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Cols

Revue N° 12 Page 25

Après quelques incursions dans l'Est, j'ai baladé mes pneus à rythme pas trop rapide, en Alpes. Une saison à l'Ouest du Massif en sillonnant les Savoies, la saison suivante à l'Est, en Slovénie et plus particulièrement dans le Massif de POHORJE et enfin retour dans l'Ouest vers GRENOBLE. Nombreux sont les cols yougoslaves dont l'altitude est comprise entre 700 et 1500 m, très peu sont répertoriés et pour causes, d'une part non baptisé, d'autre part les routes (chemins devrai-je dire !) ignorent tout ou presque de l'asphalte.

Ces voies ne manquent pas de charme, sont tranquilles, mais en contrepartie poussiéreuses, aussi les séances chiffons sont elles fréquentes et nécessaires. Mais en adepte des cyclo muletiers, on adopte souvent les sentiers non battus, si ce n'est à coups de semelle et de toutes façons les mêmes séances chiffons sont encore obligatoires.

Et cette navigation en solitaire laisse un certain temps, même un temps certain, d'activités intellectuelles. Car, bien entendu, l'esprit chemine au fur et à mesure que les jambes moulinent ou marchent dans les sentiers, tandis que les yeux se gavent de merveilleux paysages et que les oreilles enregistrent les sons les plus divers, émis par les oiseaux, les animaux, les torrents, voire le vent, même les grands oiseaux métalliques ! Le cerveau fonctionne donc et je vous livre quelques élucubrations distillées par le mien au cours d'un bon nombre de mes expéditions solo montagnardes. Il s'agit d'associations d'idées et de phrases dont le mot-clé est COL

A PROPOS DE COLS

Collons-nous donc la plume, sans trop la décoller du papier et prenons le collier.
Le cyclo collectionneur de cols, donc atteint de colite aigue, collaborateur des collectivités spécialisées"Cols durs" et-1 00 Cols", n'a rien d'un colonel, ni d'un coolie quand bien même il colporte sa collection dans son colis qu'il nomme sac de guidon.

Il se spécialise souvent dans le col cyclo-muletier. Son allure s'apparente alors un peu à celle du colimaçon ou du coléoptère naviguant au raz des colchiques et non en état de vol. Et lorsqu'il se colIète avec une raide colline, malgré que son pas soit aérien, rien à voir non plus avec le colibri ou la colombe.

Caracolant tranquillement, il ne redoute pas de collision, ni de prise de colback avec un individu colérique qui aurait pu se l'observer dans le collimateur.

Si, par hasard, il rencontre un collègue dans ses chères montagnes, le colloque s'engage et dans le langage coloré qu'ils affectionnent, peut être, en arrivent-ils même à se donner rendez-vous en Colombie ou au Colorado !?

Comme chacun sait, pays d'Amérique, colonisés par un certain Colomb, un col bleu colossal; qui cherchait en colonisateur qu'il était, les Indes, afin d'en faire une colonie espagnole ; mais qu'avait-il dans la colloquinte pour être fourvoyé de la sorte, heureusement encore que le colt n'était pas inventé !
Nos deux colistes donc, risquent fort d'arroser leur rencontres tels deux collégiens, mais sans alcool car ils attraperaient rapidement quelques coliques. Et tout le monde admet qu'il ne faut pas bricoler avec ça. Car en effet, ce bout d'intestin, le colon a de grands risques d'être décolmaté. Il ne peut plus alors s'exprimer sous la forme des traditionnels colombins, mais plutôt sous celle d'huile de colza. Brr ! rien que d'y penser, cela me met en colère ! car comment se soigner: collyres, collutoires ou autres collodions sont impuissants à colmater, ainsi qu'une colle forte, cette partie interne de l'individu.

Non, nos collecteurs de dénivelées, s'en mettent un coup derrière le collet, en empruntant à la source voisine, garantie sans colorants, ou à leur bidon. Ils ne sont généralement pas très collets montés et se tapent plutôt la colonne ou la cloche avant de se coltiner la suite de leur itinéraire, particulièrement choisi dans leurs cartes harmonieusement coloriées.

Le spécialiste en collection de cols, collets, pas, ports ou autres portets n'est pas un recolleur, seul le plaisir de la collecte et du collage de quelques noms supplémentaires (accolés d'une élévation) sur sa liste lui servent lui servent de leitmotiv permanent.
Il n'ira pas jouer à colin-maillard derrière les colonnades du Colisée dans la capitale italienne, mais plutôt admirer les colombages des vieilles maisons du massif alpin qui ont comme un air d'isbas kolkhoziennes en bois.

Quand le soir, il rentre à la maison, il rapporte certainement un quelconque colifichet à son épouse, sa douce colombine, aux yeux peut être teintés de khôl (pour n'avoir pas un air coléreux), s'il veut que son cher vélo reste colocataire de son appartement pendant encore longtemps. Se faisant de cette manière et par avance, pardonner, il pourra toujours dévorer d'un généreux croc, olives, brocolis, et autres douceurs culinaires amoureusement préparées.

Et, me direz-vous si par hasard, cette gente dame est elle aussi atteinte du même mal de collectionner, ah bien, ils collaborent, ainsi que des relations de collèges à un idéal collectif de coltineurs de bicyclette vers les sommets enneigés: le pied quoi !!
Amis cyclos, cherchez bien, il existe dans beaucoup de clubs, un tel mec, olibrius impénitent et vacciné non pas à coup de tube colombus, mais -à coup de rayons de bicyclette avec rappel épisodique.

Voilà, j'en ai terminé et j'espère que ces quelques vues empilées de bric et de broc, olympiques surement pas, ne vous ont pas trop importuné.

Au fait combien avez-vous trouvé de COL dans cet "A propos de cols" ? Et avez-vous remarqué que à part COL et COLLET jamais deux fois le même mot n'a été employé.

Daniel PROVOST

Bois d'Arcy (78)


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