Le tour de CORSE de la F.F.C.T. comporte : 1200 kms - 16 contrôles, 20.000 m de dénivelé. J'ai fait :1440 kms, 62 cols, en 13 jours, période de Pentecôte, et en solitaire sur des routes goudronnées impeccables. Que ce soit en montagne, en bordure de mer, ou sur des routes vicinales. Bien sûr, il y a parfois des nids de poule dans les routes de montagne. Mais il en est ainsi en Savoie, dans les Alpes Maritimes où, au cours d'un orage, les cailloux tombent et font des trous. Les cantonniers enlèvent les pierres, mais les trous restent jusqu'à...Alors, malheur au coureur qui met le nez dans le guidon, ou les cyclos distraits par le paysage car, à part les grands axes, il n'y a presque personne sur les routes de montagne. A mon avis la route la plus dangereuse est celle de l'Aéroport à Bastia. C'est la seule ligne droite de l'île. Elle a 20 kms. Alors les voitures roulent le pied à la planche sur un macadam parfait. Malheur à nous, cyclos, car le déplacement d'air peut nous envoyer sur la bande d'arrêt d'urgence, plus ou moins bien entretenue 10 à 15 cm plus bas. La Corse ? Ne ressemble à aucun autre terre, elle a son identité bien personnelle. Le centre de l'île : CORTE, et la Côte Est : BASTIA ville ancienne, sont portées vers l'Italie, dont ils sont proches. Par contre, la côte Ouest : AJACCIO, est ouverte à la mentalité occidentale. Mais, il n'y a quand même qu'une CORSE : celle qui lutte depuis des millénaires contre tous les peuples méditerranéens pour avoir son indépendance. Il y a peu d'ancien en Corse. Tout a été rasé par les guerres. Il ne reste que quelques tours gênoises. Comme édifices religieux, quelques églises anciennes, dont celle de LA PORTA, non loin de PIEDICROCE, en style byzantin et baroque et dont le clocher est un des plus beaux de l'île. Pour éviter les invasions, les Corses ont fait comme les paysans de l'arrière pays niçois : ils sont allés se regrouper et se réfugier en des lieux plus ou moins escarpés ou cachés, et où le sol pouvait encore les nourrir. Ils y ont bâti des maisons de granit, faites pour défier les siècles. Les pierres sont bien jointes et sans ciment. |
Elles sont d'aspect sévère toutes faites sur le même style. C'est que l'on n'a eu guère le temps de faire de la fioriture, face aux envahisseurs. Maintenant ces villages de montagne sont presque vides et abandonnés. Les murs gardent leurs secrets. Nul bruit ne vient troubler ces lieux. Parfois, j'ai eu le plaisir de saluer quelques vieux sur leur seuil de porte. Mais le cyclotouriste que je suis, a traversé des villages avec un sentiment de tristesse et de malaise. Pourquoi ce silence ? Pourquoi cet abandon ? Allez voir les monuments aux morts de 1914 et 1939, de LA PORTA, PIEDICROCE, CALACUCCIA, GHISONI, BASTELICA et tous les autres, vous serez édifiés par le nombre de Corses qui sont morts pour la France. Des familles entières ont été décimées, et ceux qui sont restés au village n'ont pu le faire survivre. Alors ils sont partis en ville ou sur le continent. Mais la maison des aïeux reste telle qu'elle était, envahie maintenant par le maquis . Elle n'est pas facile à vendre, elle fait partie du patrimoine familial. La CORSE ? J'y suis resté un mois. Faisant escale à BASTIA, PORTO VECCHIO, AJACCIO et PORTO. J'ai fait ce tour, sans aucune notion de temps. Observant la nature, les gens, photographiant ceci, visitant cela. Usant et plus du " tout à gauche " 38 x 28. Les ans en sont la cause (65 ans). J'ai emporté le souvenir de grandes étendues de maquis à la flore particulière. De forêts denses de chênes verts et chênes liège, de magnifiques pins laricio et de châtaigneraies séculaires. De petits groupes de porcs sommeillant au détour d'une route, des ânes quêtant des croûtes de pain, ou de petites vaches maigres mâchant je ne sais quelle herbe...mais aussi celui d'une région bien peu peuplée qui, par sa nature et son habitat, ne ressemble à aucune autre. Emile-Lucien BEROD NICE (06) |