Cette sortie 100 cols de la ligue Languedoc-Roussillon était une grande première. Il s'agissait en effet, non d'une concentration, mais d'un circuit proposant 9 cols dont 7 au-dessus de 2000 m (alléchant pour les déficitaires de tous poils ! ! !) déniché par l'ami René Marty et pour lequel Phoebus avait à l'avance promis sa participation. Le rendez-vous de 8h30, sous les augustes remparts de la vieille cité catalane de Villefranche de Conflent, fut ponctuellement respecté par les 52 participants, dont 5 féminines, venus de la France et représentant 8 ligues (Atlantique, Aquitaine, Dauphiné-Savoie, Ile de France, Limousin, Provence, Pyrénées, Languedoc-Roussillon) qui, après avoir paraphé le livre d'or, S'élançaient doucement pour ce circuit de 65 km, dont la moitié de route forestière (Hum ! ! !) sur les flancs des pics bienveillants du massif du Canigou. La première escalade, celle du col de Montet (1761 m), goudronné, en surpris plus d'un par le pourcentage de ses pentes arides (surtout après le pittoresque village de Py à la délicieuse fontaine d'eau non potable) et notamment ceux qui avaient délaissé leur traditionnelle randonneuse pour un inhabituel VTT (environ une bonne moitié de participants). Au sommet, une petite pause, un casse croûte, des échanges amicaux (tout cela dans une parfaite ambiance) et tout ce petit monde prit la direction, par la route forestière, du col des Roques Blanches (2252 m) distant d'une petite quinzaine de kilomètres, qui fut atteint sur un plateau désertique dans un pur univers minéral, alors que l'heure du repas avait sonné depuis un bon moment. |
Le pique-nique improvisé et bon enfant retapa nombre d'affamés et l'on repartit ensuite, en groupe, à la quête des délicieux 2000 m promis ; Colada Verda (2229 m), petit pré en contrebas de la route, reçut plus de visites ce jour-là que dans sa très longue existence, ainsi que Collada del Vent (2229 m), puis Voltes (2188 m) et Boucacers (2281 m) que l'on alla chercher, de ci, de là, dans les sentes, les prés et parmi les rochers, sous la haute férule amicale mais néanmoins ferme du grand timonier René, grand ordonnateur de ce périple, au milieu de groupes de marcheurs ébahis à la vue de cette nuée de " cyclos-pédestres " en train de leur voler la quiétude d'une après-midi ensoleillée, à la recherche d'eldorados qui leur étaient, à eux marcheurs, parfaitement étrangers. L'on passa et repassa sous les clôtures de barbelés après avoir franchi la Roquette (2083 m) pour aller dénicher Donna-pa (2065 m) parcourant une sente pédestre, traversant un bosquet de résineux et une clairière clôturée servant de bergerie. René, le pâtre, et son troupeau ! ! ! Quelle image symbolique avant l'éclatement du groupe qui se dispersa ensuite au gré des aptitudes de chacun dans une difficile et rocailleuse descente, très éprouvante pour les mains, vers le col de Jou où l'on retrouva le goudron avec un réel plaisir. A Villefranche, sur le coup de 17 heures, il n'y avait que des cyclos soûlés d'air pur et couverts de poussière, mais ravis de cette exceptionnelle journée où furent réunis tous les ingrédients d'une sortie cyclo réussie (le soleil, les cols dans des paysages incomparables, les rires, l'amitié et juste ce qu'il fallait de souffrance). Une question était cependant sur toutes les lèvres : où et quand l'an prochain ? Dans un coin, René buvait du petit lait et opinait... il avait son idée. Levons un peu le voile, sans déflorer cependant complètement le sujet... Peut-être que le 2 septembre 1990... non loin de l'Andorre... quelques 2000 m... Pierre Gasc |