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Lettres de globe-trotter

Revue N° 20 Page 52

Bonjour,

Curieux ce Ferchaux; il commence à envoyer sa liste des cols de l'année 90 en plein milieu de l'année, puis il réécrit en Octobre... y doit pas tourner bien rond...
Ben si, justement, autour de la terre. Enfin pour commencer, dans les Andes, ce qui est spécialement indiqué pour un cyclo-montagnard !
Parti le 9 janvier 90 de Buenos Aires, je suis descendu jusqu'en Terre de Feu (presque tout en bas... Beuh, c'est tout plat, aucun intérêt ! Et 10 fois plus monotone que la Beauce, le vent de côté permanent en prime). De là, longue remontée par le Chili, jusqu'à Santiago puis, par l'Argentine et son altiplano. J'ai dû (je n'en sais plus rien !) envoyer une liste des cols argentins à René Poty. (1)

Les argentins sont des gens très chaleureux, d'une rare hospitalité, que nous avons le plus souvent perdue en accédant à notre cher modèle américo-occidental. Je l'ai surtout appréciée, cette hospitalité, sur l'altiplano, parcouru en plein hiver avec des températures matinales de – 15° (non ce n'est pas un % de pente !).

En Bolivie, population plus timide mais non moins gentille. J'ai surtout apprécié ses fêtes, quoique la boisson y coule un peu beaucoup. Mais ils ont su garder, à cette occasion, leurs coutumes, musique, danse, spectacles. Cela n'a guère contribué à améliorer ma moyenne kilométrique (et colimètrique) journalière.

Maintenant je suis de plain-pied au Pérou, qu'on dit terrible. C'est vrai que ce n'est pas précisément tranquille. Il y a 2 à 3 attaques ou explosions par jour. Mais sur l'ensemble d'un pays grand comme 2 fois et demi la France. J'ai même fait le parcours Cuzco-Ayacucho-Lima, il n'y a pas si longtemps le plus dangereux de tout le Pérou. Aujourd'hui, c'est un peu plus tranquille, bien qu'on croise des gens en armes en veux tu en voilà. Pas très rassurant. Mais le problème s'est déplacé vers la Selva (bassin amazonien), sur le nord des Andes et à Lima.

Le touriste est assez peu affecté par ce phénomène : il passe, alors que la population reste. Sur une année pleine, le risque est pour elle plus grand. Surtout que les terroristes visent surtout les responsables à tout niveau (donc, jusqu'au modeste chef de village, censé représenter l'impérialisme bourgeois... quand on voit dans quelles conditions vivent les "campesinas"-paysans dans les villages). Les étrangers ne sont concernés que s'ils sont coopérants, diplomates. Le touriste risque de se faire rançonner, à quelques bavures près...
J'ai donc fait la "Gérard Teissier", cette piste passait par une vingtaine de cols de plus de 3000 ou 4000 m (et un 5059 m). Le nord des Andes, je suis contraint de laisser tomber, non tant par la présence des "senderistas" mais par la saison des pluies, rendant les pistes de montagne impraticables. Ouf ! On va se faire un peu de plat !

Suite du programme : Equateur, Colombie, Amérique centrale, Mexique, puis Los Angeles. Après, on verra. J'ai hâte de transmettre ma liste des cols du Panama !

J'avais fait un article que j'estimais amusant, sur la manière d'avoir plus de 2000 cols par des procédés honteux ou "abracadabrants". Je ne sais plus ce que j'en ai fait. Vous l'ai-je adressé ? Je joins un petit récit sur un circuit en Argentine. On parle toujours du Pérou, de la Bolivie, à l'occasion de la Colombie (qui ne compte aucun plus de 4000 m), en oubliant le Chili et l'Argentine où on peut monter à plus de 5000 m (et un col à 4895 m)
Ah ! Autre chose : je demande, exceptionnellement et temporairement, à être exempté de verser les 40 ou 50 francs annuels. En disponibilité pour deux ans, je n'ai plus de traitement et j'utilise mes économies pour mon voyage. Rassurez-vous, je me rattraperai au retour !

PS : Bonjour aux Alpes, aux Pyrénées, aux Vosges, au Jura, au Massif Central, à L'Armoricain et à votre famille ! Euh, pour l'adresse, c'est de mémoire... alors s'il y a erreur...


(1) Mais oui ! La liste des cols argentins nous est bien parvenue. Elle est même à la disposition des membres de la confrérie qui en feront la demande.

F. Ferchaux

Lima 22/10/90


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