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Un drôle de cadeau pour Noël.

Revue N° 24 Page 07

Dimanche 24 décembre 1995, 15 heures, ça y est, je viens de franchir mon 1000ème col. J'ai 25 ans. Pas mal pour une fille du "plat pays"! Comment en suis-je arrivée là ? C'est une longue histoire...

C'est en juillet 1988 que j'ai rencontré celui qui allait devenir mon mari, Dominique, et devinez où ? Dans un col des Cévennes. Nous participions tous deux à une semaine organisée par notre club à Anduze. Moi, fraîche bachelière, je m'y étais rendue avec mes parents pour m'oxygéner les neurones; Lui, venait prendre un peu de repos avant d'effectuer Thonon - Trieste et après un voyage itinérant durant lequel il avait chassé un maximum de cols en empruntant la Haute Route des Pyrénées.

Décembre 1988, j'assiste à une bien curieuse cérémonie: Dominique, concentré sur une carte IGN et sur ce qu'il appelle la "Bible Chauvot", répertorie tous les cols et en envoie la liste à une obscure confrérie qui me semblait pour le moins assez ridicule. Je n'avais pas besoin de ça pour grimper !

L'année 1989 fut une année peu active cyclotouristiquement parlant. Nous nous rendons tout de même pour le week-end du 15 août dans les Vosges pour que nous puissions franchir nos premiers cols de l'année. Ce club des 100 Cols si important pour Dominique commence à m'intriguer...

1990 fut bien différente. Nous reprenons tous deux une pratique intensive du vélo. C'est l'époque de notre première série complète des brevets dénivelés et notre premier BCMF dans le Jura. Nous nous entraînons en vue d'un voyage en cyclo-camping en Corse. Dominique peaufine l'itinéraire afin de franchir un maximum de cols sans faire aucun aller et retour, chose à laquelle nous nous refusons. Nous nous faisons toujours un point d'honneur de franchir les cols même si c'est parfois difficile avec des sacoches de 15 kg.

Ce voyage est fantastique, jusqu'au moment où Dominique percute violemment une voiture dans la descente du barrage de l'Ospédale au-dessus de Porto-Vecchio. Bilan: quelques contusions sans gravité, mais la fourche du vélo est fichue. Notre voyage ne s'arrête cependant pas là: nous nous faisons rapatrier sur Nice et après une réparation, nous décidons de reprendre la route afin de rallier Grenoble. J'ai alors l'occasion de franchir quelques beaux 2000: la Lombarde, Restefond, au pied de la cime de la Bonette, Vars, Izoard. Nous restons trois jours à Serre-Chevalier afin de nous reposer et surtout afin de franchir le Granon.

Une fois en haut, Dominique m'entraîne sur les pistes environnantes afin de grappiller quelques cols supplémentaires.

C'est d'ailleurs sur l'une de ces pistes que nous avons rencontré un illustre chasseur, Marc Liaudon, qui à notre grande surprise nous photographie.

Enfin, nous franchissons le Lautaret, le Galibier, le Télégraphe et le terrible col de la Croix de Fer pour atterrir à Bourg d'Oisans. De là nous grimpons à l'Alpe d'Huez pour accrocher le col des Sarennes et d'autres cols muletiers environnants à notre palmarès.
A notre retour, Dominique avait gagné : j'entrais moi-aussi en 1991 au Club des Cent Cols avec 236 cols dont 23 à plus de 2000. Depuis la passion de la montagne et des cols ne m'a plus lâchée.

En 1991 notre objectif est de relier Bourg-Saint-Maurice à Salzbourg, en traversant les Alpes suisses, italiennes et autrichiennes. Le parcours concocté durant les longues soirées d'hiver par Dominique nous permet de gravir tous les cols suisses de plus de 2000 m, de passer le Stelvio, le Gavia, les cols des Dolomites et les terribles cols autrichiens (Timmelsjoch, Kühtai et Grossglockner) sans oublier le traditionnel muletier du voyage : la route des crêtes au-dessus du passo Croce Domini, poussière garantie ! Soit un parcours de 2400 km et 45000 mètres de dénivelée.

En 1992, nos ambitions sont plus lointaines: nous faisons notre voyage de noces aux EtatsUnis dans les Rocheuses (cf. revue 100 cols n0 22). Ce voyage nous vaut le plus haut col de notre longue liste: le fameux Mosquito Pass à 4018 mètres.

L'année suivante, notre chasse aux cols se situe en France où nous faisons un long périple à travers le Massif Central et les Pyrénées. Pour rentrer au bercail, j'effectue ma première diagonale (Hendaye-Dunkerque) et je découvre ainsi le charme de la grande randonnée.

Forts de nos expériences précédentes, nous décidons pour 1994 de visiter la Norvège à vélo. Ce sera notre plus beau voyage mais aussi le plus difficile. Heureusement un stage de printemps en Corse, lieu béni des chasseurs de cols et la diagonale Dunkerque-Menton au mois de mai, nous permet d'affronter sans problème les rudes pentes norvégiennes sous des températures parfois arctiques. Après l'ultime séjour à Noël en Provence, j'avais ainsi à mon actif 779 cols dont 147 à plus de 2 000 mètres.

La décision était prise, j'allais tenter de franchir le cap des mille l'année suivante.

1995 reste jusqu'à ce jour l'année la plus chargée en vélo. Entre une diagonale au printemps (Menton-Hendaye), les brevets qualificatifs à Paris-Brest-Paris, l'épreuve elle-même fin août et deux BCMF, il faut trouver des régions très denses en cols, vu le peu de temps qu'il nous reste. Nous écumons donc les Corbières et les Pyrénées ariégeoises en avril (110 cols en 9 jours de vélo) et effectuons en été un voyage itinérant de quinze jours dans les Alpes, toujours ponctué du muletier si cher à Dominique: la route des crêtes de Sestrière, en partant de Suza, les connaisseurs apprécieront...

Le traditionnel week-end dans les Vosges début septembre et les vacances de Noël dans le Haut-Languedoc me permettront d'atteindre et de dépasser le nombre tant convoité.

Voilà donc brièvement résumée cette longue quête du Graal, qui est loin de s'achever pourtant. Pour terminer, j'aimerais remercier Dominique qui s'est "sacrifié" en franchissant avec moi nombre de cols qu'il avait déjà passés auparavant, au détriment de la progression de sa propre liste.

Hélène FARCY N°3246

LILLE (Nord)


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