depuis Georgetown en évitant la très dangereuse Highway 70.
Pour résumer ce chapitre essentiel, on peut dire qu’en partant tôt sur des routes « touristiques », et/ou montagneuses, (a fortiori dans les Parcs) il n’y a vraiment aucun problème. Mais se retrouver en milieu de journée sur des routes « utilitaires » dans des plaines ou des vallées encombrées présente des risques graves et aucun intérêt. D’où le rôle important des voitures pour assurer les longs transferts d’un massif à un autre.
Il faut donc tracer ses étapes en conséquence et la « Colorado Bicycling Map » se révèle fort utile en donnant des indications sur la largeur des shoulders sur les highways incontournables.
Compte tenu de ce réseau routier limité, la navigation ne pose donc aucun problème. Heureusement, car si on se trompe, il n’y aura pas de petite route permettant de retrouver le tracé initial et des dizaines de kms supplémentaires seront alors nécessaires pour arriver à l’étape.
Les panneaux routiers sont beaucoup plus rares et moins indicatifs que ceux auxquels nous sommes habitués en France . De plus, on oublie parfois (surtout quand on est un peu « cuits ») qu’ils sont exprimés en miles. Le réveil est alors plutôt brutal en fin d’étape ! Dans la préparation de ce Tour et en travaillant sur des cartes (même converties en km) je me suis d’ailleurs souvent « planté » avec ce problème d’échelle par rapport à nos références hexagonales.
L’Etat du Colorado représente un peu plus de la moitié de la superficie de la France. Sur place, à part le pourcentage des cols, tout y est beaucoup plus loin, plus grand, plus haut, plus chaud, etc, etc…! Il faut donc anticiper cette réalité d’échelle pour éviter de mauvaises surprises, dans les horaires notamment.
CODE DE LA ROUTE :
Le Colorado Department of Transportation a donc édité un “Colorado Bicycling Manual”, véritable code de la route pour cyclos qui fait près de 80 pages ! Toutes les situations possibles y sont répertoriées avec la conduite à suivre. C’est impressionnant et parfois un peu puéril à des yeux de français indisciplinés. Toutefois, je vous recommande de le parcourir car il contient quelques particularités réglementaires qui ne nous sont pas familières. De plus, la police locale se montre impitoyable quant à la stricte application des textes.
Ainsi, m’étant arrêté, lors de la première étape, pour satisfaire un petit besoin naturel dans un bosquet à l’écart d’une route peu fréquentée, j’ai eu la grande surprise de voir arriver et piler devant moi une voiture de police, comme dans les séries de télé américaines. Un shérif agressif en est alors sorti en me hurlant qu’au Colorado il était interdit de pisser dans la nature et qu’il y avait des toilettes publiques dans le prochain village …à plusieurs miles de là ! En pleine miction et l’objet du délit encore à la main, j’ai failli lui servir la fameuse réplique : « Je peux finir ? » formulée par Gérard Jugnot dans «Les bronzés font du ski». Mais doutant de son sens de l’humour, j’ai préféré remballer mon ustensile et poursuivre ma route… pour constater que ce shérif consciencieux s’était planqué quelques hectomètres plus loin pour vérifier que j’allais bien obtempérer !
Autre exemple : dans la longue descente de la Trail Ridge Road il nous est arrivé à de rares reprises de nous doubler prudemment les uns les autres tout en croisant quelques rares voitures montantes. Or, en bas de cette descente, plusieurs kms après, nous nous sommes fait intercepter par une voiture de police tous phares allumés d’où, là encore, un shérif agressif est sorti pour nous accuser d’avoir été vus descendre en ne respectant pas la sacro-sainte règle de la « single file » (file indienne). Qui l’avait alerté ? Un collègue posté plus haut ? De bons citoyens délateurs ??
