LES "GRANDS SOMMEILLER" (2993 ET 3000) ET QUELQUES PLUS DE 2000

Bardonnecchia, Italie, sortie du tunnel du Fréjus. Je récupère mon vélo à la descente du train et attaque le morceau du jour : 25 kilomètres d'ascension pour passer de 1160 à 3000 mètres, dont 20 de non revêtu. Les trois premières bornes sont très pentues plus de 10 %) mais ombragées. Des Issarts (1443 m) à Rochemolles (1768), la route s'élève par à-coup, tantôt presque plane, tantôt un raidillon. Au superbe petit village alpin commence le non revêtu. Si au Parpaillon, j'avais été gêné par les autos, ici ce sont les motos, pourtant interdites, qui créent la circulation.

Peu avant le lac de Rochemolles, la route redevient plate, donc en bon état tant que je longe le lac, soit sur prés de deux kilomètres. Il est bas à cette époque. Puis j'arrive au niveau du refuge Scarliotti, sis dans une petite cuvette verte, au milieu des pierrailles, dominé par la route s'élevant en lacets serrés pour franchir le verrou glaciaire. Des chevaux en liberté occupent le passage. De l'ancien péage, ne subsiste qu'une barrière levée qui commence à rouiller. Une fois ces lacets franchis, la route contourne une avancée rocheuse pour redescendre un peu et m'offrir 500 mètres de plat afin de traverser le torrent et de me préparer à affronter l'ascension finale. Tiens, un reste de goudron. Les 500 derniers mètres sont si infects que je dois y pousser mon vélo (mon cher Colbert).

Me voici au col du Sommeiller ouest (2993) (référence : guide des cols italiens édité par G. Rossini). Devant le lac, un panneau indique : 3009 mètres. Mon altimètre confirme que les 3000 sont dépassés. Le refuge, il y a peu décrit comme gardé, est laissé à l'abandon : ne pas compter y passer la nuit. Je pousse au second col du Sommeiller (celui de l'est : 3000), en suivant la route. Mon 700 ème.

Il m'aura fallu quatre heures pour monter en m'arrêtant pour manger et faire de nombreuses photos plus de 40) tant le paysage est beau. Je ne crois pas que je serais allé plus vite avec un VTT, sauf à la descente : moi qui suis paraît-il un bon descendeur, j'ai mis une heure et demie pour revenir sur Bardonnecchia. Un VTT m'aurait fait gagner allègrement une demie heure.

Pour l'histoire, Marie Elodie Collandre-Tarreyres qui a connu cette époque, m'a dit que ces deux cols et le mont avoisinant tirent leurs noms du concepteur français du tunnel du Fréjus. Noms donnés par les Italiens, les Français n'ayant alors pas cru en l'avenir de cet axe aujourd'hui vital.

De Bardonnecchia, j'ai décidé de rejoindre Nevache par le Mauvais Pas et le Col de l'Echelle, muletiers classiques côté italien. Et bien non. Maintenant, ils sont intégralement goudronnés. Ce qui n'est pas plus mal, car les 10 % du Mauvais Pas, sur 3 km m'ont fait vraiment mal.

Nuit en gîte à Nevache. En y posant Colbert, je m'aperçois avec horreur qu'il est passé de la couleur noire à la blanche (y compris la chaîne !) et que j'ai oublié ma pompe dans le coffre de la voiture en rentrant de la R.V.V. trois jours plus tôt, voiture restée, elle, à Lyon !

Question ravitaillement en eau : pas de problèmes, on suit le torrent et il y a de nombreuses fontaines ou sources, même en cet été 1989 pourtant si sec.

Quelques autres 2000
Départ de Névache vers 6 heures. Je remonte la vallée de la Clarée jusqu'au bout pour aller chercher le Seuil des Rochilles. Le soleil levant teinte de rouge les sommets. La route finit au refuge. Le sentier est roulant, très roulant. Sauf par trois fois où il me faut franchir des barrières de rochers. Mais je monte aussi vite que les randonneurs pédestres que je suis : une heure pour 350 m de dénivelé, sans portage, avec arrêts photos. Je contourne le premier lac (Seuil des Rochilles : 2459 m), fais en dix minutes l'aller-retour au col de la Plagnette (2510), toujours sur le vélo, pour aller ensuite au col des Rochilles (2496) d'où part le sentier menant au col des Cerces (2574). Le paysage est superbe, manquant certes d'un peu de neige, mais superbe. Le col des Cerces m'oblige à un peu de portage (50 m) et un peu plus de poussage (300 m). Sec et rocailleux ; point de vue nul ; n'aurait-ce été la particularité d'être un plus de 2000, je n'y serait pas allé. Retour au col des Rochilles. Descente sur les baraques militaires vides. Col de la Pare (2412) à qui je ne trouve pas trop l'air d'un col (tout comme au Collet qu'on trouve en montant le Mollard). Descente sur Plan Lachat. Prévoir des gourdes, car s'il y a des lacs, il n'y a pas de sources.

Je descends sur Valloire et fais demi-tour. Si, si, je suis maso, non ? J'attaque la montée au Galibier. 26 X 28. Une heure quarante et quelques photos jusqu'au sommet. Photos sur le col de Plan Nicolas (2406) que je viens de passer et sur le Lautaret dominé par les glaciers de la Meije. Tellement joli que, pour une fois, je dérogerai à ma règle : je m'arrêterai en descente pour refaire des photos.

Col du Lautaret : tampon BPF, plein des gourdes et descente sur Grenoble par un route " dég... " et un vent contraire non négligeable ; avec un peu avant la Grave, un panneau vantant le panorama sur la Meije au-dessus de vous. Un conseil : ne regardez pas, sinon vous risquez de rater le lacet qui suit le panneau à moins de 100 mètres comme cela a failli m'arriver ! Car ce lacet, on ne le voit pas arriver, caché qu'il est par une petite courbe. Puis ce fut de Bourg d'Oisans à Grenoble le bouchon automobile consécutif au passage du Tour.

Ce sont ainsi 10 plus de 2000 qui sont venus enrichir ma collection qui commençait à être un peu juste de ce côté-là. Me voilà tranquille pour quelques temps. Et heureux, car des images plein la tête et l'appareil (trois pellicules). Pour des cols finalement à la portée de tous et toutes.

P. Chatel