Préambule
L'ASPTT AMIENS Cyclotourisme 48 adhérent(e)s, club de la plaine picarde où les cols sont inexistants, possède en son sein 30 membres du Club des 100 Cols avec un "palmarès" allant de 1 321 cols à 119 cols (statistiques 2000).
Depuis 1984, chaque année une sortie "club" d'une semaine est organisée afin de découvrir une région "collistisque", montagneuse en France ou à l'étranger.
Ce récit et son parcours détaillé, sans ambition, concocté par Patrice Godart, Jean Galimant et Gérard Gavory, vous proposent d'effectuer en compagnie des 19 cyclos Amiénois et de leurs accompagnateurs, la
RANDONNÉE PROVENÇALE
Détail des parcours Photo du groupe
Samedi 4 Septembre 1993
"L'enclave des Papes"
DONZERE,
ici DONZERE, tout le monde descend !. Tout doucement et péniblement, car nous
venons d'effectuer 12 heures de route et de passer la nuit inconfortablement
dans le bus de l'ASPTT AMIENS. Il est environ 7 heures, nous établissons notre
campement provisoire sur la place publique.
La
ville s'éveille. Quelques commerçants installent leurs étals sur la place du
marché, à l'ombre des platanes. La température est douce. Nous sommes loin de
notre PICARDIE...
Indépendamment
du bus, une camionnette fait partie du voyage. Elle aura pour pilote
Jean-Jacques Pruvot accompagné de Marie-Paule Gavory; Tous deux auront pour
mission de "dorloter" l'escadron.
Une
surprise nous attend lorsque nous décrochons nos vélos de la remorque: ils
sont tout noir des gaz d'échappement de la camionnette. Aussi notre premier
travail est-il de faire un semblant de nettoyage de nos montures avant de les
chevaucher.
Ensuite,
c'est le petit déjeuner pris en plein air. Rien ne manque: café, thé,
chocolat, pain beurre, confiture... enfin tout ce qu'il faut pour restaurer des
cyclos affamés qui vont prendre la route.
Celle-ci
nous conduit tout d'abord à Grignan. Les vignes s'étendent de part et d'autre
de notre itinéraire, je constate que le raisin est mûr, ça peut toujours
servir...
A
Grignan, Madame de Sévigné statufiée nous attend place de la mairie, plume à
la main. De son temps elle n'avait pas la visite des cyclos.
Le
regroupement s'effectue et un tour des remparts de la ville nous conduit à
l'entrée du château d'où l'on jouit d'une vue sur les toits de la localité
couverts de tuiles romanes.
De
Grignan, nous nous rendons à Valréas, dénommée "l'enclave des
papes". Cette ville -ainsi que divers villages voisins- présente la
particularité de faire partie du département du Vaucluse et d'être entourée
de tous côtés par la Drôme, comme une île au milieu de la mer.
Notre
visite à la coopérative vinicole St Jean n'est pas couronnée de succès, en
effet, on nous ignore purement et simplement. Pourtant dans notre comportement
rien n'indique que nous sommes des soiffards perpétuels.
Nous
nous égarons volontairement dans la ville de Valréas ce qui nous permet de découvrir
un magnifique château devenu hôtel de ville, puis l'église romane que nous
visitons.
La
route monte à la sortie de ce village et près de Venterol Jean-Jacques et
Marie-Paule nous attendent pour le repas du midi. Ils ont installé la table
dans un petit pré où nous serons tranquilles pour pique-niquer.
Après
m'être offert, sans permission dessert supplémentaire dans la vigne voisine,
je pars à la recherche du Col du Pontias (519 m) mais j'échoue dans
une cour de ferme en cul de sac.
Je
retrouve le gros de la troupe très perplexe à un carrefour. Après quelques
allers et retours, nous sommes enfin sur la route du col du Pontias. Il
fait chaud cet après midi, la route serpente dans les vignes. Le col franchi,
nous plongeons sur Nyons.
Aux
pilles, après un virage à droite, nous nous retrouvons tous sur la route du Col
de la Croix Rouge (513 m). Les vignes ont disparu, faisant place à quelques
petits champs cultivés. Le pourcentage n'est pas sévère si bien que ce col se
grimpe facilement, mais ce n'est pas pour cela que j'arriverai au sommet dans
les premiers.
