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RELIEFS ELEVES, COLS RECHERCHES

Revue N° 19 Page 30

Quatre heures du matin : Départ de Chambéry en voiture, en compagnie de trois autres chasseurs de cols : mon pote Bernard Fabre(plus de 750 cols ensemble !), Alain Régnier et Luc Richez, de sympathiques amis cyclos.
Et, bien sûr, nos quatre petites reines solidement arrimées sur le toit de la voiture.
Savines-le-Lac. Petit déjeuner, indispensable après deux bonnes heures de trajet. Nous enfourchons nos montures pour Embrun et Saint-André.

De là, une route forestière monte, évidemment, par des passages soutenus dans la forêt. Nous longeons un torrent, puis des baraques désertes, c'est le sommet : col de la Coche, 1791m. Ouf! La route se poursuit, a perdu son revêtement, mais elle est cyclable, agréable, presque facile. A la sortie d'un lacet, une détonation claque ; c'est la roue arrière du vélo d'Alain. N'étant pas très loin du sommet du deuxième col, nous nous arrêtons pour l'aider. Par la même occasion, nous cassons la croûte.

Une bergerie juste avant : col de Valbelle, 2371m. Sur la carte sont indiqués deux autres cols recherchés, la bonne aubaine ! Ils n'ont pas l'air si éloigné, il faut tenter le coup.
Un sentier trop pentu nous oblige à pousser, qu'importe ! Mais cela ne s'arrange pas. Nous persistons, obstinés que nous sommes ; il faudra "porter" ; je n'aime pas cela. Respiration haletante, que c'est dur !
Haltes fréquentes ; et dans un dernier sursaut, la récompense : le col du Vallon, 2471 m.

Nous découvrons l'autre côté de la montagne avec, 600 mètres en contrebas, la route du col de Vars. Nous poursuivons notre poussage pour arriver à l'altitude 2600, lieu de terminaison des remonte-pentes de ski des villages de Sainte-Marie et des Claux. Descente courte, impressionnante, à pied, tous freins serrés, dans un passage large, heureusement, puis légère remontée avant d'arriver au col de Saluces, 2459m. Nous sommes sur une crête circulaire d'où des pâturages redescendent vers la route de Valbelle et sa bergerie. En selle sur nos randonneuses chaque fois que c'est possible, nous dévalons ces pâturages puis, un kilomètre de piste et nous repassons à Valbelle.

Dans la descente caillouteuse sur Risoul, nous n'oublions pas de faire un détour sur la gauche, un aller-retour pour épingler le col de Chérine, 2270m. A l'entrée de la station nous retrouvons la bonne route Saint-Clément, Siguret, Embrun, Savines. Le retour en longeant la Durance est un peu long, j'accuse la fatigue ; mes compagnons ralentissent l'allure ; merci !

Heureux, tous les quatre, par cette belle chasse, nous nous laissons bercer par le ronronnement de la voiture, de retour sur Chambéry après cette longue journée.

Après une fine étude de la carte IGN 1/25.000e (courbes de niveau, sentiers, chemins, barres rocheuses, tout est détaillé) et consultation de la Bible Chauvot quelques jours auparavant, c'est parti en ce samedi 29 septembre 1990, en compagnie, bien entendu, de Bernard Fabre des Essarts.

