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Ma Descente sur l'Alpe d'Huez

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J'étais, en ce début septembre 1987, à 1850 mètres d'altitude, au hameau des Combes, dans le Briançonnais. Au passage, j'informe les amateurs de V.T.T. qu'ils peuvent grimper par les Combes jusqu'au col Prorel et Notre Dame des Neiges par la route pastorale ouverte en septembre dernier et qui prolonge la D35a et la D135 au départ de Briançon. Du Prorel, on peut rejoindre le sommet de Serre Chevalier par le GR en muletier, le col de la Ricelle, le col de la Pisse, les cols d'Eychauda et de Cucumelle, tous au-dessus de 2000, avant de redescendre vers Chantemerle. Fermons la parenthèse.

J'avais donc prévu un voyage itinérant de 3 jours et 523 kilomètres. Le 3 septembre, au petit matin, nous quittons les Combes et descendons à Briançon. Route non goudronnée jusqu'à Puy Chalvin. 3 kilomètres. Nous grimpons le Montgenèvre et descendons à Cesana en Italie. De là, nous montons au Colle de Sestrières à 2033 mètres. Je fais tamponner ma carte de route "voyage itinérant" homologué par la F.F.C.T. (1) avec un contrôle par jour. A la sortie de Sestrières, nous prenons à gauche la route forestière non goudronnée qui va nous conduire à Susa par 52 kilomètres et une série de huit cols à plus de 2000 mètres. Nous avons des vélos de cyclo à pneus de 23 mm, et nous sommes passés sans crevaison sur ce tronçon non goudronné. C'est une piste sableuse qui comporte quand même quelques passages pierreux, mais çà passe bien. Après ces cols, mon compagnon de route a eu ce commentaire: "Pour huit cols à plus de 2000, ce n'est pas cher payé !" Il faut reconnaître qu'il est jeune et costaud.

De Susa (altitude 503m), nous remontons la vallée jusque Bardonnechia (1312 m) et attaquons les cols du Mauvais Pas et de l'Echelle (1766 m) que nous franchissons par une route non goudronnée. Nous retrouvons la France et descendons vers Névache, puis La Vachette et Briançon. Mon compagnon retournera aux Combes finir ses vacances. Ce fut une très belle journée de vélo en montagne.

Tout allait bien.

Je continuais mon voyage seul. Le 4 septembre au matin, je montais le col du Lautaret (2058 m) que je connais par cœur, et attaquais la descente, longue descente jusqu'au barrage du Chambon. Là, je quitte la nationale 91 et prends à droite la D25 qui monte à Mizoën. La montée est rude. Avant Besse, je prends à gauche la D25a. A Clavant le Haut, la route goudronnée s'arrête pour céder la place à un chemin carrossable mais pierreux. Je grimpe en souplesse sur le 32 x 23, et malgré cela, à un moment, mon vélo se couchera comme un cheval fatigué. Des moutons paisibles regardant cette scène s'arrêtent de brouter. Le ciel est bleu, avec quelques nuages sur les sommets enneigés. Le soleil darde ses rayons. Je transpire et me remets en selle pour terminer cette grandiose montée du col de Sarennes (2009 m). Il est midi. En face, un dôme de la Meije étincelle. Au col, quelques cyclos sont arrêtés. J'en fais autant après m'être couvert car l'air est frais. J'étais heureux d'être au sommet de ce col, car, de là, je pouvais aborder l'Alpe d'Huez d'une façon originale : J'allais descendre sur les 1850 mètres de l'Alpe d'Huez ! A vélo ! Les marmottes en étaient ébahies... A l'Alpe d'Huez, je faisais tamponner ma carte de route V.I. pour le prestige, puis je grimpais au col de Poutran (1996 m) et allais jusqu'au lac Besson où finit la route. Ce détour est à faire car très joli. Je repassais le col de Poutran, redescendais sur l'Alpe d'Huez, et me laissais glisser par la fameuse route aux virages numérotés jusqu'à Bourg d'Oisans. Je prenais ensuite la D526 qui monte au col d'Ornon (1367 m), route agréable dans la verdure. Puis je descendais jusqu'à La Mure, rejoignais Saint Sébastien où je faisais étape chez de la famille.

Le lendemain, 5 septembre, je continuais mon voyage par le col du Festre (1441 m), puis Veynes. La montagne, c'est fini pour cette année. C'est la rentrée, la transhumance est terminée. Des souvenirs plein la tête, des photos de montagne magnifiques vont me permettre de passer l'hiver et de faire des projets pour la saison prochaine qui arrive à grands pas.

Jean Claude MOUREN

(1) Règlement du Voyage Itinérant dans le guide du Cyclotouriste F.F.C.T. 1ere partie. Cartes de route à commander à la F.F.C.T.

Voyage Itinérant : 250 km au moins en autonomie. Seul, en couple ou entre amis 3 jours minimum vous roulerez selon votre humeur, à votre gré. Développez votre goût d'aventure à bicyclette... et sans voiture.


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