Partis de Crest pour un voyage itinérant dans le Diois et les Baronnies dont le but avoué était la chasse aux cols. Nous nous trouvions, ma fille Véronique et moi, au sommet du Ventoux ; la montée par Bédoin, quoique rendue pénible par la chaleur, avait été sans histoire. Nous admirions le panorama sur les Baronnies, quand un couple, arrivé dans une automobile immatriculée dans les Bouches du Rhône, engage la conversation et pose les questions habituelles. D'où venez-vous ? Pourquoi faites-vous ça ? Etc. Devant nos réponses qui traduisent notre amour de la montagne et de la bicyclette, d'où notre quête de nouveaux cols, la femme s'extasie. Son mari, après avoir examiné nos vélos, déclare péremptoire : Té ! vous avez 3 plateaux et 6 vitesses ; avec ça, vous devez monter facile. C'est tout juste si cet amateur éclairé ne s'étonne que sa monture ne soit pas attachée, des fois qu'elle ne se mette à rouler seule. |
Je regarde Véro dont la vertu dominante n'est pas la patience ; à son air, je pense que ça risque de devenir intéressant sous peu. Nous, continue notre méridional, on aimerait bien faire de la bicyclette, mais avec le mistral et la chaleur, ce n'est guère possible. Evidemment, répond Véro, vous n'avez pas notre chance : Dans notre région, il pleut tout le temps, et nous avons la veine d'avoir, pour ainsi dire en permanence, une bise rafraîchissante venant du nord. Pour nous réchauffer, nous sommes obligés de pédaler ; c'est d'ailleurs pour cela que nous avons un petit plateau qui nous permet de tourner les jambes plus vite. Sur cette conclusion sans appel, Véro estime le débat clos et nous tourne le dos. Ce qui l'empêche de voir la prudente retraite du couple vers leur voiture. Ah ces sordistes, doivent-ils penser, quels galéjeurs ! Roland POIVRE 21 DIJON |