Puis,
c'est une longue descente qui serpente dans la garrigue et nous conduits à
Vaison la Romaine. Cette ville mérite qu'on y consacre un peu de temps compte
tenu des nombreuses curiosités qui y existent. Tout d'abord les ruines romaines
qui nous donnent une idée de la somptuosité de l'habitat à cette époque,
maisons à colonnades ornées de statues. C'est ainsi qu'ensuite nous arrivons
au pont romain que les crues dramatiques de l'Ouvéze l'année passée ont fait
connaître à la France entière. Etant donnée la hauteur de ce pont, on à
peine à croire que l'eau n'ait pu s'écouler dessous. Nous découvrons la
partie de Vaison en ruine, détruite par cette crue, un quartier entier a été
démoli
La
cité médiévale de Vaison la Romaine mérite également qu'on s'y attarde. Les
vieilles rues sont en pente raide et la visite s'effectue tantôt à pied tantôt
sur le vélo.
Maintenant,
direction Rasteau, distant d'une dizaine de kilomètres, où nous devons séjourner
une semaine. Nous cheminons au milieu des vignes, en plein vignoble des Côtes
du Rhône.
Nous
découvrons alors notre lieu d'hébergement: le Centre Départemental
d'Animation Rural. Parfaitement adapté pour recevoir des groupes, nous
disposons de petits boxs avec deux lits superposés, et deux salles de douches
sont à notre disposition. Les repas seront pris dans une grande salle à
manger, et, chose importante, nos vélos "dormiront" à l'abris d'une
véranda.
Ce
soir nous prenons notre premier repas en commun et la direction du Centre pour
nous accueillir nous offre l'apéritif, évidemment un vin doux de Rasteau spécialité
du pays.
Avant
"d'attaquer", nous procédons à un déménagement des tables afin d'être
tous ensemble et de former une tablée familiale.
Pendant
notre repas arrivent Isabelle, Gérard Gavory et leurs enfants, ce sont
d'anciens Amiénois toujours licenciés au club, mais émigrés pour raison
professionnelle à Draguignan. Gérard -cosignataire du présent compte-rendu
passera la semaine avec nous.
Hormis
la fatigue du voyage, la journée n'a pas été très épuisante, bilan : 84 km,
monté deux petits cols, pour 729 mètres de dénivelée.
Comme
la nuit précédente s'est passée dans le bus, vers 22 heures les feux sont éteints,
tout le monde a regagné son lit d'autant plus que la journée de demain sera
plus mouvementée.
Dimanche 5 Septembre 1993
"La Vélocio"
Après
le petit déjeuner pris à Rasteau vers 7 heures 30, à 8 heures nous sommes en
selle: direction Malaucène. Le vent souffle assez fort sur la route de Vaison,
je me demande ce qu'il en sera là haut.
Le
Mont Ventoux - surélevé par la tour de son observatoire - domine calmement et
innocemment la plaine provençale et les derniers contre forts alpins. Ce géant
semble narguer les fourmis que nous sommes...
La
journée s'annonce belle. Il vaut mieux qu'il en soit ainsi pour affronter ce
Mont qui, s'il ne porte pas le nom de col, en a toutes les caractéristiques :
pourcentage élevé, lacets, points de vue, etc...
Jusqu'à
MALAUCENE, c'est un galop d'échauffement. Les cyclos de l'ASPTT CARPENTRAS sont
venus nous apporter leurs encouragements.
9
heures sonnent au clocher du village lorsque nous attaquons la pente. Nous ne
sommes pas seuls, nombreux sont les cyclistes qui en ce dimanche se lancent à
l'assaut du mythique mont. Un groupe important du club des cyclotouristes
Carcassonnais grimpe souvent en notre compagnie. Pour eux, qui les Pyrénées
sont leur terrain d'entraînement, éprouvent autant de difficultés que nous.
La
grimpée va s'effectuer dans d'excellentes conditions : route en parfait état,
ciel est bleu, vent est presque nul et température fraîche, mais idéale.
Chacun monte à sa main, si bien que l'équipe des Amiénois ne reste pas
longtemps groupée et je me retrouve en queue de peloton. Le petit plateau est
à l'ouvrage, il est vrai que le pourcentage frôle souvent les 10% !
Au
fur et à mesure que la route s'élève, on découvre la nature située au nord
du Ventoux, sans cependant pouvoir donner un nom aux quelques villages qui
apparaissent dans le lointain.
Avec
patience, on voit les kilomètres diminuer. Les Ponts et Chaussée ont eu la
bonne idée de porter sur les bornes non seulement le kilométrage, mais aussi
l'altitude. La surprise est agréable lorsqu'on constate qu'il reste un kilomètre
à grimper moins que prévu, une borne a simplement échappé à notre
vigilance. Mais dans les derniers kilomètres - à la borne 5 - succède celle
de 4,5 km: voici un kilomètre qui ne fait que 500 mètres; mais il faut bien
trouver le compte à l'arrivée.
