Trieste - Thonon
Voici une belle randonnée , la plupart du temps parcourue en altitude , qui me faisait
envie depuis quelques temps déjà : Thonon – Trieste avec la traversée d’une partie de l’arc
alpin.Ayant acheté une randonneuse Berthoud pour mes 50 ans l’an passé je ne pus réaliser cette
expédition en 2008 , ayant seulement pus effectuer la randonnée permanente « 100 cols sur la
ligne de partage des eaux Atlantique-Méditérannée « pour me familiariser avec la randonnée
avec « armes et bagages ».Le problème le plus important pour cette destination consiste dans la question
suivante : comment rentrer de Trieste si l’on effectue le parcours dans sa version la plus
couramment parcourue. J’avais résolu de résoudre le problème en inversant le sens du
circuit : réaliser tout de suite la partie du voyage la plus délicate , voire la plus stressante : me
rendre tout de suite au départ mais de Trieste. Là 2 solutions : prendre le train de nuit à Dijon
à minuit pour arriver à Venise à 9h20 le lendemain ou rejoindre Venise en avion depuis Lyon
Saint Exupéry. Le train, très peu pour moi surtout que le chargement du vélo risquerait d’être
problématique – ceci même si Robert de Rudder , un membre du club des cent cols m’avait
donné un truc pour pouvoir embarquer sans trop de problème : à savoir mettre le vélo au fond
du dernier wagon – je préférais l’avion : 1h20 seulement. Il suffisait de pouvoir mettre mon
vélo dans un carton récupéré chez un vélociste : même pas besoin de démonter garde boue et
porte bagages : cela rentre juste.Bien entendu j’en profitais pour réserver une journée pour visiter Venise : incontournable.
Le samedi matin il ne me restait plus qu’à prendre le train régional pour me rendre à
Trieste distant de 130 kms environ. Comme à chaque fois que je prends le train (une fois tous
les 4 ou 5 ans !) il arrive en retard et c’est avec 20 minutes de retard qu’il rentre en gare de
Trieste central.
1ère étape : Samedi 22 Août : TRIESTE – ARTA TERME 150 KMS 1100 M de dénivelée environ
Sans plus attendre , il est 10 h passé et l’étape prévue est longue , je me prépare à
partir , je rentre dans le premier commerce venu , un coiffeur , pour faire viser ma carte de
route et je mets la machine en route. Pour la petite histoire au contrôle obligatoire d’Udine 70
kms plus loin en tout début d’après midi je n’ai put faire viser mon carton que chez une
coiffeuse , qui n’a rien compris au film , mon italien étant plus que rudimentaire , mais qui
m’a délivré le fameux sésame !Les 25 premiers kilomètres s’effectuent sur la nationale avec tout le long vue sur
l’Adriatique , avec les senteurs envoûtantes des fleurs de Clérodendron , ensuite le parcours
passe par le 1er petit col du parcours : le sella di Iamianno culminant à l’altitude vertigineuse
de 68 m ! Là vu l’étape importante du jour je décidais de modifier mon trajet et de faire
l’impasse sur Gorizia et de redescendre le col pour rejoindre Udine par la plaine en profitant
de la circulation réduite sur la nationale reliant la capitale du Frioul et surtout de l’absence de
poids lourds en ce samedi. Cela n’est certainement pas ce que j’ai fait de mieux : le trajet , un
peu plus court peut être , traverse quelques localités importantes , les lignes droites sont
monotones et la chaleur , 36° à Pordenonne, est pénible à supporter et nécessite quelques
arrêts « chasse à la canette ». Heureusement comme l’avait prévu la météo le ciel se voilait et
l’arrivée à Udine coïncidait avec une baisse des températures. Sorti de cette ville bien
ordonnée , les premières difficultés m’attendaient un peu plus loin : modeste avec le Passo di
Monte Crocce (267 m), puis après un passage sur une grande route à la circulation intense le
Sella di Interneppo (315 m)avec quelques gouttes de pluie à l’attaque de celui ci. Un petit col
très court mais qui au 1er virage donne à voir , peint sur le mur de soutènement la fresque des
« campionissimi » du cyclisme italien : De Bottecchia à Pantani en passant par Coppi et
Moser tous sont représentés en action : le visage de Coppi est saisissant de réalisme ! Je me
permets d’arrêter un automobiliste pour me faire prendre en photo devant le mur en question :
cherchez l’intrus ? Vous ne trouvez pas ? C’est moi le seul de tous qui ne parle pas italien !
