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Réveillon et vœux cyclos

Revue N° 16 Page 21

Comme les années précédentes, j'espère bien commencer la nouvelle année sur le vélo, sur la route de la Turbie, sur le 40 x 19, à l'heure où les fêtards de la nuit de la Saint-Sylvestre rentrent à la maison, enrichis ou appauvris par la tournée des casinos, avec ou sans gueule de bois ou crise de foie... Chacun ses traditions...

Je ferai sonner le réveil vers 3 ou 4 heures, et, sans faire de bruit, je prendrai la route pour le premier tour de manivelles, à la lueur des étoiles, des lampadaires du bord de mer ou des phares des voitures: lumières jaune ou blanche selon qu'elles soient françaises ou italiennes. Ce sera mon premier kilomètre de l'année, ma première grimpée, mon premier col pour mon premier lever de soleil sur la Méditerranée... Comme si c'était le premier jour d'un monde nouveau et d'une vie nouvelle, le tout début d'une année toute neuve. Comme chaque année, je serai particulièrement attentif au premier chant du coq, au premier angélus, aux premières odeurs de croissants, aux premières lueurs à l'horizon pour ne rien perdre de cette fête sensuelle et des gourmandises de la vie. Ce seront mes premières émotions, mes premiers frissons, mes premières suées, mes premiers bonheurs... Peut-être aussi mon premier sens interdit, mon premier feu rouge grillé, le premier pavé des possibles chutes de pierres...

Et l'illusion d'être chaque année au-delà du col de l'Arme... à gauche, le premier au Mont Agel, à flirter avec les lacets de la route militaire, hélas toujours interdite et désirée.

Et puis, je m'arrangerai pour travailler ce jour là : j'aime bien travailler quand les autres ne travaillent pas, et ne pas travailler quand les autres travaillent... Ce sera aussi un bon prétexte pour éviter de rencontrer chez moi toutes sortes de chiens, de chats, de perroquets, de poissons rouges et autres animaux domestiques venus à la maison chercher ou donner la bise.

On peut se demander pourquoi je monte ainsi à La Turbie le 1er janvier et à longueur d'années et d'années... C'est moins par obligation que par nécessité, moins par accident que par maladie ou bonne santé. Moins par hasard que par le choix... Plus qu'une habitude ou une tradition, c'est une fidélité... C'est peut être aussi pour l'eau de la fontaine, pour le monument d'Auguste, pour le souvenir de Napoléon, pour la dévotion à Saint Martin, pour la boulangère, pour un coin de ciel... C'est sûrement pour mon plaisir, pour le plaisir de te rencontrer, Toi que j'ai déjà rencontré(e) et que j'espère revoir... Toi que je ne connais pas encore et que j'espère rencontrer... A la Turbie ou ailleurs...

Paul ANDRE

MENTON, Décembre 87
La fourmi rouge de la Turbie.

- Parfaitement les contrôles peuvent avoir lieu pendant l'entraînement! (Le Hérisson Déc. 87)


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