Page 40b Sommaire de la revue N° 18 Page 42

LA CITADELLE EST-ELLE IMPRENABLE ? (OU LA REVOLUTION DES COLS)

Revue N° 18 Page 41

Si je vous dis Cols de la Bataille (05/182), de Conode (05/183) de la Pourtanelle (09/262) ou encore de la Caumette (64/351), ces noms sont peut évocateurs à côté des Galibier et Tourmalet. Et pour cause, ils sont muletiers et peu praticables. Mais leur point commun est plutôt, en cette année révolutionnaire, leur altitude : 1789 m. Seul le premier cité a eu droit à la couverture de notre revue n° 17. Combien de nous en franchir le sommet en bonnet phrygien ? Je ne sais !!!

Si Paris posséda l'original de la Bastille, Grenoble en a le privilège d'une côte célèbre. Mais point de col à ce jour. Au mieux, je n'ai trouvé que celui de la Citadelle (83/39), à l'altitude modeste de 261 m. Mais compte tenu que c'est un " muletier ", il faut encore trouver le moyen de la prendre d'assaut. Ne possédant pas mon VTT et n'ayant pas de carte au 25000ème, il fallut trouver le passage. D'abord la route qui relie les cols de Gratteloup au Babaou, en passant par la Mouillère d'Aubet, culmine de 50 m le site du col par un à-pic très boisé. A travers les arbres on distingue une piste en terre qui rejoint l'esplanade du col. C'est après un long va et vient le long de la route et en croyant vraiment à l'invincibilité de cette Citadelle, que je trouve un minuscule passage dans le maquis, invisible depuis le bitume. Je commence mon avance légèrement descendante vers le point névralgique. Cet accès est peut être moins défendu de ce côté du versant. Finalement, les obstacles naturels en font une défense de premier choix. Ce n'est que caillasse, ravines, ronces et autres épineux, plus aptes au passage d'un Tout-Terrain qu'a une randonneuse. Après deux kms de griffures, mais sans crevaison l'endroit est investi en solitaire. Le silence n'est troublé que par le passage des voitures plus haut, dans les arbres. Désormais il faut descendre. Le sentier est devenu une route en terre plus large, mais bien pentue. Elle serpente à travers les arbres du Massif des Maures. Le bruit de la Nle 98 se rapproche. Bientôt un carrefour me laisse le choix. J'opte pour la droite pour rejoindre Gratteloup. Pendant quelques kms, je vais encore profiter de la quiétude de la forêt. Le chemin va bientôt se terminer, mais que diable fait cette maison sur la gauche ? Le plus inquiétant, c'est cette grille qui me bloque l'accès au goudron et qui est obstruée par une R4 verte. Pourtant je n'ai vu aucune trace de propriété privée sur le moindre panneau. Tels ceux qui ont tenté les cols de la Glacière ou de la Chamboite, en terrain militaire, j'avale les 100 derniers mètres qui me reste à faire et retrouve le bitume libérateur. Au passage, un coup d'œil m'indique " Maison forestière de ...- Propriété de l'O.N.F. ". Heureusement cette fois, la Citadelle était sans défense et bien prenable.
Je ne sais si certains cols furent au courant que cette " Bastille " était tombée, mais durant la Semaine Fédérale (où nombreux furent les chasseurs de cols à l'affût du moindre panneaux, par exemple aux Limites), on pût remarquer que cela grondait dans le monde des cols. Par exemple, la Croix Trévingt et le Gué de la Chaux revendiquaient le nom de " COL " qui était leur propriété jusqu'en 1981 (Cf : Guide du cyclotourisme de la F.F.C.T.). Il en était de même pour le Brouilly et le Parasoir. Même les Limites cités plus haut, qui arborait un beau panneau bleu avec son altitude avait perdu son titre de " colesse " durant la même année. Et je crois à en lire les textes de mes autres confrères, que beaucoup ont remarqué ce début de révolution dans le peuple des cols. A quand le retour des titres de cols à ceux qui le méritent, alors que d'autres ont ce privilège. Sans parler de ceux reconnus par les topos de G.R., et non par les cartographes.

Nos collègues pédestres franchissent des cols sur des G.R., non reconnus par nous cyclos. En arriverait-on à inventer des cols selon la pratique de tels randonneurs. C'est à croire que cette " colite " est plus grave qu'on ne le pensait.

D. Remond

(Cyclo Vallée de Chevreuse)


Page 40b Sommaire de la revue N° 18 Page 42