Quel est ce col ?

Il est un col que l'on escalade au bord d'un mur. Au sommet, on surplombe ce mur et on aperçoit à une trentaine de mètres de distance un mur parallèle au premier.

Entre les deux murs, un interminable couloir de terre blanche et triste qui coupe la forêt en deux et, plus loin, une ville en deux. Ce couloir, soigneusement désherbé, est truffé de mines.

De l'autre côté, des miradors et des hommes en armes nous rappellent un état de guerre. Dans le regard du cycliste qui m'accompagne et me sert de guide, une profonde tristesse. Cet homme a 35 ans et il comprend difficilement pourquoi on l'oblige à pédaler en vase clos.

Cet homme m'a guidé dans cette ville fascinante ou, tout est fait pour la sécurité du cycliste et ou, de pistes cyclables en pistes cyclables on passe des quartiers industriels aux villas de luxe, des lacs tranquilles aux forêts ou les animaux sont rois.
Oui, cette ville est vraiment fascinante et ce minuscule col rencontré sur notre route est très romantique si, évidemment, on le regarde d'un seul côté... à l'ouest.

Au fait, comment s'appelle-t-il ce fameux col qui ne figure sur aucune liste ? Appelons-le simplement le Col de Berlin.

Robert BELLONI

Berlin, ce samedi de juillet 1984