Une autre raison dites vous ? Non vraiment je ne vois pas !
Mur des champions + 1
Mur des champions CoppiAprès la plaine entre Trieste et Udine le relief des Alpes Juliennes commence à se préciser à
l’horizon et un mur se dessine au loin : on aura bien le temps de voir demain !
Finalement j’arrive à Tolmezzo vers 17 h et alors que je pensais trouver un hôtel en
centre ville on m’indique un établissement à l’opposé de ma route alors que je me retrouve
par hasard à l’entame du Sella Marcillé. Je décide alors malgré un orage qui menace de
rallonger mon étape jusqu’à Arta Terme une station thermale ou je trouverais sans problème
un hébergement. Treize kilomètres de plus seulement mais en guise de légère formalité
l’ascension de ce col culminant à 776 m aux pourcentages entre 12 et 14 % sur les 2
premiers kms.
Arrivé au col la pluie se mit à tomber légèrement , la descente sur Zuglio se fit prudemment et
arrivé à destination le 1er hôtel à l’entrée de la ville fut le bon.
2ème étape : Dimanche 23 Août : ARTA TERME-PADOLA 89 KMS 2500 m de dénivelée
Le matin les nuages de la veille avaient disparu et j’attaquais la remontée de la vallée
vers le nord ou je n’allais pas attendre longtemps pour me chauffer les jambes après 7 kms et
l’attaque du 1er col de la journée le Sella Valcalda (959 m) pour passer en 8 kms de 442 à 959
m mais avec les 2 premiers kms le long de la rivière en pente douce. Premières suées donc et
bascule sur Coméglians. Avant de prendre la direction de ce col j’étais passé, à Sutrio ,
devant une pancarte indiquant une destination qui parlera à ceux qui s’intéressent au Giro : le
Monte Zoncolan , le terrrrrible Monte Zoncolan : j’ai aussitôt détourné la tête : pas vu , pas à
gravir !!La suite de l’étape devait me mener au sommet du Sella Ciampigotto (1790m) par une
belle vallée : le Val Pesarina. La route menant d’abord au Forcella Lavardet (1542m)
s’effectue sans gros pourcentage , 23 kms pour passer de 553 à 1542 m) avec la traversée de
coquettes localités Frioulines notamment celle de Prato Carnico et son beau clocher qui
penche comme la tour de Pise !
Une fois au Forcella Lavardet , 3 kms me mènent au Sella di Razzo puis autant pour arriver
au Sella Ciampigotto avec pour récompense un plat de pâtes au bistrot du col !
Prato CarnicoLes cinq 1er kms de la descente sont très raides et en lacets serrés beaucoup plus durs mais
moins long que dans l’autre sens. Cela n’allait pas être pareil un peu plus loin avec le Passo di Zovo,
dernier col de l’étape , que j’avais gravi par l’autre face lors d’un précédent séjour dans les Dolomites.
Sept kms d’ascension pour arriver un peu au dessus de l’altitude du col (1476m) pour passer de
832 à 1500 m environ. Il me fallu pas loin d’une heure pour y arriver !Me voilà arrivé dans une des plus belles régions des Alpes : les Dolomites , j’allais les
parcourir pendant 3 jours jusqu’à Bolzano : un vrai émerveillement.
Arrivé à Padola vers 16h45 j’avais largement le temps après la douche réparatrice de flâner
dans le village et d’admirer les maisons croulant sous les surfinias et autres géraniums de toute
les couleurs : une constante de cette vallée des Dolomites de Sexto : l’abondance du fleurissement :
qu’il s’agisse de commerces mais également des maisons d’habitation qui débordent de fleurs.
3ème étape : Lundi 24 Août : PADOLA- MISURINA 70 KMS 1700 m de dénivelée
Petite étape pour un grand col et un site extraordinaire : le Forcella Longéres et les Tre Cime
di Lavaredo.