La cohabitation conducteurs-cyclos n’est pas toujours idyllique. Si dans les zones touristiques cela se passe plutôt mieux que chez nous, dans les autres secteurs nous nous sommes fait parfois rappeler à l’ordre au moindre petit écart par des « single file » ou des « one file » criés par des conducteurs au travers de leurs fenêtres. Il est d’ailleurs étonnant que les piétons, même en infraction caractérisée, semblent bénéficier d’une grande indulgence de la part des conducteurs alors que ceux-ci semblent ne rien pardonner aux cyclos. C’est sans doute la raison pour laquelle le Colorado Department of Transportation (CDOT) a lancé récemment une grande campagne d’information autour du slogan : « Share the road » à destination des conducteurs de voitures, des motards et des cyclos. Pour le moment, sur ce que nous avons constaté, l’un d’entre nous, Didier, a préféré traduire ce slogan par : « Casses-toi de là que je m’y mette ! ».
Espérons pour nos successeurs que cette campagne portera ses fruits.
ALTITUDE:
Je m’étais fait une « montagne » de ce problème en ayant dans notre groupe des seniors parfois peu entraînés, très épicuriens et dont deux dépassaient allègrement le quintal.
Pour cette raison et afin de ne pas brusquer notre adaptation , j’avais tracé les deux premières étapes entre Boulder et Estes Park avec des cols ne dépassant pas 3.000 m.. Cette acclimatation s’est passée sans aucun problème et dès le troisième jour nous avons pu effectuer assez facilement la superbe Trail Ridge Road en pédalant un long moment entre 3.500 et 3.700 m. L’un d’entre nous, avec pour tout entraînement 1.500 kms autour de Chartres et de Saintes (régions bien connues pour leurs massifs montagneux !!) s’est même permis d’arriver de Paris la veille au soir de cette étape et de la faire avec nous sans autres signes qu’une fatigue un peu plus accentuée que les autres. Elle était due, sans doute, à l’altitude mais certainement aussi au décalage horaire et à l’insomnie. Mais étant médecin, il savait probablement ce à quoi il s’exposait !
Même lors de la très longue ascension (45 kms) du Mount Evans (au 12ème jour) tout le monde (y compris nos poids lourds) est monté, un peu essoufflé et à allure modeste, certes, mais sans difficulté majeure. D’une manière générale, ceux d’entre nous portant des cardio-fréquence-mètres ont certainement beaucoup mieux régulé leurs efforts sur ce type de longues montées du Colorado.
Un Cent Cols vers 4.200 m, à l’approche du sommet du Mount Evans
Il ne faut également pas oublier que dans les montagnes du Colorado, le « plancher des vaches» se situe entre 2.000 et 2.500 m ce qui ramène les dénivelées effectuées à des chiffres plus raisonnables.
Ne tirez toutefois pas de leçons générales sur notre bonne acclimatation, car sur des populations plus nombreuses les études montrent que 25% des grimpeurs au dessus de 3.000 m commencent à présenter des symptômes d’anoxie. Là encore, nous avons eu de la chance, même si deux d’entre nous l’ont aidé en allant passer quelques jours à Tignes ( 2.100 m) et en grimpant plusieurs fois l’Iseran juste avant de partir au Colorado.
COLS :
Pour débuter ce chapitre, il faut tout de suite préciser que notre Tour aurait été une toute autre affaire si les pourcentages des cols du Colorado atteignaient ceux de nos cols européens.
Heureusement, ce n’est pas le cas. La quasi totalité d’entre eux se situe entre 4 et 7%, ce qui facilite grandement les efforts des cyclos en haute altitude. Nous avons trouvé un passage de 600 m environ à 10% dans le Cottonwood Pass, un autre d’environ 6 kms à 7-8% dans le Mc Lure Pass et un redoutable coup de cul d’une bonne centaine de mètres en terre à 20% dans le Watson Divide Pass. Pour le reste, tout était globalement dans la moyenne. C’est dire que nos braquets « mortirolesques » se sont révélés amplement suffisants .
Parlons également des descentes qui, dès lors, sont un vrai régal. On peut descendre ces grands cols en toute sécurité aux alentours de 70 km/h (et plus si affinités) pendant des kms et des kms sans user les patins de freins !
La descente du Cottonwood Pass (3.693 m), sans voiture…ni sherif !