C'est
avec plaisir que j'arrive à hauteur de notre camionnette arrêtée sur le bord
de la route, où Jean-Jacques filme les cyclos suant et soufflant et cela me
permet de me restaurer et de me rafraîchir.
Soudain
la forêt dans laquelle la route se déroulait depuis le départ s'arrête et
fait place à un immense pierrier. Le Ventoux apparaît, là, au-dessus de nos têtes.
On croit déjà y être, mais plus de 2 kilomètres restent à couvrir. Les
voitures qui roulent au-dessus de nous nous indiquent la route à prendre.
Encore un effort, et le sommet (1 909 m) est atteint dans un paysage lunaire
recouvert de pierres blanches.
Mes
coéquipiers sont déjà arrivés et nous avons le plaisir de retrouver Louis
Sannier (autre Amiénois) qui nous a rejoint après être descendu d'Amiens à
bicyclette et avoir fait un "léger détour" (sic!) afin de chasser
les contrôles BPF des Alpes de Haute Provence.
Gérard
Gavory a réalisé le meilleur temps puisqu'il a grimpé en moins de 2 heures,
Jean Galimant, le plus mauvais - ou le moins bon - puisqu'il lui a fallut 3
longues heures pour se hisser au sommet. Mais savez vous qu'en 1958, contre la
montre, Charly Gaul a escaladé le Mont Ventoux en 1 heure 2 minutes et 9
secondes; cela laisse rêveur...
Là
haut la température n'est pas élevée, un vent froid souffle et il faut se
couvrir sans tarder. Quelques photos souvenirs sont faites rapidement avant de
plonger vers Bédoin.
Nous
franchissons en descente le Col des Tempêtes (1 829 m), puis passons
d'abord devant la stèle élevée en souvenir de "Gaulois", capitaine
de route des AUDAX, mort de froid au Ventoux qu'il avait escalade à Pâques
simplement vêtu d'un petit maillot. Puis c'est celle de Ton Simpson, décédé
tragiquement lors d'une étape du Tour de France, le 13 juillet 1967.
La
longue descente nous récompense des efforts de ce matin, et des cyclistes
grimpent toujours à l'assaut du Géant, nous les encourageons La route est en
excellent état et nos descendeurs s'en donnent à cœur joie.
A
Ste Colombe, c'est le regroupement général. Apres le froid du sommet, c'est la
chaleur étouffante. A la forêt de cèdres succède le vignoble des cotes du
Ventoux, évidemment!
A
Flassan, près du cimetière, nous installons notre bivouac pour le repas du
midi. Nos voisins ne seront pas gênants! Comme à l'habitude l'apéritif précède
notre repas, mais en avions-nous bien besoin, le Ventoux ne nous avait-il pas
aiguisé l'appétit ?
Une
photo du groupe avec en toile de fond le Mont Ventoux, immortalise (sans jeu de
mots avec nos voisins) notre journée.
En
guise de digestif, on se fait le Col des Abeilles (996 mètres), puis de
nouveau une super descente sur Villes sur Auzon. Afin de finir ou de se finir en
beauté, nous escaladons le Collet de Morel (762 mètres), puis le Col
de la Ligne (756 mètres) et pour terminer nous franchissons le Col de
Murs (627 mètres) avec ces rochers érodés, arrondis et impressionnants.
Notre
"Vélocio" se termine sur l'esplanade des Platanes à Carpentras où
nous retrouvons les participants de cette mémorable journée qui sera bien
"arrosée" comme il se doit!
Notre
retour à Rasteau s'effectuant en bus pour un repos bien mérité, bilan de la
journée : 148 kilomètres – 6 cols – 3 042 mètres de dénivelée.
Lundi 6 Septembre 1993
"La montagne d'Angèle"
Je
ne vous dirai pas qui est Angèle ni pourquoi une montagne porte son nom.
Notre
bus nous conduit tout d'abord jusqu'à Nyons distant de 16 km où nous
retrouvons nos montures. Le ciel est d'un bleu provençal et la journée
s'annonce belle.
Notre
troupe se met en route et jusqu'aux Pilles, nous empruntons une route
"circulante" qui nous oblige à rouler en file indienne. Une
bifurcation sur la gauche nous dirige vers St Férréol Trente Pas et l'itinéraire
de ce jour se déroulera hors des grandes routes, dans le calme le plus complet.
Certains
vont monter le Col (556 m) sans nom, il ne doit pourtant pas être
difficile de lui donner une dénomination. En compagnie de Louis Sannier, je
continue et nous montons de concert le Col de Valouse (735 m). Le comité
antialcoolique de la Drôme a fait dresser des pancartes: "on commence par
un verre, on finit par un tonneau...", boirait-on plus ici qu'ailleurs ?