Mais auparavant le 1er col , le Monte Croce di Comélico (1636 m) , ne présente pas de
difficultés insurmontables , il monte en pente douce avec quelques lacets dans les bois de
mélèze. De l’autre côté c’est la vallée de Sexto zone très touristique ou le vacancier lampda
sort pour acheter les croissants. C’est vert , c’est tiré à quatre épingles , comme dans le Val
Comélico les maisons sont décorés de fresques et des cascades de géraniums et de surfinias
dégringolent des balcons. Ce n’est plus l’Italie , malgré que j’y soit toujours , mais le Süd
Tyrol avec l’Autriche à une portée de noyau de cerise ou l’allemand est la langue employé en
« premier jet » si j’ose dire.Arrivé à San Candido on retrouve la grande route qui mène en Autriche ,
heureusement une route cyclable relie Dobiacco au milieu des champs.
Le Val di Landro orienté nord-sud est une belle vallée évasée ou en 13.5 kms on ne
s ‘élève que de 220m. Au deux tiers du parcours une percée dans la vallée permet
d’apercevoir pour la première fois les Tre Cime di Lavaredo , il s’agit de la face nord et ses
murailles vertigineuses : 600 m d’à pic ou les alpinistes peuvent rester jusqu’à 3 jours dans la
face nord de la Cima Grande qui ne culmine pourtant qu’à 2999 m !
Arrivé à Carbonin je m’accorde un petit détour de 6 kms en aller retour pour aller
chercher un col facile : le Sella di Cimabianche et avoir un premier aperçu au loin des
Dolomites d’Ampezzo.Retour à Carbonin ou en 6 kms je rejoins Misurina et son superbe lac pour 327 m de
dénivelée avec de court passage à 8-10 %. A Misurina je réserve une chambre dans un
superbe établissement ou je laisse mes sacoches : direction le refuge Arunzo et le Forcella
Longéres (2330 m) par la route à péage (gratuite pour les cyclistes). Sept kms depuis le col
de Misurina , 1.5 kms assez dur jusqu’au lac Antorno , une petite descente jusqu’au péage , et
là : à l’attaque : il reste 3.6 kms pour un peu plus de 400 m de dénivelée : pas vraiment plat !
Après avoir cassé la croûte au refuge , tamponné ma carte de route , je m’accorde deux bonnes
heures de farniente au soleil sous une douce température , dommage qu’un nuage reste accroché
sur les Trei Cime. Heureusement il s’en ira un peu plus tard je pourrais encore un long moment
profiter de ce somptueux décor.
Arunzo di Cadore
Maison fleurie dans le Valle Padola
Trei cime face nord ouest
4 éme étape : Mardi 25 Août : MISURINA – ARABBA : 90 kms 2550 de déniveléeUne étape comme celle ci sur le Tour d’Italie c’est une étape clé assurée : aussitôt parti du
merveilleux site de Misurina et un dernier regard dans mon dos sur les Trei Cime , les 4 kms
d’ascension du Passo de Tre Crocci (1805m) , permet de chauffer la mécanique. Aucun
nuage dans le ciel ce matin laissant présager d’une journée superbe. L’air est frais ce matin et
il fallut enfiler le coupe vent pour basculer sur Cortina d’Ampezzo ancienne cité olympique.
Sans transition direction la grande route des Dolomites direction le Passo di Falzarego
(2105m) avec malgré l’heure précoce une circulation importante. Heureusement que le
parcours , avant d’arriver au sommet du col précité , prévoit un « léger » détour et 5 kms au
dessus de Cortina je bifurquais à gauche en direction du Passo di Giau (2233m) premier col
au dessus de 2000 m de la journée. Une bonne surprise : c’est moins dur que je craignais et le
paysage est magnifique : j’ai trouvé la montée moins dure que de l’autre côté que j’avais déjà
gravi avec un vélo léger il y a 4 ou 5 ans et la vallée plus ouverte avec plus de vue. L’arrivée
au sommet permet de faire valider ma carte de route et de discuter avec un cyclo qui m’avait
dépassé dans la montée. Une descente prudente et contemplative , une ascension jusqu’au
Colle Santa Lucia et direction le deuxième gros morceau de la journée le Passo di Valporala (2192 m)
avec comme marchepied le Passo di Falzarego.
