Après une bonne nuit peuplée de rêves nous nous réveillons Marie-Claire et moi-même prêts à escalader notre dernier col de l'année en ce jour de Noël. L'approche se fait en voiture. L'extérieur est bien givré. Arrêt à Entrechaux où nous pénétrons dans le premier bistro. Marie-Claire prendra un chocolat et moi un grand café comme à mon habitude. Les V.T.T sont sortis du coffre, vérifications d'usage: pression des pneus, tension des chaînes, regard sur les câbles. Tout est 0K, nous installons les accessoires, le sac à dos est lesté du repas de midi, du quatre heures, des chambres à air et de l'outillage. Dernier coup d'oeil sur la carte et en route, nous sommes du côté Nord du Ventoux et il fait froid. Heureusement notre équipement léger et chaud est très agréable à porter. La route est encore goudronnée et légèrement montante ce qui amène à notre corps une bonne température idéale pour pédaler. Le goudron luit mais ne glisse pas: nos larges pneumatiques y sont pour quelque chose. Le géant de Provence nous écrase de tout son poids et la neige qui le recouvre descend très bas. Le col du Comte sera enneigé, mais pour l'instant ne nous posons pas de questions, vivons notre bonheur d'être là à cet instant, il sera temps de voir tout à l'heure. Pour le moment nous prenons un réel plaisir de pédaler dans un silence presque complet. Les bas côtés commencent à être enneigés mais la route toujours goudronnée est exempte de neige. Premier arrêt, je sors le thermos de café, Marie-claire pourtant pas trop café se fait un plaisir d'en boire une tasse, cela réchauffe et c'est bien agréable. Nous distinguons dans la neige les traces d'animaux qui ont fréquenté ces lieux, il y a peu de temps. Nous enfourchons à nouveau nos V.T.T, le goudron finit ici, heureusement la terre est couverte d'une couche de neige durcie par le gel ce qui est de bonne augure pour la suite des événements. En levant la tête l'on aperçoit dans l'échancrure de deux replis du Ventoux le passage du col qui culmine à 1004 mètres; encore quelques efforts et nous pourrons aspirer au repos sommital. Voici le sommet, à notre droite une cabane de berger où règne une effervescence peu particulière, ce n'est pourtant pas la concentration Nationale du Club des cent cols. Un grand monsieur habillé en Père Noël vient nous saluer et sous la barbe blanche nous reconnaissons Jean-Louis notre président, suivi d'André portant les lorgnons de l'oncle Picsou et brandissant un grand panneau "Sécurité et cyclo le même combat". |
Voilà les rois Mages: Henry notre président d'honneur en Gaspard et nous devinons Kleber en Baltazar, et Roland en Melchior tenant un coffre rempli de roues libres. Tout de blanc vêtu Gérard, Vatel d'un jour, suivi des marmitons Mikaël et Frédéric portant de grandes soupières, Anne-Marie habillée en lavandière, Christine en porteuse d'eau de St Antonin Noble Val, Marie-Thé transportant la baratte bretonne aidée par Guillaume vêtu du costume F.F.C.T, le distinguant pour sa 1ère place à la finale du critérium national. Tiens deux Blanche-Neige ! Caro et Nathalie suivies des sept nains, nos vaillants petits de l'école cyclo. A deux pas fermant la marche, Jean.Paul, maître des bergers avec le reste de l'école cyclo déguisée en agneaux, agnelles, brebis; un âne et un bouc clôturent le cortège mais nous ne saurions les reconnaître. Ce mélange de crèche provençale et de personnages de dessins animés est assez surprenant au sommet d'un col. Il est vrai que c'est Noël et que Marie-Claire va rentrer au club des 100 cols ! Aujourd'hui elle fête son 100ème ! Quelle joie pour nous de voir nos amis réunis pour le seul bonheur que nous procure la pratique de la bicyclette. La neige qui fait son apparition nous fait tous précipiter à l'intérieur de la cabane. Une lueur au fond de l'abri nous envahit et l'on voit Velocio, notre père à tous ayant pour auréole une roue de bicyclette; Il a, à sa droite, le père Vidal brandissant la table des sept commandements de notre Maître, et à sa gauche, Suzanne l'épouse du père Vidal qui fait scintiller de tous ses feux le fameux tandem Baralumin. Marie-Claire me réveille doucement et me glisse à l'oreille: "il fait beau aujourd'hui en ce jour de Noël, tu sais j'aimerais rouler, et Si l'on allait faire le col du Comte en Vaucluse ?" Jack SABATIER N°557 Milhaud (Gard) |