Nous
sommes en pleine campagne, la récolte de la lavande a été faite en août et
quelques distilleries fonctionnent. Le Col de la Serre (498 m) doit être
en descente, mais nous ne l'avons pas vu passer. A l'entrée de Dieulefit, le
regroupement a lieu. Personne ne manque à l'appel d'autant plus que c'est
l'heure du casse croûte matinal.
Dieulefit
aurait mérité qu'on s'y arrêtât plus longuement : en majeure partie, les
maisons sont édifiées en pierres et une grande animation y règne.
Maintenant
nous allons entrer réellement dans la montagne d'Angèle. Elle est doucement
vallonnée. C'est tout d'abord le Col de Pertuis (626 m) qu'il nous faut
affronter, il n'est pas bien méchant, mais comme il commence à faire chaud,
aussi transpirons-nous dans cette grimpée. Ensuite se succèdent les Cols de
Vontebrun (638 m), de Vesc (725m) et de l'Homme (616 m). Comme
nous sommes hésitants au carrefour de diverses routes, nous interpellons le
facteur qui nous renseigne d'autant plus aimablement qu'il a travaillé à La
Poste d'Amiens, comme le monde est petit.
C'est
à Vesc qu'aura lieu notre repas du midi. Nous trouvons un espace vert, avec
ombre et bancs. Aujourd'hui c'est le grand confort. Comme il fait chaud, les
maillots sèchent sur la pelouse.
Jusqu'à
Crupies, la route descend, c'est excellent pour la digestion et la remise en
jambes. A Bouviéres, j'abandonne Patrice Godart (notre président/organisateur)
et Dominique Gautier qui vont monter le Col de la Sausse (791 m).
Quelques
lacets assez prononcés marquent le Col de Lescou (829 m). J'y retrouve
au sommet Gérard Avisse et Bernard Delépine qui surveillent quelques cyclos
Amiénois qui sont partis à l'assaut du Col de Muse (932 m), quelque
fois qu'ils ne montent pas jusqu'au sommet...
Je
continue seul jusqu'au Col de Pré-Guiitard (914 m). Dans cette région
peu habitée, la circulation est presque nulle, ce dont nous ne nous plaindrons
d'ailleurs pas.
Et
c'est ensuite la longue descente en direction de La Motte-Chalençon. Au pied du
Col de la Pertie (972 m), je retrouve Gérard Postel qui attend le reste
du groupe. Je vais jusqu'à La Motte-Chalençon poster quelques cartes. C'est un
contrôle BPF que j'ai tamponné il y a quelques décennies. Il n'y a d'ailleurs
rien de particulier à voir dans la localité elle-même.
J'emprunte
alors seul le chemin du retour. En effet, cet après-midi le groupe ayant
quartier libre quant à la chasse aux cols à été assez éparpillé, tous
n'ayant pas suivi le même itinéraire.
Le
village de St May domine les gorges du même nom. Et à Sahune je retrouve Gérard
Postel et nous faisons route ensemble vers Nyons, terme de notre étape.
Notre
bus nous attend sagement sur la place, mais pas de chauffeur, il est vrai qu'il
fait partie des cyclos et qu'il doit se trouver avec le reste de la troupe, en
attendant, je vais monter jusqu'au vieux village qui domine la vallée de l'
Eygues.
La
majeure partie du peloton arrive après avoir fait une sérieuse partie de
manivelle à en croire leurs commentaires.
Notre
retour à Rasteau s'effectuant en bus, bilan de la journée : 138 kilomètres
– 12 cols – 1 855 mètres de dénivelée.
Mais
la journée n'est pas finie car ce soir Louis Sannier arrose ses 20 "Flèches
de France" qu'il a terminées quelques semaines plus tôt; il est le quatrième
de notre club après Gérard Carbonnier, Patrice Godart et moi-même.
Mardi 7 Septembre 1993
"Les dentelles de Montmirail"
Aujourd'hui,
nous ne consacrerons que la matinée à la bicyclette, l'après-midi étant
destinée soit au farniente ou à la visite d'Avignon.
Il
a plu fortement cette nuit et lorsque nous partons le temps est bien douteux,
mais cela n'est pas fait pour nous arrêter. Rasteau étant situé sur une
hauteur, les premiers kilomètres sont en descente et qui plus est avec le vent
favorable. Cela n'est pas bon signe pour le retour. Nous sommes en plein dans le
vignoble des Côtes du Rhône : des vignes à droite, des vignes à gauches, des
vignes partout ...
