Bonjour ! Pratique qui caractérisait les bonnes relations entre cyclotouristes. Jacques GODDET a dit, en recevant l'oscar du Cycle (officiel du Cycle n° 7, page 19), "la bicyclette : un engin merveilleux et engin aussi de concorde puisque, si les piétons s'ignorent, si les automobilistes s'invectivent, les cyclistes, eux, se saluent, se sourient et s'unissent." Et bien non, ce n'est malheureusement pas et plus toujours vrai. On rencontre en effet des gars sur un vélo qui ne répondent pas au salut qu'on leur fait. Ce sont toujours des gens qui se prennent au sérieux et ont certainement la satisfaction d'être leur propre champion, n'ayant pas le temps de dire bonjour, ne serait-ce que par un petit signe. C'est une race qui se développe inversement proportionnel au peu de kilomètres qu'ils parcourent. Vous ne les rencontrerez que par très beau temps, pas trop chaud, pas trop froid, bien sec. Car ils prennent un grand soin de leur petite santé fragile. Il y a plusieurs signes permettant de déterminer si le Monsieur en vélo va répondre ou non à votre bonjour. Il y a toujours un défaut de style, ça pioche, c'est trop raide, les jambes ne sont pas dans le plan des plateaux et surtout le maillot, la casquette, les chaussures, le vélo, tout est brillant et "m'as-tu-vu" au possible. Il faut être vraiment bête pour saluer ces gens là. Mais on ne sait jamais, aussi je salue tout le monde. Tant pis... Mais, s'il fait un vent à arracher la sacoche, s'il en tombe comme s'il en pleuvait, si le soleil vous prend pour un rôti à cuire au four, vous pouvez y aller, il vous sera répondu : car les fous se saluent. CARTE POSTALE (de col) - petite chose pouvant être à grand effet. Absolument pas faite pour faire plaisir au copain à qui elle est envoyée (ou si rarement). Elle permet, au contraire, de la faire râler de ne pas avoir encore ce col, de lui montrer que l'avance que l'on a, risque de se maintenir ou que l'on est en train de le rattraper petit à petit. De toute façon, c'est bien en toute amitié et ce ne sont que les très bons copains que l'on fait râler car il est extrêmement rare que l'on prenne le temps d'une carte sur celui de la route. Donc, tout cyclo sait qu'une carte de copains quel que soit le motif est une chose inestimable. EPREUVE CYCLO-TOURISTE - Terme qui voulait dire rencontre, rires, blagues, vive la vie. Actuellement, se méfier du sens attribué à ce terme. Exemple : En ce début de saison, je lis dans le journal local que le dimanche suivant, doit avoir lieu dans une petite ville voisine de la mienne, une épreuve "cyclo-touriste" de 100 kilomètres. L'heure du départ est donnée, ainsi que les heures d'ouverture et de fermeture de deux contrôles intermédiaires et de l'arrivée. Ces termes correspondent à mes possibilités et me voilà parti, en vélo avec l'aube pour rejoindre la petite ville organisatrice de cette épreuve. Petit brouillard du matin, soleil se levant sur la plaine et me voilà arrivé juste à l'heure du départ. |
Le temps de prendre mon engagement, je vois les dos d'un peloton compact qui s'en va à toute allure. Je prends donc la route, seul, comme je suis venu. Un et deux gars en vélo me passent en me demandant "où ils sont ?". Je leur réponds intelligemment "devant", et je continue toujours seul. Entre parenthèses, avez-vous remarqué cette race de soi-disant cyclos qui partent toujours en retard, pour bien montrer qu'ils sont capables de rattraper les pauvres diminués physiques qui sont déjà partis ? Ils doivent guetter le départ, cachés à un coin de rue en prenant un air innocent, dans leur voiture. Car ceux-là viennent toujours en voiture quelle que soit la distance de départ par rapport à leur habitat. Bref ! Je roule toujours seul, je grimpe la première difficulté et je dois arriver au contrôle 25 minutes avant l'heure maximum, donc tout va bien pour moi. Quand je suis croisé par une voiture, avec deux charmantes jeunes femmes, qui me demandent "si je suis de telle épreuve ?" "Oui", je suis de telle épreuve". Elles me tamponnent ma carte en me disant qu'elles rentraient pensant qu'il n'y avait plus personne. Ma belle petite ballade commence donc à se transformer sérieusement en course où je suis la lanterne rouge que l'on va montrer du doigt. Qu'importe, je continue. Deuxième difficulté, jolie commune, tout petit bois, belle vallée, beau temps. J'arrive vingt minutes avant le maximum au deuxième et dernier contrôle, qui est un bistrot. Là, le patron rigole, les deux ou trois consommateurs se marrent : ils sont tous passés et le gars du contrôle est parti il y a un quart d'heure. Tant qu'à faire, prenons notre temps, un café tranquille et nous voilà reparti. L'arrive se fait devant une salle des fêtes dont les derniers sont en train de sortir, on remet dans le coffre les boissons qui restent, parmi les sourires de commisération à mon égard, un seul me demande si je n'ai pas soif et est prêt à re-soulever le couvercle de son coffre pour me tirer un reste. Merci, merci, messieurs-dames, je n'ai vraiment pas soif, en tous cas de ce pot là. Je reprends donc ma route et refais, avec une ou deux variantes, la route du mati, toujours tout seul. Je roule beaucoup seul. Mais je n'ai pas besoin d'épreuves dites cyclo pour le faire. Je n'étais pas triste, j'ai bien rigolé, mais toujours tout seul, avec le sentiment que j'étais celui qu'on attendait pas. Et je vous prie "messieurs les cyclos" de bien vouloir m'excuser. La prochaine fois vous ne me verrez pas. Méfier-vous donc de ce terme cyclo-touriste. Pas trop, car il y a tout de même d'autres épreuves, et encore tellement de bons souvenirs et de bonnes rigolades... Jean BALME Dijon (21) |