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MA CHERE ARSINE

Revue N° 09 Page 45

Je viens encore te remercier pour l’accueil que tu m’as réservé en ce dimanche 3 août dernier.

Il y avait aussi, fidèle au rendez-vous, ce guide très éclairé qu’est le soleil…sans qui les choses…

J’ai été très sensible à toutes ces fleurs qui jalonnaient mon sentier (un vrai feu d’artifice de couleurs et de formes) ; des grandes à clochettes et des mignonnettes à ravir.

Tu avais sorti ton plus beau cristal avec tous ces petits ruisseaux qui scintillaient au-dessus des grands. Ici ça coule de source ! Mais dans ma plaine on dirait plutôt « mettre les petits plats dans les grands » vu qu’il n’en manque pas.

Je me suis, par ailleurs, bien attardé à contempler cette « Rivière d’argent » qui plongeait dans le fond de ta gorge. Devant la beauté je ne peux pas baisser les yeux. Tu me pardonneras donc de m’être si longuement rincé l’œil.

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Ma compagne habituelle, tu sais la petite Reine, est restée en bas, au Pied-du-Col, d’où je suis parti vers 6 h 30.

A 8 h. j’étais au chalet-refuge de l’Alpe du Villar d’Arène, à 2000 m d’altitude, pour casser une croûte.

J’ai flâné par la suite durant 2 h. jusqu’au pied de ton glacier, à travers les chaos rocailleux du sommet du Col, puis je suis revenu au même chalet pour mon repas de midi.

J’ai pu, ainsi, assister à ces scènes d’alpage qui m’enchantent toujours : ruminants dispersés en taches mouvantes sur l’étendue de l’Alpe, ânes figés attendant le maître près des chalets, moutons groupés et disciplinés grappillant l’herbe rase jusqu’au bord du névé, etc…
La marmotte s’est bien manifestée à plusieurs reprises et j’en ai sursauté la première fois bien que je m’y attende. L’une d’elle, sans doute la doyenne, avait le ventre qui traînait par terre lorsqu’elle s’est carapatée ; je n’ose pas dire « ventre à terre » car elle devait manquer de souffle.


Du sommet, j’ai pu contempler les hauteurs du Granon, au-dessus de la vallée, d’où la veille je t’avais bien examinée en compagnie de ma petite Reine. Tu parais moins séduisante sur ce versant de la Guisane, au point que mon amie a refusé de m’accompagner : - C’est ça ton ARSINE ! Vas-y seul si tu veux… et puis je ne tiens pas à me faire écrabouiller au retour lorsqu’il faudra revenir par le Lautaret jusqu’au Villar d’Arène

J’ai admis qu’elle pouvait bien avoir raison de temps en temps, mais j’ai décelé dans son objection une petite pointe de jalousie qui date de cette conversation téléphonique que nous avons eue en juin. Elle écoute aux portes du garage.

Il faut lui pardonner, je lui dois tant de beaux jours ! depuis tant de lustres !

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Alors j’ai convenu, le lendemain, de céder à son caprice en allant avec elle revoir encore une fois la Bérarde, tu sais cette Dame un peu snob qui lèche les bottes à la Meije.

Merci encore à toi, chère ARSINE, pour ce beau jour que je n’oublierai jamais.

Ton ami Cyclotouriste de l’Ain.

Jean Longefay

Savigneux (01)


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