Apres
Roaix, la route remonte pour atteindre Séguret, classé l'un des plus beaux
villages de France. Effectivement, il a du cachet avec ses vieilles maisons, ses
rues étroites et son église romane. Ne trouvant pas tout de suite la route du Col
du Coulet (370 m), nous errons dans le village ce qui nous permet de le découvrir.
La
route du Col du Coulet, est étroite, parfois peu revêtue et agrémentée
de nombreuses flaques d'eau.
Nous
zigzaguons tantôt dans les bois, tantôt dans les vignes et franchissons le col
sans nous en rendre compte, car il n'existe aucune pancarte au sommet. Quand
nous basculons de l'autre côté, c'est signe qu'il est monté.
Une
route étroite nous ramène à Crestet, et c'est une nouvelle fois la direction
de Malaucène que nous prenons, mais le Ventoux n'est plus au programme,
heureusement d'ailleurs car il est couronné de brume ce matin.
A
Malaucène, nous partons à l'assaut des Dentelles de Montmirail par le Col
de la Chaîne (472 m) qui nous voit passer de manière espacée.
A
Suzette, tout petit village, la route surplombe le toit de la petite église.
Les Dentelles de Montmirail sont la toutes proche de nous. C'est une petite
montagne au sommet déchiqueté, montagne bien haute puisque son sommet culmine
aux environs de 700 mètres.
A
Beaumes de Venise, pays du muscat, nous faisons un bref arrêt sur le marché.
Nous pensions y trouver le charme des marchés de Provence chanté par Gilbert Bécaud,
mais ce marché ne présente guère de caractère. Nous laissons passer une
averse avant de reprendre la route de Rasteau via Gigondas. Les costauds
s'expliquent entre eux par-devant, tandis que je rentre tranquillement et ferme
la marche.
Bilan
de la matinée : 62 kilomètres – 2 cols – 530 mètres de dénivelée.
Apres
un vote de manière très démocratique, la décision est prise de consacrer
l'après-midi a la visite d'Avignon où nous nous rendons en car. Par petits
groupes, nous visitons la ville, ses remparts, son pont St Bénezet, pour lequel
il faut payer pour aller dessus. La lourde masse du palais des Papes se dresse
au milieu de la vieille ville. Quelques averses nous empêchent d'apprécier la
ville à sa juste valeur.
A
17 heures, nous reprenons notre bus pour nous rendre à Sablet à la cave de
Gravillas. En effet la cave coopérative de Rasteau ne veut pas nous recevoir
après 18 heures, pourtant nous sommes de bons clients...
Evidemment,
cela commence par une timide dégustation avant de passer aux commandes. Pendant
que le responsable de la cave les enregistre, Régis D'Heilly officie dans les
fonctions de barman ce qui nous permet de goûter aux vins de 1989, 1990 etc...
Puis du Sablet, nous passons au Gigondas. Le gosier bien humide, nous regagnons
nos pénates à Rasteau
La
soirée n'est pas terminée car ce soir Jean Galimant arrose sa dernière et
cinquième "Mer-Montagne" (premier de l'ASPTT AMIENS à finir ce
brevet et que peu de cyclos ont réalisé).
Vers
22 heures 30, nous regagnons nos chambrées car demain d'autres routes, d'autres
ascensions/sommets nous attendent.
Mercredi 8 Septembre 1993
" Tour du Mont Ventoux (1ére étape) - le pays
de Sault"
Notre
bus nous ayant amené à pied d'œuvre, c'est à Carpentras que démarre notre
sortie quotidienne.
Apres
un coup de téléphone à ma famille, n'ayant pu le faire la veille, je pars
tranquillement, non sans avoir averti notre Président afin qu'il n'ait pas à
se demander ou j'étais passé.
Jusqu'à
Villes sur Auzon, la route est presque plate au milieu des vignes et des
cultures. Après cette localité, elle s'élève légèrement et entre dans les
gorges de la Nesque qu'elle ne tarde pas à dominer.
Le
groupe me rattrape, mais la cadence est raisonnable, chacun admire le paysage
qui nous captive. La Nesque a creusé une profonde entaille dans le plateau
calcaire du Vaucluse ce qui a donné un résultat étonnant. La montée est
douce, le soleil est doux, le vent est inexistant, tout est réuni pour que
cette matinée soit agréable. Nous roulons tous par petits groupes, Dominique
flemmarde en queue de peloton afin de profiter davantage des lieux. A divers
endroits, la roche a du être creusée pour permettre le passage de la route.
Les appareils photos sont en action. Patrice lance un oh! oh! retentissant et l'écho
lui renvoie sa voix à plusieurs reprises. Au belvédère, tout le monde se
regroupe et admire l'à pic impressionnant qui se trouve à nos pieds.