Cortina d'Ampezzo
Passo di Guiau
Depuis le passo di ValporallaUn coup de tampon à La Villa , dans le Val Badia , un coup d’œil au bulletin météo à Corvara ,
optimiste jusqu’au vendredi (tant mieux c’est le jour ou je vais passer le Stelvio) , point culminant
du séjour , ne reste que le dernier col de la journée , le Passo di Capolongo (1875m) et la descente
sur Arabba où le 1er hôtel rencontré fut le bon.
Alta-Badia
5ème étape : mercredi 26 Août: ARABBA-PASSO DELLA MENDOLA : 120 kms 2500 m de dénivelée
Deux gros morceaux au départ d’ Arabba : le Passo di Pordoï (2239m) : 9 kms avec des
virages très court en début d’ascension avec une pente ne dépassant que très rarement les 7/8
%. Arrivé en haut en voulant m’arrêter pour faire tamponner ma carte de route , je mets ma
roue avant dans une bouche d’évacuation des eaux de pluie. Résultat : une chute , sans
gravité heureusement , et une crevaison. Une étourderie dont je me serais bien passé , j’aurais
pu espérer pourtant qu’après une bonne nuit passée à l’hôtel Olympia , l’ascension du Pordoï
m’aurait réveillé ! Une petite déception également : le monument en l’honneur de Fausto
Coppi est en rénovation et est entouré de barrières de chantier : j’attendrais pour voir la stèle
qui lui est consacrée au sommet du Stelvio.Six kilomètres de descente et aussi sec une belle remontée sur le Passo di Sella (2244m),
un col que j’avais également déjà gravi : la photo des derniers lacets avec au fond le Sasso Lungo
orne depuis le fond d’écran de mon ordinateur. Du haut de ce col la vue est somptueuse :
la Marmolada au sud est et son glacier seules neiges éternelles des Dolomites , le Sasso Lungo
au nord ouest et à l’est l’énorme masse tabulaire du Groupo di Sella.
Passo Di Sella
Une longue descente m’emmène dans le Val di Gardena , très encombré de touristes et
dans la traversée de Selva di Val Gardena un attroupement : au sommet d’une superbe maison
peinte un carrousel s’anime avec quatre personnages et un carillon qui fait un barouf d’enfer :
il est pile poil 11h et la foule des touristes est au rendez vous !
Selva val Gardena
A la sortie du village d’Ortizeï , je trouve la route qui monte au passo di Pineï et là la surprise
est grande car la feuille de route annonce 200 m de dénivelée entre la localité et le col pour
5.6 kms de montée. Alors que se dresse devant mes roues une pente à 8 ou 9 % avec des
passages à 12 voire 15%. Il doit y avoir une erreur sur l’altitude de départ.
Heureusement le paysage est toujours aussi beau et j’ai bien le temps de l’admirer ! La
descente traverse le plateau de Surio et de Sciliar et laisse découvrir un paysage verdoyant , le
relief est nettement moins escarpé que les hautes vallées dolomitiques.
Plateau de ScillarAprès un arrêt casse croûte à la terrasse panoramique d’un gasthof je reprends la descente sur
la vallée de l’Isarco et retrouve la route à grande circulation en direction de Bolzano.
Heureusement , une route cyclable m’évite le flot automobile , avec même un tunnel de 500m
éclairé ! Arrivé à Bolzano , je retrouvais l’odeur des clèrodendrons , mais comprenant sans
doute mal les explications d’un cycliste local , je garde les pistes cyclables et me retrouve sur
la digue le long de l’Adige direction Trente. Etant allé trop loin pour faire demi tour je décide
de continuer au milieu des champs de pommiers ou la récolte a débuté , jusqu’à pouvoir
trouver une route pouvant me permettre de retrouver la route du passo della Mendola (1363
m).Je la rejoindrais mais pour rallier Caldoro sur la route des vins, je dut escalader les 3 kms
d’un petit col avec une pente ne descendant pas sous les 9/10 % avec des passages approchant
les 15 %.
Arrivé en haut , un beau panorama sur le lac de Caldoro puis remontée sur le village
et jonction avec la SP 42 qui conduit en 14 kms d’une pente régulière à 5/6 % au sommet du
Passo della Mendola.
