Né dans la montagne cévenole (celle de Chabrol), j'aime la montagne. Venant au cyclotourisme, il était inévitable que je la visite sur le vélo. Je devins collectionneur de cols sans m'en apercevoir. Plus tard, je découvris l'existence de la confrérie des 100 cols et en devins dés lors un membre actif. J'aime bien sûr tous les cols, mais certains d'entre eux m'ont apporté un petit plus que je voudrais vous faire partager. Les Brousses, avec ses 446 mètres, peut paraître modeste, mais, lors de mes douze ans, sur les traces de Bahamontés, il me fit beaucoup rêver. Le Malpertus, parce qu'aujourd'hui disparu, fauché par le progrès. Le Lautaret, premier 2000. Noyer et Chaudière me donnèrent chaud tandis qu'Agnes et Colombière furent franchis dans le brouillard. Le Meyrand sous la neige, suivi du Mas de l'Air sous la grêle me procurèrent des souvenirs cuisants. Du haut de ses 2444 m de non revêtu, Moutière me livre, en plus d'un paysage grandiose, un Bourricot et quelques campeuses fort peu vêtues. Pascalin, Lombard et Peureux, plus long à écrire qu'à monter. La Bonette, longue pente régulière, fut gâché par une marmotte massacrée par un chasseur fier de lui. Le col de Mantet, le plaisir du goudron retrouvé, après la traversée du Canigou et de ses Roques Blanches. Le Cormet de Roselend, qu'un jour de détresse, je finis à pied. Mais si certains sont des os ou des croix, il me fut possible, en montant au Paradis, de voir St Pierre avec l'Ange, écouter Canteperdrix. |
Bien sûr, j'eus d'autres aventures. Ainsi, en exil chez les Gascons, vis-je un prince sur de Belleroches rendant Justice à la beauté de Dyane ; celle-ci, plus habituée aux odeurs de Lentisques qu'à celles des Pistoles, succombait sous le charme. St Genest passant par-là, délivra la belle des griffes de ce loup. Celui-ci, fuyant à Grandpas, se révéla en fait, un triste cyclotouriste. Une autre fois, à la Chapelle de N.D. des Abeilles, un évêque, Belle Barbe au vent, Bonnet sur la tête et croix en main, bénissait pêle-mêle, Lièvre roux, Biche, Chat et Cabre, Saint Nicolas sonnait l'Angélus alors que St Sébastien, assis sur sa Cadière, dormait sous un Figuier. Je pus également franchir Barrière ou sauter Portail qui gardaient Veau, Vache et Bourricot, mais aussi monter les Vieilles et descendre le Pendu qui hélas était déjà un Homme Mort. Monter la Garde avec des Sentinelles lorsque Bayard n'est pas loin, me fut pénible, mais traverser les Prés Salés à Pas de Loup avec une Fromagère ou une Muse fut plutôt Gentil. Après toutes ces Batailles, il m'arriva d'en livrer une dernière à Bacchus, alors, malgré St Vincent, tel Alexandre, vaincu, je m'allonge au bord des Vignes et à l'ombre d'une Pierre Plantée, je m'endors en rêvant à de future conquêtes. (Tous ces Grand ou Petit Col m'ont vu passer, un jour ou l'autre, avec le vélo, parfois dessus, parfois dessous). Emile SOULIER U.C. MORNAS |