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Rêveries en Haute-Ariège

Revue N° 16 Page 22a

Il existe un paradis sur terre !

C'est un cyclo qui me l'a dit au sommet du Col de Pailhères où il accueillait tous ses amis lors de la première randonnée en Haute Ariège :

" Un bien grand jour pour le Cyclo Club de Tarascon sur Ariège ! "

Les cieux avaient, pour la circonstance, revêtu leur parure bleue limpide. Il voyait le soleil briller dans les rayons de leurs bicyclettes. Il était heureux.

Véritable dentelle brodée sur fond d'azur, elles étaient si belles, ce jour là, ses Pyrénées Ariégeoises.

Ces montagnes sauvages ont su donner des hommes et du fer. C'était dans l'effort intense déployé pour gravir la difficile montée du Port de Lers bordée de cascades, ainsi que les pentes abruptes du Col de Péguère d'où il dominait la verte vallée Massatoise avec pour ange gardien la chaîne du Mont Valier, qu'il s'était forgé une âme d'Ariégeois et un cœur de Tarasconnais.

Des lacets harmonieusement dessinés du Col de Port en passant par la route de la Corniche avec ses vestiges de châteaux féodaux et ses merveilleuses chapelles romanes, il était devenu "Chevalier servant" de sa "petite reine". Comme Ornellana, lieutenant fidèle du Conquistador Pizarro, parti à la découverte du fabuleux El Dorado entre l'Amazone et l'Orénoque, il était parti cycler loin de son Ariège natale.

Les flèches, Brevets Montagnards et autres 400 Cols, l'entraînèrent aux quatre coins de l'Hexagone (ou six !...) Des Volcans d'Auvergne aux Ballons d'Alsace, du Col du Galibier au Mont Ventoux sans oublier la plaine de Camargue balayée par le vent, il découvrit le "Cyclotourisme".

Durant toutes ses randonnées aussi célèbres que lointaines, il ne cessait de chanter.

"Mes jeunes années courent dans la montagne,

Courent dans les sentiers, pleins d'oiseaux et de fleurs,

Et les Pyrénées..."

Et il rêvait toujours de ses montagnes Ariégeoises.

Depuis le paysage grandiose au sommet du Grand Colombier (spectacle ô combien mérité vous diront ceux qui ont gravi ce col) il put découvrir le Jura, la féerie des grands sommets Alpestres, le majestueux massif du Mont Blanc, et à ses pieds, le lac du Bourget aux eaux limpides. Mais il ne pouvait oublier le col de Marmare au printemps, et sa route qui serpente sous les verdoyantes frondaisons. Il revoyait le regard malicieux du berger, coiffé de son béret et qui, appuyé sur son bâton, lui lançait de sa voix rocailleuse: "Ça ne peut pas être jours pléniers!", tandis qu'il continuait à grimper en danseuse, bercé par le tintement des sonnailles qui pendaient au cous laineux des moutons.

- Etait-il dans une région lointaine ?

- Etait-il revenu au pays ?

Je le connais bien, je crois qu'il ne savait plus !

Il existe un paradis sur terre : Tarascon sur Ariège et sa région !

C'est un cyclo qui me l'a dit... ~

Jean-Claude EYCHENNE


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