6ème étape :jeudi 27 Août : PASSO DELLA MENDOLA –PRATO ALLO STEVIO : 96 kms 1100 m de dénivelée
Une étape plus tranquille m’attend aujourd’hui , sur le tour de France on appelle cela une
étape de transition. Quatre kms de descente sur une belle route puis c’est les 14 kms
d’ascension du Passo di Palade (1512m) , avec seulement 524 m de dénivelée. Ensuite
direction Merano et après une longue descente je retrouve la vallée de l’Adige et ses
plantations de pommiers mais aussi les espaces verts d’ou exhalent encore les clérodendrons.
Je roulerais d’ailleurs tout le reste de l’étape au milieu des champs de pommiers. La récolte
des Gala est en route , la chaleur de cet été à apparemment avancée la cueillette si j’ai bien
déchiffré la presse locale germanophile dans cette région (bien italienne cependant)du Süd
Tyrol.
A Mérano je tâtonne un peu et je trouve par hasard la Radroute (route cyclable) à côté de
l’hippodrome qui me mènera 50 kms plus loin à Prato allo Stelvio. Pour sortir de la ville cette
voie est toute neuve et à été inaugurée cette année. Elle évite la grande route qui jusqu’au
village de Teif est désormais interdite au cyclistes. Un verrou est escamoté par 9 lacets en
pente douce numérotés s’il vous plait , et suit ensuite l’Adige soit en rive gauche soit en rive
droite en empruntant quelques fois quelques centre village.
Pommiers en pente raide en arrivant sur Merano
Route cyclable en lacets
Je la perds à Lätsch ou je me suis arrêté pour déjeuner et la retrouve 3 kms plus loin à
Silandro , elle est constituée d’un ruban asphalté et je croise de nombreux cyclistes : des
familles , des randonneurs et quelques cyclosportifs. Un petit passage non goudronné de
3kms sur une très belle piste n’altère pas mon élan et je me retrouve à Prato allo Stelvio sans
avoir eu besoin de passer à Pontrésina ou je pensais m’arrêter ce soir.Pour le lendemain j’hésite sur mon programme car le samedi la route du Stevio , grâce à
l’initiative du Parc National, est fermée aux voitures à partir de 8 h.. Je pourrais le vendredi
aller chercher deux cols dont un en Suisse de plus de 2000 m, l’Ofen pass ,en attendant le
rendez vous avec le géant.
Le très bel hôtel Zentral qui m’accueille ce soir là ne peut malheureusement me proposer une
chambre que pour une nuit , tant pis et je n’aurais pas à le regretter , la météo du samedi
annonçait un ciel nuageux.
7ème étape vendredi 28 Août : PRATO ALLO STEVIO – LIVIGNO : 87 kms 3300 m de dénivelée
Aujourd’hui il s’agit du passage au point culminant de la randonnée avec d’entrée les 22 kms
d’ascension de la Cima Coppi au Passo di Stelvio à 2758 m. Les premières bornes ne sont pas
trop dures pour remonter la vallée Di Trafoï. Une fois arrivé dans ce village , les choses se
corsent avec les premiers lacets : le premier porte le numéro 48 : il reste du travail à faire ! Il
reste 14 kms à escalader avec de temps à autre de belle échappée sur le glacier de l’Ortles.
Les lacets s’empilent les uns sur les autres , de temps à autre un arrêt photo s’impose. La
circulation n’est pas trop intense , même si un motard un peu trop pressé de me doubler se
trouve bloqué dans un lacet serré et en me retournant je m’aperçois qu’il s’est couché avec sa
machine : la prochaine fois il montera en vélo ! La route est en super bon état parfois même
assez large : j’avoue que je m’attendais à bien pire.
Jusqu’à présent la route s’élevait dans les bois quant à 7 kms du sommet le col se dévoile et il
est permit d’admirer à cet endroit l’extraordinaire travail de génie civil qu’il a fallut réaliser
pour amener la route au sommet sur ce versant très raide : de nombreux virages sont suspendus
dans le vide et la route est tracée de telle façon que la pente soit de 8% de moyenne environ.
Le Stelvio sommet à 7 km
Le Stelvio sommet à 2 km
Les lacets s’empilent avec de très longues lignes droites , les deux derniers plus courts et hop
me voilà au sommet : là c’est la ville : tous les motards qui m’ont doublé semblent s’être
arrêté ici , le téléphérique emmène les skieurs sur le glacier. Aussi après avoir photographié
la stèle à la gloire de Fausto Coppi , je quitte cet atmosphère de foire ou les souvenirs made in
Hong Kong doivent pulluler et je m’engage dans la descente direction le Passo di Umbrail.