Voiture garée à la sortie de Saint Jean de Maurienne ; 8 heures. Grand beau temps, mais froid, à la limite de la gelée. Collants, bonnets, gants, sacs à dos, nous attaquons, sur nos montures, la Croix de Fer que nous connaissons bien.
Plus nous nous élevons, plus le soleil est chaud. Tant mieux ! cela nous permet de nous dévêtir progressivement. Le paysage, les arbres en cette saison ont pris leurs parures d'automne ; c'est magnifique ! Clic ! Plusieurs photos.
Au sommet nous entrons dans l'unique refuge bar, car ces 25 Km d'ascension, ça creuse ! Boisson, casse-croûte. La patronne nous propose de laisser une partie de nos affaires en dépôt puisque nous devons repasser ; ce qui est fait. Fini le revêtement ; nous empruntons une piste caillouteuse. Bernard a son VTT, moi ma randonneuse habituelle mais, pour la première fois, un 32 dents à l'arrière et un 28 dents à l'avant. Les rampes sont très sérieuses, par moments supérieures à 25%, et nous obligent à pousser. Enfin, après une petite heure de montée, ayant rattrapé des marcheurs, nous pouvons apercevoir devant nous, plus bas dans un creux, le refuge CAF de l'Etendard et le lac de Bramant avec le barrage. Surtout ne pas emprunter la piste qui y conduit en croyant être arrivé au col, mais prendre celle de gauche qui monte pendant un kilomètre en direction du téléski de Saint Sorlin d'Arves que l'on découvre au sommet, au détour d'un virage.

De là, tournant le dos au téléski, un sentier descend sur le col des Lacs, 2533m, matérialisé par un panneau en bois. Sur la carte, il porte le nom de "col Nord des Lacs". Le sentier, très étroit, en rejoint plus bas un autre qui surplombe et longe le lac côté est. A l'extrémité, un barrage et le deuxième Lac Blanc et, sur la gauche, le col Sud des Lacs, 2426m, coincé entre ces deux lacs. Une très belle vue sur le glacier de l'Etendard ; photos obligées. Retour par le côté ouest, rive du lac Bramant, refuge, remontée sur le plateau par une piste en lacets et descente sur la Croix de Fer. Bernard me prête son VTT ; quelle sécurité : puissance des freins, guidon plat, gros pneus, c'est super ! -1 En descente uniquement, -0 il n'y a pas mieux. J'ai le moral avec mes pneus de 23 et mon guidon de course, les crampes dans les mains à force de freiner désespérément ! Dix années que je fais du muletier, il faudra que je modifie ma randonneuse un de ces jours !

Nous récupérons nos affaires au refuge et, plus copieusement, nous mangeons de nouveau. J'en profite pour arroser ma fête et mon 1000e col franchi en août avec Georges DucatilIon alors que Bernard était en vacances. Direction le Glandon. 800m après la Croix de Fer, sur la droite, nous quittons la route pour emprunter un sentier cyclable par moments et, assez rapidement, sans grosses difficultés, nous arrivons au col de Bellard, 2233m. Puis de là, un raidard à 30% sur une arête nous amène au Passage de l'Ouillon, 2325m, où nous tombons sur un groupe de marcheurs du troisième âge avec un guide. La conversation amicale s'engage et le guide nous conseille, sur le trajet qui nous reste à faire, d'éviter la Pierre de Turc, passer en-dessous pour se rendre à la Tête de Bellard. Nous sommes sur une crête à perte de vue mais avec une déclivité très bosselée, genre "montagnes russes", parmi les pâturages.

Le ciel est bleu, la température agréable. Nous devons franchir de nombreuses clôtures électriques mais qu'importe, cela ne nuit en aucune façon à notre progression, tantôt à pied, tantôt à vélo. De nombreux télésièges et téléskis de la station de La Toussuire nous servent également de repères. Très vite nous atteignons le col de Marolay, 2004m, et le col de Chaput, même altitude bien qu'une courte et belle grimpette sépare ces deux cols.

17 heures, le soleil va bientôt disparaître ; il y aurait encore Cressua par le Grand Turc et Cochemin ; ce sera pour une autre fois. Pas facile la descente sur la Toussuire ; passages marécageux ; enfin la bonne route.
Rhabillés chaudement, contents, joyeux, nous plongeons sur Saint Jean de Maurienne avec 6 nouveaux plus de 2000 dans nos sacs à dos. Durée: 10 heures TTC, 40 Km de route et autant de pistes et sentiers. Par temps sec, n'hésitez pas ; une belle boucle cyclo muletière sans danger !

Michel CRUMIERE


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