Concernant les cols de ce Tour du Colorado, je les ai sélectionnés à partir de trois listes différentes :
- la première, historique, qui circulait de photocopies en photocopies entre les membres des Cent Cols et que l’on doit, je crois, à Marc Liaudon et à Frédéric Ferchaux comptait au départ un peu plus de 200 cols. Marc l’a actualisée depuis, et sa disquette en compte 362 aujourd’hui. Je crois qu’il souhaite, quand il en aura le temps, la fédérer avec les suivantes et sortir alors une liste exhaustive.
- la seconde, qui figure sur le site de la Confrérie sous le label de la « Colorado Pilots Association » en dénombre environ 350 mais contient quelques bizarreries.
- la dernière, celle du livre de Ed. et G. Helmuth, me paraît, après constatation sur place, la plus complète et la mieux documentée avec 467 cols recensés qui bénéficient tous d’une description précise et, pour la plupart, de l’historique de leur dénomination. En lisant l’introduction de cet ouvrage, on constate que leurs auteurs ont suivi la même démarche que celle de notre Confrérie et que les cols qui y figurent répondent bien aux critères de notre règle du jeu.
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Dans tous les cas, moins de 500 cols, dont 80% muletiers, c’est finalement peu pour un territoire aussi étendu et montagneux !
La comparaison de ces trois listes fait apparaître quelques différences d’appellation (que l’historique du livre des Helmuth permet de mieux comprendre) et des différences d’altitude qui ne sont pas toujours expliquées par les seuls arrondis de conversion entre les pieds et les mètres. Il y a donc certainement un travail à faire sur ce plan. Ce ne sera pas facile car seuls les grands cols (notamment ceux du Continental Divide : ligne de partage des eaux entre le Pacifique et l’Atlantique) sont panneautés avec indication de leur altitude. Pour les autres, leur altitude figure rarement sur les cartes disponibles et les indications de nos altimètres, pourtant très utiles, ne nous ont évidemment pas permis de trancher. A ce sujet, précisons qu’à part le « Suunto Advizor », les altimètres des autres marques ont souvent montré quelques signes de défaillance à très haute altitude.
Maintenant, comme une grande partie du plaisir pris dans ce Tour a été pour moi le repérage des cols et leur intégration dans un circuit cohérent selon nos critères, je laisse à nos successeurs le travail (ou le plaisir) d’en faire de même. Je me tiens néanmoins à leur disposition pour des renseignements sur les cols que nous avons franchis.
Notre bilan se résume à un total de 66 cols franchis, dont 37 entre 2.000 et 3.000 m, 28 entre 3.000 et 4.000 m et 1 au dessus de 4.000 m, en passant à 13 reprises le « Continental Divide ».
Quelques remarques sur « nos » cols:
les « incontournables »: |
Le Campion Pass (4.018 m) et le Mount Evans, exceptionnels à plus d’un titre. Le Campion Pass (voir carte à la fin de ces notes) est parfaitement identifié et documenté dans le livre de E. et G. Helmuth. C’est le plus haut col routier de l’Amérique du Nord.
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Cent Cols au sommet du Mount Evans
Jacques Seysses, Bernard
Chalchat, Didier Chouquet, Gérard Obrecht
Le Cottonwood Pass (3.693 m) d’autant que le versant Ouest étant en terre, nous avons grimpé le magnifique versant Est, bitumé, dans la tranquillité la plus totale. La Trail Ridge Road qui culmine à 3.713 m, superbe enchaînement de cols à plus de 3.000 m et l’Independence Pass (3.687 m) même si le versant Ouest est plus dur et encore plus beau que le versant Est .
Il se trouve que ce sont les quatre plus hauts mais, pour nous, ils ont été également les quatre plus beaux.
Si vous le pouvez, programmez le Mount Evans et la Trail Ridge Road en dehors des week-end . Secteurs à péage (3 dollars par cyclo) et donc interdits aux camions, ils sont moins fréquentés pendant la semaine.