Trois kms plus bas je prend à droite la direction de la Suisse pour aller faire valider ma carte
de route 200 m plus loin au bistrot du col. Le contraste est saisissant : un resto vide , - il est
midi et quart - et un poste de douane fermé.
Le Stelvio vu d'en hautLe reste de la descente vers Bormio me semble plus pentue que le côté nord et doit être
négociée avec précaution dans de longues galeries. Enfin je retrouve la chaleur pour
bifurquer direction Livigno par le Valdidentro pour accéder au Passo di Foscagno puis au
Passo di Eira : deux cols à plus de 2000m.
En montant au passo di Foscagno
Comme souvent les premiers kms en vallée sont plats ou presque , c’est le cas jusqu’à Isolacia
pendant 7 kms et ensuite 15 kms de pente à 6% de moyenne restent à gravir sur une route
large et un bitume en très bon état : c’est (presque ) de la rigolade !
De belles vues sur une superbe montagne enneigée qui brille au soleil ressemblant à la
montagne des Agneaux dans le massif des Ecrins ( le Monte Foscagno d’après la carte)
m’aide à faire passer le temps. Malheureusement ce spectacle est gâché tous les kilomètres
par des panneaux publicitaires 4X3 pour des boutiques de luxe ou de parfum de Livigno mon
point de chute de ce soir.Je me rappelais alors avoir lu quelque part que cette vallée
suspendue ou l’on accède seulement par 2 cols au dessus de 2000m d’altitude ou par un
tunnel est en zone franche et ou les boutiques taxe free pullulent.
Pub à prés de 2000 m !
Arrivé à destination je découvris une vallée plate comme la main avec une foule désœuvrée
qui essayait de tromper son ennui en se « bambanant « -comme dirait guignol – dans les rues
de ce gros village ou tout sonne faux même les chalets en bois semblent factices. On dirait
que les trois jours passés dans les Dolomites m’ont rendu difficile !
8ème étape samedi 29 Août : LIVIGNO - SAMEDAN (St Moritz) + addendum : 116 kms , 1870 m de dénivelée
Je me félicitais en partant de Livigno ce matin que l’hôtel de Prato allo Stelvio n’ait put
m’héberger plus d’une nuit car les prévisions météo étaient bonnes avec un plafond nuageux à
partir de 2200 m environ.Le passo di Livigno (2315m) est passé sans encombre sans trop de circulation , les amateurs
de parfum sont encore au lit ! Il faut se couvrir pour la courte descente car le fond de l’air est
frais. Le passo di Bernina (2328m) ne pose pas de problème particulier je peux seulement
regretter que les nuages m’empêchent d’admirer le glacier de la Bernina.
La descente est douce , d’ailleurs un train monte jusqu’au col ! Arrivé en bas de celui ci je me
dirige vers Samedan non loin de Saint Moritz ou je réserve une chambre et me déleste de mes
sacoches. J’avais prévu une étape courte aujourd’hui – 37 kms depuis Livigno- avec pour but
ensuite d’aller gravir deux cols à plus de 2000 m.
Le lac de la BerninaJe partais sans attendre à l’assaut de l’Albülapass (2312m). Les huit premiers kms , en lacets
superposés sont bien assez raides sur une route pas très large puis la fin est tout en ligne droite
dans le vallon.Je finis dans les nuages sous un léger crachin. C’est le désert , le bistrot du col
est « geschlössen » seuls d’inévitables « motorhadfären » me doubleront dans la descente.
Pour le deuxiéme col , le Julierpass (2284 m), j’attendrais le milieu de l’après midi. Après
avoir traversé Saint Moritz , cité sans grand attrait si ce n’est son magnifique lac vert
émeraude , j’attaque ce col à partir de Silvaplana pour 6.5 kms assez dur dans les premières pentes
avec notamment une rampe en ligne droite à plus de 10% , au retour j’y atteindrais les
75 km/h ! La route est plus fréquentée , plus large et plus adaptée à une circulation de transit.
