La Passion des Cols

Comme vous toutes et vous tous, je suis amoureux des cols. Je les vénère, ils me passionnent.. Qu'ils soient petits, moyens ou grands; qu'ils se disent cols, pas ou cormets : je les aime. A quelque région qu'ils appartiennent, je les adore.

Et les beaux étrangers fascinants...

Qui n'a rêvé du mystique Stelvio Italien, du somptueux Furka Suisse, du majestueux Grossglockner Autrichien? Tous, je me languis de les courtiser

Ha ! l'enchantement sensuel de leur silhouette lointaine, secrète et mystérieuse s'épanouissant au fil des kilomètres. Commence alors le grand jeu de la séduction. Approcher haletant et l'hésitation feinte avant d'aborder leur pied avec humilité et prévenance. Flatter tout au long leurs paysages envoûtants aux délices infinis et aux effluves capricieuses. Caresser leurs rotondités. S'attarder au plus fort de leurs charmes se dévoilant peu à peu : lutinage exquis. Pénétrer leur intimité avec tendresse et jouir des mil désirs de leurs tendres attraits jusqu'à l'extase voluptueuse de leur sommet offert.

Oui; on ne force pas un col, on ne le viole pas; on le séduit. Il nous accorde ses faveurs s'il nous en trouve digne. Mais malheur à l'impudent, au goujat, au sagouin.

Les cols savent aussi nous pardonner.

Jeune présomptueux en 1989, je suis revenu en amant soumis sur les pentes mordorées d'un Stelvio automnal en 1994. J'ai affronté les tourments de ses multiples tournants. La communion fut parfaite, l'étreinte inoubliable. Plus les épreuves sont ardues, plus le mérite est grand et le plaisir indélébile.

Paradoxal comportement du céleste cycliste à nos cols adorés, les serments sacrés et véritables s'accordent aux promesses des amants volages. On les quitte pour d'autres, éternels vagabonds.

Mais la montagne compatissante sait qu'on ne l'oubliera pas. Elle nous accueillera encore.

Christian CAMOZZI N°3733

Rennes (Ille et Vilaine)