IDEES A SOUS-METRE

Vous ne le saviez peut-être pas, mais notre brave Confrérie a édicté une règle dont la rugueuse froideur technocratique n'échappera à personne : il faut 5 cols de 2000 m et plus par centaine. Bien qu'entamant ce mot entre le col de Chacaltaya (5180m) et les rives du lac Titicaca (3820m), j'ai souvenir combien il est dur, en Europe, de joindre les deux bouts dans ce domaine. L'horreur, c'est quand on franchit un de ces cols vicieux, s'évertuant à frôler les 2000 m sans jamais les atteindre !

Cols du Joly, de la Madeleine, du Poutran, de Sarennes... bien, vous connaissez la liste mieux que moi. Rageant de se retrouver, après une montée suante au possible, à quelques mètres du bonheur, non ?

Non, décidément, on ne peut pas en rester là. Un peu d'humanité, que diable ! Songez au risque d'infarctus du malheureux cyclo montagnard, langue pendante, bavant de salive, découvrant le fatidique panneau dans lequel il est tombé, indiquant cyniquement 1995 : digne d'un prix affiché sur devanture de magasin ! Et pas d'inflation à espérer de ce côté là !

Donc, je propose une, ou le cumul, des mesures suivantes afin d'éradiquer enfin ce grave problème auquel nous nous trouvons confrontés. En vrac :

- A l'aide d'une bombe de peinture, "tagger" les panneaux des D.D.E. Un peu d'habitude devrait permettre de transformer habilement un 1950 en 2050, histoire d'être enfin en avance sur son temps.

- Assécher les mers afin d'abaisser le niveau de celles-ci, base de calcul de chaque service national de topographie. J'invite en conséquence tous les honorables confrères à faire un usage immodéré de bombes aérosols proscrites, d'endommager volontairement le système refroidisseur de leur frigo, etc... afin de trouer un peu plus la couche d'ozone, gage du réchauffement de la terre. Un détail à régler : stocker l'eau évaporée pour qu'elle ne nous retombe pas bêtement dessus...

- Combler les cols indiqués de bonne terre bien fraîche jusqu'à hauteur désirée. Après tout, les pelleteuses sont capables de rayer de la carte certains petits cols, elles devraient bien pouvoir nous combler en comblant, non ?

- Rehausser le niveau des terres en créant de judicieux tremblements de terre, faisant glisser quelques plaques. La Confrérie devrait mener en ce sens une vigoureuse campagne auprès des pouvoirs publics afin que la France abandonne le site de Mururoa, un peu usagé à la longue, pour les massifs français. Au surplus, cela (radio)activerait des zones parfois déprimées.

- Remplacer nuitamment, au Pavillon de Breteuil, le mètre étalon par un mètre ‘étacourt’, un faux de 2mm devrait suffire (40m sur 2000m).

- Soudoyer, avec l'important trésor de guerre de la Confrérie, digne d'une compagnie d'assurances, les décideurs et dessinateurs de l'IGN.

Bah ! Y vont pas chipoter pour quelques malheureux mètres, quand même ?
Voilà ! Ces mesures simples, efficaces, de bon sens et bien adaptées, devraient enfin, à nous tous, permettre de retrouver le sourire. Et de nous rendre mètre de la montagne !

En espérant que ces solutions aboutissent avant l'an 2000...

Frédérick Ferchaux

N°2523