Nous avons décidé avec quelques amis d'effectuer un séjour cyclotouristique d'une quinzaine de jours en Sicile durant le mois de mai. Cette île, qui présente un intérêt climatique évident, comporte de nombreuses curiosités touristiques et est dotée d'un relief vallonné principalement sur les parties Nord et Est, aux alentours du mystérieux mont Etna. La Sicile se trouve à environ 2000 km de la Savoie et, afin d'éviter la fatigue, nous avons décidé de prendre le bateau entre les villes de Gênes et de Palerme. D'après le dépliant de la Compagnie maritime italienne, la traversée dure 19 heures mais il s'agit en fait du temps de mise à disposition de la cabine... En effet, le temps de chargement des camions prend plus de deux heures à l'embarquement comme au débarquement, et il nous a donc fallu 24 heures avant de récupérer notre véhicule. Heureusement, le bateau était très confortable et nous avions accès à de nombreuses distractions. Nous sommes arrivés à Palerme un samedi soir et nous avons tout de suite été noyés dans la foule de jeunes palermitains qui font de nombreuses acrobaties sur leurs "deux roues à moteur" typiquement italiens; Foule humaine très chaude : un pneu d'une monture qui était sur un porte-vélo à l'arrière du véhicule s'en souvient encore, la gomme ayant partiellement fondu sous la brûlure d'une cigarette délibérément allumée. Nous avons mis plus de 3 heures pour atteindre un camping distant d'à peine 25 kilomètres de Palerme mais nous avons été accueillis sans problèmes alors qu'il était plus d'une heure du matin. Le gardien nous a toutefois demandé de ne pas faire trop de bruit pour planter nos sardines. Son propos nous a bien fait sourire étant donné que les nombreux siciliens qui étaient en week-end ont veillé jusqu'à quatre heures du matin avec... une discrétion des plus italiennes. Après une journée d'adaptation au climat qui nous a permis d'apprécier la tiédeur de la Méditerranée et ses plages désertes, l'eau et l'air étant encore trop froids pour la majorité des autochtones. Nous avons pris notre rythme de "croisière" dès le lendemain : une centaine de kilomètres de vélo le matin, une petite sieste, une visite touristique dans l'après midi et un peu de plage s'il nous restait encore du temps après ce programme bien chargé. La Sicile est un pays qui présente de nombreux attraits touristiques car des peuples différents ont occupé l'île durant les derniers siècles: grecs, arabes, normands... Certains sites grecs sont bien conservés, notamment Sélimonte, Ségeste et la somptueuse vallée des temples à Agrigente. Les églises (duomo) ont piètre figure vu de l'extérieur mais leur intérieur est très richement décoré dan un style généralement baroque. Certains édifices présentent un style arabo-normand d'une architecture remarquable. Le village de Cefalu, blotti contre un rocher possède un petit port et une cathédrale très photogéniques. L'amateur de plages sera plutôt déçu car les côtes sont assez découpées et certains sites sont très sales. Nous avons toutefois trouvé de petites criques remarquables dans la réserve naturelle de Zingaro, au nord-ouest de l'île. Les villages sont d'immenses bourgades où se réunit la population qui est essentiellement agricole. Aucune habitation est isolée car le Sicilien est friand de contacts humains. La population est d'ailleurs très sympathique contrairement aux idées reçues et nous avons toujours été très bien accueillis alors que ce n'est pas toujours le cas en Italie du Nord. |
Le revêtement routier est d'une exceptionnelle qualité même sur des petites routes en pleine montagne et nous n'avons pas crevé une seule fois. L'autochtone donne l'impression de conduire de manière anarchique mais est en fait très respectueux des cyclistes qui sont pourtant denrée assez rare sur cette île à comparer avec la Corse. Nous n'avons donc jamais eu peur vis à vis des automobilistes ou de la population. Coté cols, Georges Rossini en a dénombré une centaine mais nous n'avons pu en faire homologuer qu'une quinzaine en plus. Ces cols se situent essentiellement au nord et à l'est de l'île où l'on peut admirer le volcan Etna qui culmine à plus de 3000 mères d'altitude. Il n'existe toutefois aucun col dépassant l'altitude mythique de 2000 mètres. Pédaler au pied de l'Etna est vraiment impressionnant car on traverse sans cesse des champs de lave immenses qui sont parfois accompagnés de chemins de croix, la nature volcanique étant encore indomptable et sans doute pour longtemps. Ce volcan est encore très actif mais une petite pose nous a permis de monter à pied jusqu'au sommet afin d'observer les trois immenses cratères sommitaux. Des coulées de lave menacent régulièrement les villages situés jusqu'à 1000 mètres d'altitude et risquent de descendre jusqu'à la mer sur Catane, une des plus grandes villes de Sicile. Le nord-est de l'île est très riche en cols et présente des paysages variés dans les monts de Nebrodie et de Madonie qui culminent à peine à 2000 mètres d'altitude. Les montées sont en générales assez régulières et peu pentues mais sont souvent très longues car on part du niveau de la mer pour franchir des cols qui dépassent 1000 mètres. Le contraste entre les versants nord très boisés et l'intérieur du pays désolé et intégralement cultivé est saisissant. Quelques barrages artificiels permettent la création de plans d'eau qui colorent agréablement le paysage. L'île doit être vraiment sèche en été. En toile de fond, on trouve aujourd'hui le maître Etna qui est une pyramide parfaite, sans cesse fumante, et dominant sans équivoque toute l'île. Nous avons connu trois jours assez difficiles avec l'arrivée du sirocco. Je ne connaissais pas ce vent chaud qui amène de nombreux insectes assez pénibles à supporter. Par contre, il donne l'impression étrange d'un temps qui s'arrête. Une baignade dans la mer a été difficile car l'eau paraissait gelée en comparaison des 45 degrés qui régnaient dehors. La fin du séjour se termine par une visite de la capitale Palerme qui présente d'intéressants monuments, des marchés très colorés et tout un quartier désolé qui n'a jamais été reconstruit depuis la seconde guerre mondiale. Déjà le bateau du retour nous attend et il aurait fallu beaucoup plus de temps pour découvrir tous les recoins de cette île aux paysages variés et au riche patrimoine culturel et historique. Nous regrettons toutefois de ne pas avoir eu assez de temps pour visiter l'archipel volcanique des éoliennes avec les volcans de Vulcano et du Stromboli qui est un modèle d'éruption permanente unique au monde. Il faudra donc revenir en Sicile ou au pied de la botte italienne afin de mieux comprendre l'activité volcanique et compléter notre liste de cols qui sont encore nombreux dans ce secteur. Michel MATHIEU N°3397 Chambéry (Savoie) |