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Problèmes de définition

Revue N° 16 Page 38c

Comment définir le muletier ? La consultation du dictionnaire n'est pas d'un grand secours. Nos lexicologues ignorent encore et le mot et la chose. Même nos académiciens ne se doutent certainement pas de ce que recouvre le mot. On peut rêver du jour où Nucera ou Faizant, entrant sous la Coupole, feront découvrir à nos Immortels quelques mots du jargon cyclo comme "flinguer", "650", ou "couraillon". En attendant, qu'est-ce que le muletier ?

Voici une définition simple : "pratique du cyclotourisme hors des voies goudronnées, sur des chemins dits muletiers et par extension sur tout sentier". Cette définition est cependant incomplète car elle ne précise pas que la locomo- tion peut se faire "pédibusse" comme eût dit Tartarin de Tarascon. En outre, il existe une forme pathologique dans laquelle ce n'est plus seulement le sentier qui est muletier mais le cyclo qui devient mulet (On peut même considérer alors que le vélo, étant sur le dos du mulet, devient de ce fait un muletier lui aussi. Vous me suivez ?)

Je propose donc une seconde définition pseudo-médicale, qui devrait avoir sa place dans un traité de médecine psycho-sportive : "forme morbide de pratique du cyclotourisme.

Dans les phases aiguës, le sujet refuse de monter sur son vélo (peut être pour ne pas le fatiguer ?) et prétend, au contraire, se transformer en bête de somme pour transporter sa monture. Le mal est généralement incurable".

A ces deux définitions, on peut en ajouter une troisième, que j'ai découverte récemment dans le Guide Joanne du Dauphiné, datant de 1895. On y apprend en effet, que certains hôtels de montagne disposent de mulets qui sont équipés de bâts spéciaux permettant le transport des vélos: "deux gouttières horizontales sont fixées solidement à un bât ordinaire. On engage les roues dans les deux gouttières et on les assujettit par une corde passée autour du pédalier, le guidon d'une des machines étant ensuite attaché à la selle de l'autre et réciproquement. De cette façon, aucun organe délicat ne peut être faussé". C'est bien alléchant. Hélas, notre auteur ne nous en dit pas plus. Où trouver de telles merveilles, et à quel prix ? Toute personne ayant déjà rencontré (ou utilisé !) de tels engins est vivement invitée à se faire connaître. Mon épaule droite vous remercie d'avance.

J.P. ZUANON


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