les « admirables » : |
Ne manquez pas le secteur du Rabbit Ears Mountain Range jusqu’à Steamboat Springs, celui entre Toponas et le Gore Pass, le Berthoud Pass (la descente côté Empire, est actuellement en travaux) le Loveland Pass (même si la fin de la remontée le long de la Highway 70 jusqu’au pied du col pose quelques problèmes), le secteur du Vail Pass et du Schrine Pass (mais sa descente sur Red Cliff par un chemin raviné est quasi-impossible sur vélo de route), l’approche du Tennessee Pass, les immenses forêts d’aspen (variété locale de peuplier) qui entourent le Kebler Pass (assez bonne route en terre, surtout du côté Crested Butte) et l’Ohio Pass (2 kms très caillouteux), le Gunnisson Canyon, les Monarch Passes (en espérant que vous trouverez plus vite que nous le Monarch Pass-Original !), le tour de Cripple Creek avec ses nombreux cols situés autour d’un village-casino et des vestiges de villes fantômes ou d’anciennes mines, etc, etc…
La sélection est difficile car, dans les montagnes du Colorado, tout est splendide !
A la recherche du Monarch Pass « Original »
Les pistes des indiens sont devenues des pistes de ski !
les « infranchissables » : |
- l’Indian Pass : sur la droite de la route entre Kremmling et le Muddy Pass, ce col se trouve dans une zone de ranches protégés par des clôtures efficaces et son chemin d’accès est lui même fermé par une barrière munie de panneaux suffisamment explicites pour en interdire le passage. Nous ne y sommes pas aventurés… car on dégaine peut-être encore vite dans le far west !
- l’Eagle River Pass : ce col situé à proximité du Fremont Pass était accessible depuis la route 91 par un large chemin caillouteux de 3 kms de long environ. Malheureusement ce chemin se termine aujourd’hui dans un très vaste et sombre marécage réceptionnant les eaux usées et les résidus de l’énorme mine de molybdène toute proche, de Climax. Ce déversoir pollué recouvre maintenant l’emplacement initial du col (ce qui est un destin rare pour un col !). Nous sommes allés jusqu’au bout du chemin pour faire ce constat. Ce col « sous les eaux » étant situé à quelques mètres et légèrement en contre bas du point où nous étions, nous avons quand même décidés de l’inscrire sur notre liste. Il est sans doute maintenant condamné à disparaître des catalogues.
- l’Independence Summit Pass : près de Cripple Creek et au départ de Victor, ce muletier a certainement été un vrai col, placé entre l’Independence Summit et Bull Hill. D’ailleurs nos amis belges l’ont franchi il y a deux ans sans problèmes particuliers, semble-t-il. Nous nous y sommes donc engagés en toute confiance pour nous retrouver après 2 à 3 kms d’une piste pentue et encaillassée, au milieu des énormes camions du chantier de l’immense mine d’or exploitant cet endroit. Nous avons alors cherché à nous échapper par le haut en remontant le long de Bull Hill pour retrouver le passage du col. Malheureusement, la piste disparaît aujourd’hui dans d’immenses cavités creusées par les bulldozers…. 2 mois avant notre passage ! Sans doute pour se faire pardonner d’avoir massacré ce site, les dirigeants de la Cripple Creek & Victor Gold Mining Company ont alors transformé le sommet de Bull Hill en un « American Eagles Scenic Overlook » et créé une route en pierre pour que les touristes puissent y accéder.
Ayant passé 2 heures à crapahuter dans les caillasses (sans y trouver le moindre lingot ou la plus petite pépite !) et à grimper avec nos vélos nettement au dessus du niveau du col pour essayer de retrouver la piste qui descend de l’autre côté, nous avons finalement effectué un aller-retour et décidé d’inscrire ce col sur notre liste,…avant sa disparition des catalogues.
- le Chief Hosa Pass: nous aurions bien voulu accrocher le scalp de ce chef indien à notre liste. Malheureusement, alors que son voisin, le El Rancho Pass (également sur la Highway 70) est franchissable sur une route transverse, le Chief Hosa Pass ne peut être franchi que sur cette Highway 70. Or, c’est la grande et unique autoroute traversant l’Etat d’Est en Ouest et un panneau très explicite en interdit (heureusement pour leur sécurité) l’accès aux cyclos. La circulation y était presque comparable à celle de l’autoroute de l’Ouest au retour d’un week-end, c’était notre dernier jour, nous n’avions connu aucun accident durant ce Tour. Nous nous sommes donc sagement inclinés.
les «regrettables » : |
- le Pisgah Summit Pass : situé sur la route entre Pinewood Springs et Estes Park .Son accès nous a été interdit par les autorités en raison d’un important feu de forêt au cours duquel, la veille de notre passage, un Canadair local s’est écrasé à proximité de la route. Ce col nous aurait permis de boucler la « loop » au sud d’Estes Park.
