Certains, sans réfléchir, dans le cyclotouriste
Ne voient que le sportif, randonneur au long cours
Dont le vélo serait, comme l'eau du curiste
L'assurance santé, prise pour les vieux jours.
Pour d'autres, plus nombreux, ce n'est qu'un vil touriste
Qui aurait usurpé le titre de sportif
Allant sans se presser, tranquille tel Baptiste
Voir des panoramas ; quel jugement hâtif !
Pour d'autres, tout de go, ce n'est qu'un égoïste
Avide de plaisir, tel un épicurien
Savourant la nature avec son âme artiste
Mais qui garderait tout, ne partagerait rien.
J'en ai même entendu, Oh Dieu quelle bassesse !
Dire que le cyclo était un cas social
Un genre de drogué, un adepte de messe
Dite au matin de Pâques sur un ton très spécial.
Si tout cela comporte un soupçon de lumière
Il manque l'essentiel pour comprendre un cyclo
Ne croyez surtout pas, pour son allure altière
Que trois ou quatre idées suffisent comme enclos.
La meilleure façon, la seule raisonnable
De vraiment le connaître, c'est d'aller avec lui
En voyage le jour et le soir à sa table
Pour enfin découvrir ce qui dans ses yeux luit ;
Tout ce qu'il accumule pour quand il sera vieux,
Tous ces précieux instants, trop tôt évanescents
Quand la nuit qui s'avance allume dans ses yeux
La timide étincelle des souvenirs naissants.
Alors vous comprendrez que le cyclotouriste
C'est bien plus qu'un sportif, qu'un visiteur pressé
Qu'il a dans un corps sain, l'âme d'un humaniste
Qu'il est tout équilibre, dans un monde stressé.
Roland Romero