La difficulté principale réside en fait à lutter contre le vent de face , les derniers kilomètres se
font dans le brouillard et semblent interminables.
9ème étape dimanche 30 Août : SAMEDAN - SAN BERNARDINO : 120 kms 2525 m de dénivelée
Le matin au réveil , les nuages de la veille avaient disparu. Restait seulement en fond de
vallée un léger brouillard. L’air est frais , il faut enfiler le maillot à manches longues et le
coupe vent. Jusqu’au Majola pass (1815m) la route suit les lacs de la vallée de Saint Moritz et
il n’y a pratiquement aucune dénivelée. Par contre les cinq premiers kms de la descente sont
très pentus avec des virages très serrés puis la suite s’effectue dans une large vallée qui se
rétrécit avant d’arriver à Chiavenna en Italie.
En allant sur le Majola passDe là il faut passer de 333m à 2113m en 30 kms. Les dix premiers sont assez pentus avec de
nombreux lacets courts , la vallée s’élargit vers Campodolcino avec même un km de descente
dans la ville. La pente reprend de plus belle avec des passages en galeries très mal éclairées
ou le bruit de la moindre voiture ressemble à celui d’un boeing au décollage ! Arrivé à 6 kms
du sommet la pente se radoucie en vue du barrage du Splüga , la route en prend le bord sur 3
kms jusqu’à Monte Splüga ou la route se redresse de nouveau pour les trois derniers kms du
Splügenpass(2113m).
En descendant le Splügen pass paquet de nouille !
Côté suisse la descente est sans doute celle que vous verrez très souvent en photo dans des
récits de randonneurs : c’est un vrai plat de spaghetti avec notamment une série d’une dizaine
de lacets empilés les uns sur les autres et très réguliers.
La bonne moyenne de la journée réalisée grâce notamment à la longue descente du matin , le
grand beau temps régnant sur la vallée de l’Interhein , m’incitait à poursuivre ma route pour
passer le Passo del San Bernardino (2065m). La route remonte la vallée sans difficulté
pendant 11 kms jusqu’à l’entrée du tunnel routier ou l’ascension proprement dite débute. Il
reste 9 kms pour s’élever de 450 m. Autant dire que la montée est aisée si ce n’est le vent de
face trouvé à mi pente l’arrivée au col et son lac s’effectue avec un coup de pédale (presque)
aérien ! Je peut faire le fanfaron auprès d’un couple de motard en leur disant dans mon
meilleur(!) allemand que ce côté « ist nicht sehr schwer »(pas très dure) La petite cité
thermale de San Bernardino , 7 kms plus bas m’accueille au terme d’une belle étape.
En remontant sur le San Bernardino10 ème étape : lundi 31 Août :SAN BERNARDINO – SANTA MARIA MAGGIORE : 115 kms 850 m de dénivelée
Il fait un peu frais mais grand beau temps au départ de San Bernardino station thermale un
peu désuète avec quelques commerces fermés. Je suis à 1600 m d’altitude , je m’habille en
conséquence et après un faux plat jusqu’à la Forcolla , j’attaque une belle descente par paliers
jusqu’à la frontière italienne.La route croise ou longe la voie express arrivant du tunnel dont
l’entrée est à San Bernardino. Arrivé à Bellinzona , j’essaye de prendre les voies cyclables
mais échaudé par ma mésaventure de Bolzano , je préfère récupérer la route qui mène à
Locarno. A l’approche du lac Maggiore , les agglomérations se touchent et arrivé à Locarno
j’ai grande peine à en sortir en dehors de la voie express interdite à mon équipage.
Finalement depuis le joli port d’Ascona j’arrive à retrouver la SP 13 en direction de la
frontière ou je fais tamponner ma carte de route puis de Cannobio ou je quitte les bords du lac
pour m’engager dans le Val Cannobina une belle vallée encaissée avec quelques villages haut
perchés.
Lac Maggiore
Canobio
Village perché dans la vallée ConobinaLes premiers kilomètres avec quelques lacets sont assez raides mais bientôt la route surplombe
en pente douce un torrent. Je m’arrête pour un plat de pâtes dans l’une des rares localités
traversées et repart pour les derniers 650 m de dénivelée en 21 kms le plus souvent à
l’ombre de charmes , de frênes ou encore de châtaigniers.
