Anecdote

Parmi les qualités inhérentes au vrai cyclotouriste, je crois que le sens de l'humour est l'une des plus authentiques.

Dans les pires moments, on ne doit jamais perdre l'occasion de se moquer un peu de soi-même car le vélo ramène à la modestie et à la vraie mesure.

Par une belle journée de juin, nous étions quelques 500 engagés dans une nouvelle galère de cyclotourisme montagnard, et après avoir parcouru prés de 200 kilomètres avec leurs lots de cols et de bosses de 1ère catégorie, nous abordions la montée du col des Saisies, versant Beaufortin. Chacun avait pris son rythme, plus ou moins alerte, la montée était rude, les jambes lourdes, le moral pas vraiment au top niveau, et nous songions à la bonne douche qui nous attendait là-bas, à l'arrivée à Combloux.

A peu prés à mi-pente, j'aperçus devant moi, un de ces cyclos typiques, comme je les aime, sans prétention ni maillot voyant, avec une bonne vieille machine et d'un âge ma foi, que l'on ne pouvait pas qualifier de tendre ou d'ingrat.

Le brave homme avait l'air de suer sang et eau et la souffrance se lisait sur son visage.

Comme j'arrivais à sa hauteur, j'y allais de mon petit mot d'encouragement (un peu destiné aussi à moi-même je l'avoue) :

- " Ça sent le sommet, hein ! ... "

Et là, de but en blanc, il me fut répondu :

- " Oh ! j'ai plus bien l'odorat en ce moment ! "

J'éclatais d'un bon rire devant la boutade qui démontrait que l'esprit d'à-propos et l'humour restaient maître malgré les difficultés du moment, qui ne poussaient guère à la plaisanterie.

Je crois que ce jour-là j'ai reçu une nouvelle leçon d'humilité. BRAVO " L'ANCIEN "

R. Jonac

ASCU Lyon