- le Chapin Pass : Arrivés au Fall River Pass sur la Trail Ridge Road, nous sommes allés faire le Marmot Pass, pour constater que nous roulions à contre sens du chemin montant des 4x4. Le Chapin Pass étant encore plus loin et en contre-bas sur la même piste, nous n’avons pas voulu prolonger plus avant notre infraction en sens interdit … sous le regard des Rangers. Nous avons donc manqué ce col.
- l’Empire Pass : petit col qui permettait dans le temps de rejoindre directement le village d’Empire à Georgetown. Sur la foi d’informations pessimistes recueillies auprès des habitants lors de notre arrivée sur place, nous nous sommes dégonflés. En fait, je pense que ce muletier peut être facilement atteint en aller-retour depuis Empire et que seule la descente sur Georgetown est très problématique
LES ETAPES :
En moyenne, elles représentaient environ une centaine de kms par jour à vélo, avec 2 étapes à 120 kms. Nos étapes ci-dessous mixent donc des parcours vélos et souvent des transferts voitures :
Premier soir : Denver Airport - Boulder, (Boulder, petite ville très sympa, universitaire et sportive, c’est un excellent point de départ à vélo, notamment par le Boulder Canyon) puis :
Dernier jour: Evergreen-Denver-Denver Airport
LA LOGISTIQUE :
Comme il n’y avait pas de vols directs Paris-Denver, nous avons pris British Airways qui nous offrait le meilleur tarif pour un Paris-Londres-Denver aller-retour .
Sur place nous avons loué 2 véhicules : un minibus de 12 à 15 places et un fourgon de taille suffisante (mais pas plus) pour y mettre 10 vélos, leurs housses ou leurs caisses et tous nos bagages. Les premiers jours cela nous a pris pas mal de temps pour arriver à tout faire rentrer, sans dommages pour les vélos. Puis au fil du temps et grâce à l’aide d’un expert (Gérard) se trouvant parmi nous, nous arrivions à effectuer cette opération en une dizaine de minutes.
« Campement Berbère » autour de nos véhicules d’assistance
Ces deux véhicules (parfaitement adaptés) étaient conduits par deux de nos épouses qui, à cette occasion, ont largement gagné leurs galons de directeurs sportif, pilotes, navigatrices, cantinières, etc…
Elles nous rejoignaient le midi avec l’indispensable pique-nique et de grosses réserves d’eau, car au Colorado, on peut faire des dizaines et des dizaines de kms sans trouver le moindre point d’eau potable ou le moindre petit resto ou épicerie.
Après nos cinq premiers 3.000, les « cantinières » préparent le pique-nique
Nous avions emmené avec nous 3 petits walkie-talkies d’une portée de 6 à 8 kms (un dans chaque véhicule et un dans le peloton). Ils se sont révélés extrêmement utiles en de nombreuses occasions. Cela nous a évité d’avoir, en cas de nécessité, à utiliser entre nous des téléphones portables… qui d’ailleurs ne passent pas souvent dans les régions traversées.
Nous avions (longtemps à l’avance, en raison de la haute saison) réservé nos chambres par Internet dans des hôtels ou motels assez simples. Nous n’avons pas eu de problèmes . En effet, quelque soit la catégorie des établissements aux USA, la taille des chambres, la literie et le sanitaire sont généralement assez fonctionnels et cela nous a parfaitement suffi .
En revanche, nous avons été surpris par le choix très limité de villes-étapes qui s’offraient à nous. Ainsi, nous aurions bien voulu faire étape à Kremmling, Twin Lakes, Florissant,… qui figurent sur les cartes du Colorado comme Bourges, Chambéry, Valence,…peuvent figurer sur les cartes de France. Or il s’agit souvent de quelques maisons et de quelques dizaines d’habitants regroupés autour d’un saloon et d’une pompe à essence et basta ! Nous avons dû nous replier sur des « villes » plus importantes comme la pittoresque Hot Sulphur Springs (quelques centaines d’habitants la plupart d’origine indienne, un motel et un petit restaurant…) . Cette bourgade de western est bercée au rythme des grands coups de sirènes des locomotives de l’Union Pacific qui, toutes les 2 heures, 24 heures sur 24, traversent péniblement Hot Sulphur en tractant des trains de 3 à 4 kms de long aux wagons bourrés de charbon jusqu’à la gueule.