Après
le belvédère, nous redescendons vers la plaine de Sault, les champs de lavande
ont été coupés il y a peu de temps et soudain, Sault apparaît alors sur son
escarpement rocheux et nous contraint à une nouvelle escalade.
C'est
jour de marché et nous nous faufilons entre les éventaires des marchands qui
ont envahi une partie de la chaussée. Il parait qu'il y a un Col à Sault
(767 m) sur la route d'Aurel, mais rien ne le signale. Le soleil est bien
accroché dans le ciel et on ne pourra pas dire qu'il a plu à Sault... Jean,
repose-toi, car tu as pris un coup de soleil et tu vas être fatigué...
Jusqu'à
Aurel, la route est en surplomb des champs de lavande et autres qui s'étalent
sous nos pieds ou sous nos roues. Quelques semaines plus tôt les champs de
lavande doivent créer une bien jolie mosaïque. Quelques dizaines de mètres de
dénivellation et nous passons le Collet Blanc (765 m). Demi-tour pour
tout le monde, direction de nouveau Sault.
Sur le marché un marchand de légumes attire
notre attention car il vend de superbes melons. Quand nous lui demandons le prix
: 3 francs l'unité, nous ne pouvons résister et lui en achetons une dizaine,
voulant liquider sa marchandise il nous en donne 3 supplémentaires. L'inconvénient
c'est que des melons c'est volumineux surtout pour des cyclos sans sacoche ou
avec des sacoches réduites. Chacun se réparti la charge, trois melons à l'intérieur
de mes sacoches. Patrice Godart, Bernard Delépine, et Gérard Avisse en
logeront dans leurs poches ou sur leur poitrine, si bien que c'est un groupe de
cyclos bossus de toute part qui rejoint le lieu du pique-nique. Quant à Régis
D'Heilly, il préfère une courgette aux melons... Ce midi, le menu sera amélioré
de manière inopinée.
Nos accompagnateurs nous ont trouvé un endroit idéal pour le repas :
une prairie bien ombragée à coté de St Jean, hameau qui ne regroupe que
quelques maisons dont la moitié sont fermées.
En
guise de digestif, il nous faudra monter le Col de la Liguiére (998 m)
sous le chaud soleil, mais notre effort sera récompensé par une descente
magistrale qui nous conduit à St Saturnin d'Apt.
Et
c'est ensuite la découverte de Roussillon, contrôle BPF du Vaucluse. C'est un
village impressionnant car tout y est ocre: la terre, les falaises, les maisons
elles-mêmes. D'ailleurs c'est dans cette localité qu'on extrait l'ocre utilisée
dans la composition de diverses peintures.
Une
dizaine de kilomètres plus loin, il nous faut donner l'assaut à Gordes, vieux
village provençal évidemment perché au sommet d'une falaise. Patrice a trouvé
un raccourci pour y parvenir, mais il nous faudra recourir au plateau de
montagne pour arriver au village dominé par la masse impressionnante de son château.
Le regroupement s'effectuera sur la place et nous constatons que la sueur coule
de tous les visages. Une bière belge bien fraîche est la bien venue pour tout
le monde.
Nous
faisons un crochet par l'abbaye cistercienne de Sénanque érigée au 12éme siècle,
puis c'est la montée au Col des Trois Termes (574 m) qui, s'il n'est pas
bien long est pentu à souhait, puisque sur la Michelin figure deux chevrons.
Le
retour sur Carpentras s'effectuera à vive allure, mais nous n'oublierons pas de
saluer notre maître à tous, Vélocio, à Pernes les Fontaines où une plaque
apposée sur sa maison natale, commémore sa mémoire
Notre
retour à Rasteau s'effectuant en bus, bilan de la journée : 129 kilomètres
– 4 cols – 1 580 mètres de dénivelée.
Ce
soir, Dominique Gautier arrose son anniversaire, elle ne nous a pas dit le
quantième, mais chose curieuse, à l'ASPTT d'Amiens, c'est comme à Carrefour
ou Leclerc, il y a toujours un anniversaire …
Jeudi 9 Septembre 1993
"Les Alpilles et la Rome antique"
C'est
à St Rémy de Provence que notre bus débarque sa cargaison de cyclistes pour
notre sortie quotidienne. Le beau temps est encore au rendez-vous, mais il aura
la mauvaise idée de ne pas persister toute la journée.
