A quatre-vingt-dix-neuf, j'ai failli renâcler du licol, collègue ! Colinette au rebut, j'avais mis mon colback, pris ma collation et ma colature de chicorée. Je voulais pas, là-haut, rester planté comme un colas ! Collimateur pointé sur mille collines à franchir, quitte à morfler un collapsus ! Je pédalais, plutôt bien. J'admirais les colchiques et les collinaires, les collèmes et les colocases, les colombards et les colombauds, les colombettes et les colomnanthérées, les colzas et les columelles, les coléorrihizes et les coléophylles, les coléoptiles et les coloquintes. Sans oublier, bien sûr, les coloquinelles. Tous ces coloris... Auxquels s'ajoutaient ramages et cris. Des colibris et des coléodermes, des coléoptères et des colimaçons, des colins et des colmelles, des colombeaux et des colombelles. Sans oublier, bien entendu, les cols nus. Mais bigre ! J'avais mangé mon pain blanc en premier. Au pont d'Arcole, plus d'Hercule, plus d'Ercole ( Baldini, pardi ). Je pédale soudain dans la colle, serre mon col, mets mon collant, comme un coléopode. Coltiner, colporter colis, colifichets, me voilà coléreux, colérique, en colère mon frère ! Collagènes, mes pneus s'engluent dans le goudron. Vrai, je serai jamais colombien ! Bref, je collige les emmerdes ! Ma colite est devenue colliquative et j'ai beau prendre mon cholagogue... Mon cholédoque garde ses cholélithes ! Y a que mon colon qui, cholérine, garde pas mon coléra-morbus ! Je me dope, récitant à tue-tête des choliambes et les litanies de mon collectaire. J'évoque la colée qui m'adouba cycliste... Bernique ! J'ai le muscle mort, couleur colisa, texture colibet, force colcotar ! Blême comme un coliart, j'en ai les colisses qui bèent, ignorant toute collectanée, indifférentes aux collétiques, que j'ingurgite. Bref, de collaire que j'étais me voilà collé, encollé. Décollé du peloton. Démuni comme un collibert, je cherche en vain des colligances... Mais j'ai visé trop haut, collinéation au clair. Le résultat, le voilà ! Adieu collimation ! Bonjour colliquation ! Mon colletin se gonfle tant je souffle. Et souffre. J'ai le teint colorine, la peau colophane. A mon allure colubrine, j'atteindrai jamais les collures ! Autant vouloir atteindre un colarin sans collière... à soupe ou à café ! Je collucte, moi contre moi, passant pacte collybistique... avec le diable ! Brisé, atteint de colobome, j'ai le percolateur qu'a des bouffées. Pas de picolet pour pas glisser sur les picolines ! Fragile comme l'osier, à peine colonaille, le colosse est prêt... Pour le columbaire, mon frère ! Et encore, dans ma déveine, j'ai du bol. Pensez... Heureusement issu d'Adam, j'échappe à toute colépidémie ! Et notamment à l'encolpite ! A la colpocèle ! A la colpoptose ! Et Dieu merckxi à la colporrhagie ! Recomptez pas, le compte est bon. L'en manque qu'un ! T'en manque, encore un, me disait Marceau... Dusseau, mais y en a qui l'appellent Henri... M'en manquait un , tant pis ! J'en ferai pas partie ! De la confrérie Avec tous ces pleurs, tous ces heurts, tous ces malheurs, j'ai failli pas terminer, pas entrer. Pas être intronisé ! Je me trouvais des alibis: moi, les sectes, vous savez...Attaché ? dit le loup... Dis-moi qui tu hantes... Vaut mieux être seul que mal accompagné ! Asinus asinum fricat ! Des goûts et des couleurs... Faire tapisserie ? Non merci ! Servum pecus... Mélanger les torchons et les serviettes ? Je sors d'en prendre... Qu'irai-je faire dans cette galère ? Tant va la cruche Allos, etc... Ne choisis tes amis que parmi tes égaux... Je resterai proscrit voulant rester debout ! va pas hurler avec les loups... Il voyage plus vite celui qui voyage seul. Mon verre n'est pas grand mais je bois dans mon verre ! J'aime la solitude, même quand je suis seul... Les moutons de Panurge, c'est pas mon fort... L'enfer, c'est les Autres ! Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là ! Ne pas grimper bien haut peut-être, mais tout seul ! Etc ! |
Bref, je voulais pas m'enrégimenter, m'embrigader, m'emberlificoter dans quelque secte que ce fût ! Confrérie, coteries, cellules et partis, je me méfie. Ecole, sections, équipes, groupes et groupuscules, je recule. Seraient-ils nombreux, magmateux, numéreux ? Nombre, monde, foule, terre, je me terre. Vastitude, multitude, monditude, j'en titube... Bref, je me méfiais : Familles, je vous hais ! Etc ! Et puis... Faudra encore verser le denier de la veuve... Il en seront tous, et pas moi... Tant pis, je serai le Sage, Le dernier des Abencérages ! Et puis, vous savez ce que c'est... Le cyclisme en montagne, c'est super ! C'est extra ! C'est génial ! Dans l'escadrille à Dusseau, y a pas que des corniauds ! C'est des gars en vélo qui montent des montagnes...Même toi, qu'es un saint, t'en peux faire partie. Un séminariste, et qui prêchait pour sa paroisse, me convainquit: A sacris ? Eddie ! Eddie ! A sacris ? T'y penses pas ! Age quod agis, Eddie ! Age quod agis ! (1) Moi, vous me connaissez... Je marche à l'acte de foi ! Mors aux dents, Eole au cul, me voilà convaincu ! Désormais fanateux, hautement fanatique, je suis de l'Ordre ! Polyeucte et Néarque tout à la fois, prosélyte et militant, prêcheur et apôtre, catéchumème et père de l'église ! Presque inquisiteur ! T'es pas de l'Ordre ? On va s'occuper de toi ! Ils n'en sont pas ? Ils en seront ! Et malgré-z-eux ! (comme disait l'autre ... ). Condamnés à, ordonnés ! De force ! Un type qu'est pas au club, je supporte pas ! Un gars qui grimpe pas en groupe, j'abhorre ! J'exècre et je vomis ! J'ai perdu toute mesure, turelure. Il grimpe tout seul ? Faut l'abattre ! Meurtre à la tronçonneuse, y a que ça ! Pour les apostats ! Je suis pour les processions, les cortèges, les oriflammes ! Je conçois le Portet d'Aspet, désormais... Qu'inondé de cyclistes ! Qu'ont payé leur cotisation ! Et targé leur écot, à Dusseau ! Bref, je rameute, je regroupe, je prédicante. Même que j'ai fondé, pour se mieux regrouper L'Ordre du Portet d'Aspet ! Ouvert comme un hall de gare, comme un moulin, comme un milk-bar ! et comme un bobinard ! Entrez, entrez, M'ssieurs Dam's ! Faites donc partie, de nos confréries ! Venez mêler vos ardeurs, vos sueurs, vos vapeurs ! Venez cycler, papotant en grimpant ! Venez gravir gravement ou gaiement des sommets ! Venez boire à la source, à la course, le bon vin et l'ivresse des hauteurs, des hautesses. Laissez-vous griser par la liesse ! Manquez pas la kermesse, de Juillet prochain, au col du Luitel, putain ! Recomptez pas, le compte y est enfin 1 Ca fait cent ! Je sais, j'arrive avec les pompiers de Nanterre... Mais j'ai l'ardeur des nouveaux et derniers convertis, Pardi ! (1) A l'écart du sacré, Eddius ? Eddius, à l'écart du sacré ? T'y penses pas ! Fais ce que tu fais, Eddius ! Fais ce que tu fais ! EDDIUS |