Quelques jours après nous faisions étape à Aspen, la station de ski la plus huppée des USA…où les milliardaires et la jet set remplacent les indiens et… les Ferrari, les trains de l’Union Pacific ! Que de contrastes sur tous les plans au Colorado !
A notre étape d’Aspen, nous avons eu le plaisir d’être accueillis par John Wilkinson (l’Ambassadeur des Cent Cols aux USA) qui avait organisé une petite réception en présence de Madame le Maire d’Aspen et de la Presse locale. Vous trouverez, en cliquant sur les liens ci-dessous, le texte sur papier officiel de la ville de la « Proclamation » du Maire en l’honneur de notre Confrérie, ainsi que l’article du journal « Aspen Times » consacré à notre passage.
Pour revenir aux questions d’hébergement, il faut préciser que la plupart des motels n’offrent que des petits déjeuners en self service, rarement disponibles avant 7 h30 et bien légers pour des cyclos. Nous avons donc souvent cherché en « ville » des cafés pouvant nous servir des breakfasts plus conséquents et matinaux, mais avec des réussites diverses. Servir de manière imprévue et dès l’ouverture une dizaine de cyclos affamés prend aussi du temps ! Du coup, nous avons rarement réussi à partir avant 8 heures et parfois avec le ventre un peu creux !
Pour la nourriture en général,…disons simplement que nous ne sommes pas allés au Colorado pour faire un voyage gastronomique ! En revanche, l’un d’entre nous (Jacques, un très grand vigneron) avait eu la gentillesse de détourner plusieurs cartons de ses vins expédiés à destination de Denver et d’en doter nos véhicules d’accompagnement. L’essentiel fut donc régulièrement assuré…mais toujours à l’abri des regards des shérifs !
Dernier détail important : lors de votre retour, arrivez à l’aéroport très en avance par rapport à l’horaire indiqué. En effet, nous avions tous pris beaucoup de soin, et de temps, pour emballer nos vélos et les protéger de la manière la plus efficace possible. Or (mesure habituelle ou exceptionnelle ?) en arrivant à l’aéroport les responsables de la sécurité nous ont demandé de déballer un par un tous nos vélos afin d’en permettre une inspection détaillée. Il nous a fallu ensuite recommencer tout l’emballage avec les moyens du bord et dans des conditions beaucoup moins favorables que la veille.
J’espère que ces quelques notes vous donneront envie de nous suivre sur les routes du Colorado et qu’elles vous seront utiles dans la préparation de votre séjour et de votre circuit. Je reste à votre disposition pour tout renseignement complémentaire et, pour ma part, je souhaite avoir l’occasion d’y retourner un jour pour franchir les cols des fameuses San Juan Mountains que nous n’avons pu inclure cette année dans notre Tour. Il paraît que c’est encore plus beau que ce que nous avons fait !
Beaucoup d’entre nous avaient déjà grimpé dans la plupart des massifs européens, mais ce Tour du Colorado a été, et de loin, notre plus belle expérience de chasseurs de cols.
Pour conclure, je reprendrai la réponse faite par Didier à l’allocution de Madame le Maire d’Aspen : « Au Colorado, l’exploit pour les membres du Club des Cent Cols n’est pas de franchir 5% de cols à plus de 2.000 m, mais 5% de cols à moins de 2.000 m »…et pour cause, il n’y en a que deux !
Participants: Dominique Beausillon, Melvin Baumann, Didier Chouquet-Stringer, Michel de Fautereau, Josh Jensen, Gérard Obrecht, Jacques Seysses, Alex Speyer, Gilles et Lisou Rigollet, Bernard et Martine Chalchat
Carte du circuit : Petit format (121 Ko) ou Grand format (334 Ko)
Localisation du Campion Pass : Carte Texte