La
route se redresse dés la sortie de la ville et déroule son tracé dans le
calcaire des Alpilles. Elle est suivie d'une descente et d'une remontée vers
les baux de Provence, ce qui nous vaut de "franchir" le Col de Vayède
(230 m), on a vu pire …
Beaucoup
d'entre-nous connaissent les Baux, mais c'est toujours un plaisir de flâner
dans ses rues étroites bordées d'échoppes, de restaurants et de marchands de
souvenirs en tous genres. A cette époque de l'année et en raison de l'heure
matinale, les rues ne sont pas encore envahies par les touristes et c'est sans
problème de circulation que nous visitons ce vieux village le vélo à la main.
Après
les baux, c'est Fontvieille qui a notre visite. Evidemment c'est vers le moulin
d'Alphonse Daudet que nous nous dirigeons. C'est un moulin comme les d'autres,
mais il a la particularité d'avoir inspiré l'écrivain pour ses contes.
Midi
sonne lorsque nous arrivons à Arles. La ville renferme tant de monuments
antiques, qu'il aurait fallu y consacrer l'après-midi pour la visiter en détail,
malheureusement, nous ne pourrons y consacrer que peu de temps, mais les arénes
nous donneront un aperçu de l'ampleur des monuments romains.
Ce
n'est pas sans difficultés qu'on trouve la route qui doit nous mener à
Beaucaire et c'est l'estomac dans les talons (pédaler avec cet organe si bas
n'est pas chose facile !) que nous arrivons passé 14 heures à Comps pour notre
pique-nique traditionnel.
Aujourd'hui
nous avons laissé les cols de côté, c'est si l'on peut dire une étape de
transition à but touristique et les curiosités sont nombreuses sur notre itinéraire.
Le
Pont du Gard, aqueduc destiné à ravitailler en eau Nîmes est connu de tous
puisque qu'il figure dans nos manuels scolaires d'hier et d'aujourd'hui.
Notre
journée n'est pas terminée, direction Uzès et ses fontaines
"moussues". Aucune déclivité, peloton groupé, allure sportive et
c'est des cyclos assoiffés qui profite des eaux "bienfaitrices" d'Uzès.
Maintenant,
il nous faut rentrer à Rasteau – 70 bornes – une peccadille, mais c'est
sans compter avec un violent orage qui s'abat sur nous à Tavel. Et si nous
n'avons pu goûter le rosé du même nom, nous avons profité de la halte forcée
pour chiper quelques grappes de raisins au goût agréablement sucré.
L'orage
passé, c'est de nouveau groupés que nous nous dirigeons vers Roquemaure, Jean
Marie Gourguechon, Jean Belin, Michel Martin (notre Miguel), Eugène Lefèvre,
le "ptit nouveau" tire le peloton avec un train d'enfer et prétendront
à l'arrivée n'avoir que caressé les pédales.
Le
directeur de la cave coopérative les Parpaouïns de Rasteau nous ayant invité,
c'est bien volontiers que nous avons dégusté moult verres de vin du vignoble
local avant de regagner notre gîte.
Bilan
de la journée : 148 kilomètres – 1 col – 766 mètres de dénivelée,
moyenne + de 28 km/h.
Après
cette dégustation, notre repas du soir fût bien animé et chacun se remémorant
des souvenirs vélocipédiques, les grands moments de la vie de notre club, et
c'est bien tard que certains ont regagné leurs chambres.
Vendredi 10 Septembre 1993
" Tour du Mont Ventoux (2éme étape) – les
Baronnies"
Aujourd'hui,
dernière étape de notre Randonnée Provençale. Les jambes sont un peu
lourdes, conséquence de l'allure d'hier, de plus, 147 km - 17 cols – 2 362 mètres
de dénivelée au programme, certains auraient souhaité terminer par une journée
plus reposante. Mais quand on a signé, c'est pour …….
C'est
à Entrechaux que notre bus débarque une dernière fois nos cyclos. Pas le
temps de se poser de questions et hop !, en selle, direction Brantes, charmant
village du département du Vaucluse et BPF.
De
suite, on est dans l'ambiance, Pas du Voltigeur (328 m), Col de Veau (386 m)
avant de remonter la vallée du Toulourenc, puis Brantes, village très
authentique et peu fréquenté à cette époque de l'année.
Petit
détour afin de faire le Col de Fontaube (635 m), puis celui des Ares
(634 m) avant de pointer un autre BPF de la Drôme, Montbrun les Bains.
Certains se souviennent de ces lieux fréquentés lors de Marseille – Mont
Ventoux – Marseille, un 300 km de légende en 1987.
