Depuis un certain temps Jean-Marie méditait sur la bonne parole du révérend père François (Rieu) tirée de l'évangile "Cyclotourisme" vantant ce que serait cette grand messe BCMF: la première randonnée de l'Iseran. Message reçu lors d'une ballade passant à proximité des restes de l'abbaye de Grandmont (87). 50e anniversaire de ces 2770 m qui firent en leur temps de l'Iseran la plus haute route d'Europe. Anniversaire également des Cyclotouristes d'Albertville. Pensez donc, JM fait partie de ces rares cyclos n'ayant gravi le géant que deux fois, une dans chaque sens ! 9 août 1952 : venant de Toulon, en passant par la Semaine Itinérante de Nice et se dirigeant vers le nord par la grande route des Alpes, il fêtait son 20e anniversaire au-dessus de Bonneval-sur-Arc, face à la Vierge de la Sainte Chapelle, avant de dévaler ce magnifique Val d'Isère. (Inoubliable). 27 août 1984 : bien de l'eau de l'Isère avait coulé sous le pont St Charles lorsque, venant de Thonon, JM se dirigeant vers Nice, fêtait malgré la fraîcheur du jour, son 52e anniversaire à l'étape de ce charmant Bonneval-sur-Arc. Donc en 1988, JM veut faire fort. Avec 3000 km, il arrive au soir du Vendredi Saint au terme d'une étape du tour cyclo de la Gironde, chez les amis Guy Deschamps et Ph. Roger à Périgueux : Trois jours de liesse cyclotouriste, comme d'habitude, pour ces Pâques en Périgord, où se croisent des amis venus des six coins de l'hexagone, sur ce territoire aquitain si cher à JM. Pour célébrer l'Ascension, rien de tel que ce week-end en Haute-Savoie : mercredi, coups d'œil du Mt Salève ; jeudi, tour du Léman ; vendredi, Cimes du lac d'Annecy ; samedi, Cimes de l'Albanais à Rumilly ; dimanche en compagnie des écoles cyclo. à Annecy. Jours de grande amitié grâce à Daniel Kreckelbergh des Bigoinfres Flingueurs (74). Le Saint Esprit de la Pentecôte est descendu sur nos têtes lors de la randonnée Limoges-St Trojean, le samedi, avec retrouvailles sur Oléron avec les cyclos de Niort. Dimanche et lundi ballades familiales sur l'île. Juin, continuation de la mise en jambes dans les cols du Beaujolais, à l'occasion de la Concentration nationale des ASPTT à Belleville-sur-Saône. Le 11, Crus et Crêtes. Le 12, les Etangs de la Dombe. Juillet. Randonnée dans la bruyère des Monédières, si chères à Jean Ségurel. Week-end du 14, sur les côtes du Morbihan au son des binious et autres cornemuses, pour emmagasiner l'iode régénératrice. Enfin l'échéance se profile. Le 22, nous débarquons du train à Modane. Casse croûte au restaurant des Arts. Le ciel est bleu savoyard, donc nous partons à travers les forts de l'Esseillon pour le col du Mt Cenis. Au sommet nous n'allons pas plus loin, les nuages apparaissent au bout du lac. Demi-tour sur Lanslebourg. Etape à St Jean de Maurienne, résidence de l'ami Gérard Prunière ; il ne sait pas que nous sommes dans son fief. |
Au réveil du 23, le ciel est toujours au top niveau et nous prenons la route du col du Mollard. Quelle splendeur : photo de la randonneuse (moi) au milieu d'un parterre de coquelicots. Puis descente et montée vers la Croix de Fer, après un nouvel arrêt photo à la sortie de St Sorlin d'Arves. Le mercure du thermomètre, à l'image du profil de la route, monte. Ah ! La Croix de Fer dans ce ciel si bleu qu'il en est blanc, on ne peut tout avoir mais quelques nuages ne dépareraient pas sur les photos ! Roue libre retardée pour la contemplation jusqu'au Glandon, puis vingt et quelques km de descente. Casse croûte à Ste Marie de Cuines. Par précaution, il eut été raisonnable de prendre un repos bien gagné à la Chambre (ironie du cyclo). Nous étions obligés de continuer. JM commence son calvaire à St Martin sur la Chambre : il a l'impression de pédaler dans un chaudron, la chaleur, le manque d'air, ainsi on rame sur le bitume incandescent de la montée au col de la Madeleine. Puis c'est logiquement la défaillance en enfer. JM, mon maître, trouve pour un temps, un compagnon venant du Galibier, pour rouler côte à côte, devant derrière, derrière devant, s'arrêtant l'un après l'autre buvant aux bidons plus que tièdes. Il est déjà tard quand les 1984 m du col (même pas 2000) sont franchis. Ultime cliché (comble de malheur, loupé au tirage). Mais depuis quelques moments, JM a revêtu la cape : c'est l'orage. Dans la descente (enfin !) c'est le contraste : sous les yeux ébahis des bergers, il ne s'arrête qu'au milieu de la grange. Sans une parole (il y en a qui seraient surpris !) deux maillots de laine, jambières, bonnet, gants, tout y passe. Réaction : chaud et froid ; s'il ne fallait continuer, il s'écroulerait dans la paille tentatrice. Mais le but, vous l'avez deviné, c'est de joindre Albertville. JM sait déjà que demain s'annonce mal et qu'il n'aura pas récupéré. Il trouve asile à la gare, il n'a plus faim ; la douche salvatrice ne change rien, le sommeil ne vient pas, il s'endort au moment de se lever. C'en est fini ; le 24, il se rend au lycée Jeanne d'Arc vers huit heures. Quand il entre dans la salle d'accueil, une impression désagréable l'envahit, devant les organisateurs, comme s'ils représentaient les juges d'un tribunal pour grands délinquants ! "Bonjour, identité, remise de la chemise n° 659, excuses, forfait, fatigue, au revoir." Petit déjeuner pris du bout des lèvres, il m'a laissée dehors pour que je ne vois pas sa détresse. Ultime sursaut : nous montons au BPF de Conflans. JM n'a pas fêté l'anniversaire de l'Iseran, ni celui des Cyclos Albertvillois. Et c'est seul, dans son ermitage cévenol, au flan du Mt Aigoual, mais en ma compagnie, qu'il célébra ses Quarante Années de Cyclotourisme Fédéral. Jean-Marie BOURDELAS 'La Randonneuse Occitane' Réveil Cyclotouriste de Limoges |