Jeudi 13 août... Le soleil se lève au fond de la vallée et nous arrose de ses rayons, Chantemerle se réveille. Petit déjeuner gargantuesque. Il nous faut des réserves, car une rude journée nous attend. Alain consulte la carte Michelin pour la énième fois, nous allons à la découverte du Grand Parpaillon : dans quel état sera la route, les pourcentages seront-ils aussi importants que ceux annoncés par l'Atlas Altigraph ? Autant de questions qui n'ont fait qu'accroître son anxiété. Car, je le comprends, il faudra qu'il hisse ses 85 kilos au sommet de ce géant. Malgré cela, le temps s'annonce très généreux pour favoriser notre expédition et nous oublions vite nos soucis. D'autant plus que deux jours auparavant, nous avons "mangé" l'Izoard et dans la foulée atteint le sommet du Col Agnel 2744m, sans trop de problèmes. 2400 mètres de dénivelé ce n'était pas si mal pour une première sortie. Nous avons décidé de ne pas rouler dans la vallée de la Durance. La voiture sera plus confortable !... Eygliers, derniers préparatifs sur les vélos de route, nous prenons le minimum de charges dans le sac à dos : un sandwich, un fruit, un gâteau de riz et un coupe-vent au cas ou une éventuelle fraîcheur surviendrait... C'est le départ. La route nationale est déjà très encombrée en ce début de matinée. Heureusement nous ne l'empruntons que sur quatre kilomètres, direction Siguret par la N94B. Les véhicules se font rares, mais oh, surprise! Nous croisons un nombre considérable de cyclistes, dont l'allure est différente de la notre. Il est vrai que dans deux jours le triathlon d'Embrun empruntera les routes du Briançonnais mais nous n'avons pas les mêmes objectifs, à chacun sa peine! Saint-André d'Embrun, nous remplissons nos bidons et nous nous engageons sur la D39, qui nous amènera sans grande difficulté jusqu'à La Chalp. Il est 12 heures nous en profitons pour nous restaurer à la terrasse d'une auberge. La fraîcheur, due à un ciel voilé par des cirro-cumulus, nous oblige à enfiler notre coupe-vent. Rapidement nous reprenons notre randonnée et à la sortie de La Chalp la route sinueuse attaque les premières rampes de la chaîne du Parpaillon. Le goudron est toujours présent, mais un kilomètre plus loin nous déchantons très rapidement, les cailloux remplacent le macadam !... Pas un mot n'est échangé, la pente n'est pas trop raide, mais il faut chercher la meilleure trajectoire, ce qui n'est pas très évident. Deux kilomètres plus haut la terre s'impose et rend notre avancée moins périlleuse; quelques voitures nous doublent en nous empoussiérant... puis la route reprend son calme à travers les alpages. Le soleil nous réchauffe à nouveau. Après quelques virages serrés nous voici à un promontoire d'où la vue est magnifique sur la vallée de Crevoux. Des troupeaux de vaches éparpillés nous monte le tintement des cloches. L'appareil photo est de sortie. Il faut mémoriser ces instants de bonheur... Cette fois nous sommes dans "l'élément", nous en oublions l'état de la route et profitons au maximum de la vision sur les sommets qui se découpent sur le ciel d'azur. A trois kilomètres du sommet, petit arrêt au torrent pour nous rafraîchir et grignoter quelques biscuits. Nous grimpons à un rythme touristique malgré l'accentuation du dénivelé. Enfin, au détour d'un virage nous apercevons le tunnel; encore quelques coups de pédales et atteignons notre but; les tee-shirts sont trempés de sueur. |
Un couple d'autochtones arrive en voiture à la découverte de cette route majestueuse, nous échangeons quelques phrases, la dame nous immortalise devant le tunnel, malgré un tremblement des mains qui nous laisse deviner son âge avancé. Ils nous laissent partir devant, dans le tunnel, préférant attendre avant de s'engager dans ce trou noir... Nous avançons à tâtons, au loin, brille un trou de souris... Heureusement, il n'y a pas trop de flaques d'eau. Nous émergeons à l'autre bout dans une extraordinaire clarté, quelle vision à 2650 mètres d'altitude. A l'horizon les sommets se profilent, vers la Bonette et le Parc National du Mercantour. Nouveau ravitaillement, nous engageons la conversation avec des promeneurs à voiture, ils nous annoncent une descente de 9 km dans les cailloux. Notre décision est prise pratiquement sans échange de parole. Un regard aura suffi pour nous convaincre de continuer notre périple à la découverte de l'autre versant, sur La Condamine via Sainte-Anne et ensuite le Col de Vars. Dur ! Dur ! Jusqu'à la Cabane du Grand Parpaillon l'annonce faite plus haut s'est avérée exacte. Que de cailloux et de trépidations, les mains sont tétanisées. A la terrasse de l'auberge, les clients nous regardent arriver avec surprise !... "d'en haut" avec nos montures de route. Une boisson fraîche pour étancher notre soif, nous repartons, la caillasse se transforme en terre blanche qui immacule nos vélos. Plongée rapide sur La Condamine, enfin le macadam est de retour. La vallée de l'Ubaye nous accueille avec ses escarpements fortifiés. Saint-Paul, nous empruntons la route du Col de Vars et après huit kilomètres d'efforts soutenus nous franchissons le sommet. Photo souvenir... Le plus dur est fait, il ne reste que 22 km de descente pour boucler notre périple. L'arrivée à Eygliers se fait sur la jante de ma roue arrière ! Une crevaison sur le bitume après avoir arpenté 25 km de chemins semés d'embûches il faut le faire. Le compteur affiche 101 km et la moyenne "11,3 km/h"... Nous étions vraiment dans une allure cyclotouristique. RDV est pris pour une suite... dans ce massif, car la montée côté Chapelle Sainte-Anne vaut un remake. Nous prenons acte pour le futur, d'autant plus que sur le versant d'Embrun la route forestière de Saluces, avec retour par le Col de Vars parait propice au VTT. Robert LUCE N°2926 CTG La Calmette (Gard) |