M'étant
attardé à Montbrun, c'est seul que j'attaque une succession de cols : l'Homme
Mort
(1212 m), Macuégne (1068 m), Pigiére (968 m), détour pour le Négron
(1 212 m), 244 mètres de dénivelée en 3 km, bien les 10 % en guise d'apéro,
retour au Pigiére limite des départements de la Drôme et des Alpes
de Hte Provence et je retrouve enfin mes "copains" à Séderon pour
notre dernier pique-nique.
Ce
fut encore un repas pris sous le chaud soleil avec un ciel bleu à faire pâlir
les Picards que nous sommes. Le paysage est bucolique, mais nous n'avons pas le
temps ……de prendre le temps.
Il
nous faut repartir à l'assaut des petits cols : des Vignes (820 m), Mévouillon
(889 m), d'Aulan (845 m) dénichés par Patrice Godart le concepteur de nos
séjours, à croire qu'il travaille non plus à La Poste, mais à l'IGN ou
Michelin, département localisation des cols sur carte.
Que
d'allers-retours afin de "chasser" les cols, pendant que les uns
montent, les autres descendent, un véritable chassé-croisé, car chacun négocie
à sa main ses moult grimpées.
Les
"hommes forts" s'affrontent à coup de sprints pour le meilleur
grimpeur, tandis que d'autres, escaladent ces cols au train de sénateur, car
qui veut voyager loin, ménage sa monture (sic ! Jean Belin).
Avant
St Auban sur Ouvéze nous entrons dans des gorges, puis à la sortie de ce
village, de suite après le défilé de l'Ouvéze, nous attaquons le Col de
Peyruergue (820 m), attaquons, car cette montée de
4 km donne lieu à une farouche empoignade de la part des grimpeurs.
Le
parcours est tellement tortueux que dans la vallée de l'Ennuye, nous avons
failli louper le carrefour de la D 162, nous cheminons sur une toute petite
route derrière la Montagne de Montlaud avant de franchir le Col d'Ey (718 m)
et de basculer sur le Col de l'Homme Mort (530 m) et Buis les Baronnies où
nous attendent pour l'ultime ravito nos "nounous" c'est ainsi que nous
les avons baptisés.
De
nouveau en selle pour un rapide aller-retour au Col d'Os (517 m) avant le
final endiablé sur des petites routes sinueuses nous permettant de franchir les
Cols de Perponcher (460 m) et de Propriac
(526 m). L'allure est soutenue, Patrice Pierrot, Alain, Gérard prennent des
relais soutenus ce qui a pour effet de faire "exploser" notre peloton,
mais notre élan est brutalement stoppé : un pont s'est effondré suite aux
tragiques inondations de l'an dernier et il nous faut franchir l'Eyguemarse à
pied….. sec heureusement et ce qui permet au peloton de se regrouper.
A
peine remis en selle, la course frénétique reprend, à croire que cette
semaine n'a pas été épuisante pour les organismes, mais bénéfique. C'est
l'emballage final, presque tout le monde enroule le grand plateau lorsque se présente
un virage relevé, puis deux, çà grimpe ! les dérailleurs grincent sur les
dentures avant et arrière, ayant eu la sagesse de rester sur le 40 dents je
passe en tête cette dernière bosse sous les caméras non pas de France 2, mais
de l'ASPTT Amiens, car Jean Jacques nous a immortalisés dans la pellicule et
nous aurons l'occasion de revivre cette Randonnée Provençale lors de notre
projection de fin d'année.
Après
Mollans sur Ouvéze, c'est groupés que nous "escaladons" le dernier
col de notre séjour : le Pas du Voltigeur (328 m), celui par lequel nous
avions commencé notre journée, puis c'est Entrechaux, terme de cette étape et
de la randonnée.
Bilan
de la journée : 147 kilomètres – 17 cols – 2 362 mètres de dénivelée.
Notre
soirée au Centre
Départemental d'Animation Rural de Rasteau fût "digne" de notre
club, et chacun refit en parole ses parcours, en évoquant les bons souvenirs,
les galéres, mais unanimement nous avons remercié nos accompagnateurs et
surtout notre organisateur : Patrice GODART, un maître en la matière.
Rendez-vous est pris pour 1994 pour les Grands Cols des Alpes (Iseran-Galibier-Croix
de Fer-Madeleine, etc …), ces cols prestigieux vont nous faire rêver ou
hanter nos futures nuits.
Bilan
de la semaine : 856 kilomètres – 44 cols – 10 864 mètres de dénivelée.
Tout
fini comme cela a commencé, dans le bus, direction la Picardie et le boulot
lundi matin, avec dans la tête une semaine et des paysages que nous ne sommes
pas près d'oublier.
ASPTT
Amiens Cyclotourisme E-mail
: patrice-godart@wanadoo.fr
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