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Des cols masos du bout du monde

Revue N° 08 Page 10

Tous nous étions bien entraînés à faire de longs efforts sur un vélo. Pour ma part, j'avais déjà effectué avant le départ 4000 kms ...

Voici le récit d'une mémorable étape :

Nous sommes à mi-parcours après avoir effectué 800 kms. Nous avons un jour de repos et nous entamons la deuxième partie. Le matériel commence à avoir pris de sérieux coups, le mauvais état des routes ne faisant pas de cadeau. Nous reprenons nos petites reines pour une nouvelle étape de 130 kms. Ce matin là le ciel est très gris et une faible pluie commence à tomber. Avant le départ nous avons droit à plusieurs discours et remise de médailles de là part des Autorités locales nous promettant une dure étape. Nous commençons à partir ; heureusement la pluie a cessé, la route est bonne, ce qui nous étonne car nous n'y étions plus habitués. Après 70 kms nous arrivons dans une localité appelée SOLO où nous sommes chaleureusement conviés à nous arrêter.

Une nouvelle réception est prévue pour nous avec des boissons. Nous rencontrons un club de cyclos local. Bien souvent, leurs vélos ne sont pas en très bon état, mais ils nous accompagneront pendant un moment. Après une bonne heure d'arrêt, il est déjà 11 heures, nous repartons et rapidement le décor change : la route devient plus mauvaise avec une succession de faux plats et il fait environ 50°. La fatigue se fait déjà sentir pour certains. Après avoir parcouru de nouveau 30 kms nous nous arrêtons dans une petite auberge : repas à base de brochettes, de riz et de fruits tels que bananes, mangues, ananas. Vers 14 h 30, avec une provision de gourdes de thé, les derniers d'entre nous partent. La route continue à s'élever, il fait toujours aussi chaud. Le décor est magnifique : des palmiers à noix de coco au lait rafraîchissant, des rizières très bien tracées, des bananiers. De tous côtés les volcans très nombreux dominent dans un élan majestueux. Eux, au moins ne souffrent pas de la chaleur !. Nous traversons de nombreux villages dont les habitants, dans la gaîté, nous applaudissent un peu étonnés. Plus nous avançons, plus la route est raide. Dans les 10 derniers kilomètres ce n'est plus qu'une succession de murs invraisemblables à plus de 30 % sur plusieurs centaines de mètres.
Aucun d'entre nous n'avait jamais rencontré un col pareil, ahurissant. Nombreux ont renoncé et effecttué des morceaux à pied, ce qui n'était pas plus mal. Pour prétendre escalader ces côtes il fallait s'armer de courage et de détermination, puiser le maximum de ses forces, avoir un petit développement : 32 x 24 ou même 30 x 26, debout sur les pédales recherchant la puissance. Pour ma part, j'étais obligé de m'arrêter dans certains replats pour rependre mon souffle avant d'attaquer le prochain mur.

Le plus impressionnant et dangereux c'était la descente de l'autre côté du col. Je commençais à ne pas me servir des cale-pieds. Je serrais les freins au maximum et dès que je sentais que je prenais un peu trop de vitesse j'évitais de prendre tout droit dans la ligne de pente en faisant des aller et retour de droite à gauche. Heureusement il n'y avait pas trop de circulation sur des escaliers pareils. “C'est dingue !”. Ce col s'appelle le “SARANGAN PASS” et culmine à 1 700 mètres d'altitude.

Après 5 kms de descente, nous sommes arrivés dans un splendide petit village. C'était la fin de l'étape et l'effort produit pour arriver là était récompensé par ce point de vue rêvé : un petit hôtel, de petits appartements de deux pièces pour deux avec balcon et vue sur un splendide lac entouré de palmiers, de fleurs exotiques aux couleurs vives. Les volcans pointaient toujours leurs silhouettes coniques dans les environs.

Pendant ce raid original je n'ai pu mettre, à mon regret, que quatre noms sur des cols distincts. Nous en avons probablement franchis d'autres, le parcours ne manquant pas de bosses.

Agréable souvenir d'un voyage extraordinaire dans un pays fascinant qui laisse rêveur ceux qui ont eu l'immense plaisir de le parcourir.

Robert DÉSAIRE

ANNECY (74)


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