Parmi tous les cols que j'ai gravis au cours de ces dix dernières années, quelques uns m'ont particulièrement marqué; la SCHLUCHT, le MONT REVARD, l'ARTIGASCOU, le STELVIO, les TROIS CIMES DE LAVAREDO, le paso NIGRA, le col de FONTAUBE, celui de ROMEYERE, le port de PAILHERES et, bien sûr, ces cols muletiers italiens qui, de Suse à Sestrière, jalonnent la fameuse route militaire de l'ASSIETTA. Le REVARD, c'est sur ses pentes et sous un orage diluvien que mon copain Joël COMBEAU, l'aigle fou de Châteauroux, et moi avons lié une amitié de chasseurs de cols et de galères en tous genres après avoir fait connaissance deux ans plus tôt au bar du col de la SCHLUCHT. En haut de l'ARTIGASCOU, le frère siamois du col de Mente, mais beaucoup moins fréquenté et sauvage à souhait, j'ai rencontré le plus aventurier des cyclos que je connaisse, l'ami Patrick PLAINE; nous cherchions tous les deux la pancarte du sommet, mais, sur ARTIGASCOU, il n'y a point de pancarte, la civilisation n'y est pas encore parvenue; juste un randonneur pédestre perdu dans cette solitude pour prendre la photo. Puis Patrick a plongé d'un côté et moi de l'autre. Mais depuis ce jour, nos routes se sont recroisées régulièrement. A chaque fois, c'est avec plaisir que nous devisons en roulant. Au dernier Pâques à Cahors, c'est sous une pluie battante que nous avons échangé nos souvenirs parce que, Patrick, lui, ne s'arrête jamais. Au STELVIO, c'est avec Maïté et Gérard HOURCADE, des béarnais de Mourenx, que l'aventure nous avait donné rendez-vous pour une ascension interminable au rythme des virages numérotés. Joël et moi, vous savez, le chasseur de cols du REVARD, dont je vous contais, l'an dernier, dans ces colonnes, les démêlés avec les 24% du PASO NIGRA, au-dessus de Bolzano, eh bien, Joël et moi avions rencontré, quelques jours plus tôt, au pied des TROIS CIMES DE LAVAREDO, un couple sympathique qui faisait la fameuse randonnée TRIESTE-THONON. Quelle ne fut pas notre surprise de voir pénétrer dans le restaurant à mi-pente du STELVIO, où mon équipier dévorait son indispensable plat de pâtes, quelle ne fut pas notre surprise, disais-je, de voir entrer cette cyclote qui nous avait laissé une si forte impression; alors, évidemment, nous avons continué ensemble, Joël ne pouvant résister au charme féminin surtout doté d'un si beau coup de pédale. Rassurez-vous, je veillais sur la bonne moralité de l'équipée et.. Gérard, le mari, aussi. Le sommet du col mythique arriva. Photos ! pot de l'amitié! et adieux car, pour nos deux amis, l'étape était encore longue. Depuis, nos routes se recroisent, aux rassemblements de Pâques, en semaine fédérale. Et c'est toujours avec émotion que nous évoquons le STELVIO. |
AH ! ces cols de rencontre, comme on s'en souvient au moment de rédiger ses mémoires pour la revue des 100 cols. Alors, que je n'oublie pas celui de FONTAUBE où, sur un fond de Ventoux noyé dans une brume de beau temps, le hasard me fit m'enquérir de ma route auprès d'un cyclo de la roue d'or de Sarrians, Gérard DANIEL, qui connaissait mon équipier de galère pour avoir sablé le champagne avec lui. Décidément, le monde est petit. Même quand je ne roule pas avec lui, on trouve le moyen de m'en parler, de mon phénomène de coéquipier. Et que dire des cols italiens de la route militaire de l'ASSIETTA en compagnie de ce cyclo de Douai, Francis SWIDEREK, avec qui j'avais voyagé une semaine auparavant de Paris à Clermont mais sans avoir pu évoquer nos projets respectifs puisque assis chacun à un bout du compartiment. Une rencontre du troisième type qui m'avait inspiré un article pour notre revue 92. Depuis, le hasard a mal fait son travail. Toutefois, j'ai eu de ses nouvelles par ses copains du club rencontrés au départ des Monts des Flandres à Lille en 93. J'évoquais tout à l'heure, les TROIS CIMES DE LAVAREDO. Eh bien, là aussi, ce fut une drôle de coïncidence. Je suais sang et eau pour éviter que Joël ne me largue trop dans cette terrible grimpée vers les nuages couronnant le but de notre voyage dans les Dolomites. Quelques lacets plus bas, un fringant coursier semblait se jouer de la difficulté et devoir m'avaler avant le sommet; Il a bien failli réussir d'ailleurs. Mais savez-vous d'où il venait ce fringant coursier? De France, vous l'avez deviné; c'était facile. De Périgueux, ce qui était beaucoup moins évident. C'était Christophe, le poulain de mon ami Michel MONTEIX, "le compte de Montignac". Eh oui, si loin de chez soi, retrouver un cyclo dont on côtoie les copains du club à chaque semaine fédérale, ce n'est pas banal. Aussi Joël, qui est aussi périgourdin que casteldurcien, a pu causer du pays pendant qu'un autochtone fixait le trio sur la pellicule. Pour finir, mes souvenirs m'emmènent au col de ROMEYERE, dans le Vercors, où, pour franchir cette route taillée dans la falaise, j'ai rencontré la sorcière aux dents vertes du vertige qui m'obligea à franchir l'obstacle à pied, et sur les versants du Port de PAILLHERES où j'ai atteint mes limites dans l'effort vaincu par le % de la pente et le refus de mon vélo de zigzaguer plus d'un bord à l'autre de la chaussée. Qu'ils soient ici tous remerciés ces cols qui m'ont permis tant de rencontres au sommet. Et que ces lignes transmettent mon bon souvenir à tous ceux qui me les ont inspirées. Je leur donne rendez-vous à la prochaine croisée de nos routes. Sur quel col errerons-nous alors? Bruno FILLEY N°2806 Montgeron (Essonne) |