Arrivé au sommet un cyclo local , qui vient de me rattraper me fait remarquer la stèle
baptisant ce col du nom de Marco Pantani.La descente sur Santa Maria Maggiore est courte et rapide et je m’y arrête de bonne heure
mettant un terme à l’étape la moins difficile de la randonnée.
Stèle pour Marco au sommet11ème jour : mardi 1er Septembre : SANTA MARIA MAGGIORE – SION : 140 kms 1750 m de dénivelée
Dernier gros morceau de l’expédition , le col du Simplon. Après 2 kms de montée en pente
douce jusqu’au Sella di Duogno , il faut descendre à l’altitude de 330 m environ à
Crevoladossola. J’attaque la marche d’approche en fond de vallée sur l’ancienne route du col
en passant devant une belle carrière de marbre. Auparavant j’avais rattrapé un cyclo
randonneur qui faisait le tour de Suisse en 4 semaines avec même des excursions à pied.
La route retrouve la route du Simplon , et passe dans de nombreuses galeries. Heureusement
que la circulation est peu intense car lorsque je croise ou suis doublé par des voitures ou des
semi remorques cela fait un raffut d’enfer. Je peux m’en extraire à quelques reprises pour
passer par le village de Varzo , puis après la frontière en sortant sur le village de Simplon
Dorf ou je peut suivre pendant quelques kilomètres une route parallèle qui par instant passe
même sur le toit d’une galerie ! En montant une plaque prouve s’il en est que le Simplon
constituait une voie de passage privilégié : sur une maison , sans doute une ancienne auberge
est inscrit : « Ici Napoléon donna une pièce de 5 franc en échange d’un verre de lait ».
Je retrouve la route à 3 kms du sommet ou le Monte Leone brille au soleil.
Du marbre pour mes escaliers !
Au dessus de Simplon Dorf
Le vent étant assez fort au sommet , je bascule très vite dans la descente avec là aussi de
nombreuses galeries. En m’arrêtant pour une halte casse croûte je rencontre un couple de
l’Aube membre du club des 100 cols qui essaye d’augmenter le capital de cols de plus de
2000 m de madame.
Arrivé à Brig la température s’élève et je cherche à rejoindre la route cyclable N°1 qui
théoriquement devrait m’emmener jusqu’à Sion et même au delà. Je la trouve , je la perds dès
que je rentre dans une localité , la retrouve à nouveau : cela est quand même mieux que la
circulation importante de la vallée du Rhône. Finalement à Sierre , je la suis en bordure du
fleuve pendant 20 kms tranquilles mais monotones au possible. Ce soir à l’hôtel je peux enfin
lire un journal en français : la seule chose qui m’ait vraiment manqué depuis deux semaines,
avec le pain bien entendu !
Pétunia suisse !
Le valais
La route cyclable N° 112 ème étape : mercredi 2 septembre : SION - THONON LES BAINS 110 KMS 1000 m de dénivelée
Dés la sortie de Sion je me dépêche de retrouver la route cyclable N° 1 et la suit , cette fois
bien indiquée , soit au bord du Rhône , soit au milieu des pommiers ou d’autres cultures
maraîchères. Sur ma droite les coteaux sont couverts de vignes.
Cette route cyclable m’évite même de passer à Martigny et j’arrive à Monthey ou m’attend la
dernière difficulté des vacances : le Pas de Morgins (1371 m). Jusqu’à Trois Torrents , la
pente est assez relevée , il fait lourd et je transpire abondamment ensuite l’inclinaison est
moins importante puis la route devient plate à l’entrée de Morgins. Des douaniers suisses
débonnaires , pas stressées ni débordés par le labeur apposent le tampon sur ma carte et je
peut me laisser glisser jusqu’à Châtel et la Chapelle d’Abondance ou je m’arrête pour
déjeuner. Bien m’en prend car une très sérieuse averse se déclenche pendant le repas. Quand
je repart la pluie s’est arrêtée et reprend malheureusement un peu plus loin. Finalement
seulement une petite heure d’intempérie sur 12 jours je m’en tire pas trop mal et
même une crevaison à 6 kms de Thonon n’arrive pas à me faire perdre ma bonne humeur.
C'est fini