Il est des étés où le déficit pluvial peut faire craindre à l'organisateur que je suis devenu, un manque de verdure et de verdeur, un paysage jauni par la sécheresse faisant perdre à la région visitée le cachet touristique rêvé sur les dépliants, pour tout dire une absence de mousse sur les troncs d'arbre compensée par celle, ô combien rafraîchissante, des tavernes locales.... J'en suis là de mes réflexions solitaires dans ma voiture qui me conduit en ce dimanche de juillet vers les bords du lac Léman et les cimes du Chablais pendant que, fidèle à ses habitudes, ma voisine somnole, encore réchauffée par quelques trop timides rayons de soleil rhodaniens. Déjà, au loin vers l'est, les falaises arides du Vercors portent un chapeau de brume, pas de cette "brume matinale" chère à nos météorologistes, annonciatrice d'une journée agréable, mais une brume solide, chargée, quoiqu'encore sage. J'ai bien remarqué aux hasards d'arrêts autoroutiers que les premiers touristes de ce début d'été pressent le pas vers les boissons chaudes et ne s'éternisent pas à l'extérieur malgré la beauté des paysages préalpins... Peu à peu, au fil du voyage, mon bermuda met des manches longues, mon tee-shirt demande une autre épaisseur, le ballet des essuie-glaces d'intermittent devient continu... Grenoble... Chambéry... Annecy... il faut pourtant continuer... mes pensées sont d'un optimisme forcé... ça ne durera pas... ça ne peut pas durer... ça ne doit pas durer... les copains vont être déçus... nous n'avons jamais été aussi nombreux... certains viennent pour la première fois... Annemasse... Thonon... tiens ! le lac, entr'aperçu à travers les nuées... la route de Saint Paul... le camping à 900 m d'altitude. Comme à son habitude, Jacques est là pour nous accueillir. Lucette a perdu son bel optimisme. Daniel et sa famille sont en place... Je m'installe sous les trombes d'eau froides, Dany allume le chauffage pour faire sécher les vêtements détrempés. Que vont faire Eric, Yannick, Jules, nos campeurs sous tentes ? Une chambre d'hôtel fera mieux l'affaire ! |
Le soir, nous sommes heureux de nous retrouver. Chacun donne ses prévisions, le plus souvent teintées d'optimisme... enfin, le repas est excellent... la nuit portera conseil... demain sera un autre jour... un autre jour de pluie froide, pénétrante, celle qui empêche les plus téméraires d'enfourcher leur monture... mais que faire pour tuer le temps ? Une descente à Evian, ville d'eau !! à Thonon !! que nenni, nous sommes venus pour pédaler... le reste est littérature... Une envie incontrôlée de revenir à Toulouse... où il fait un temps à ne pas mettre un cyclo dehors... Heureusement, l'idée salvatrice vient de germer derrière la moustache de Roland... la distillerie locale : l'alambic du père Gaspard ! L'eau n'est-elle pas l'ennemie jurée de ce lieu ? Conjugons le mauvais sort ! Visitons et dégustons ces breuvages locaux aux senteurs montagnardes... Le moral va revenir en même temps que les premières éclaircies, là-bas à l'ouest sur le lac Léman... merci Gaspard... demain il fera beau... Nous pourrons commencer... la journée sera belle près de la Dent d'Oche ; Marcel gravira son premier col, Bernard sera heureux, Armand enfin rétabli retrouvera ses ailes, Annie sera réchauffée, Sébastien s'envolera, Jules voltigera à l'approche de midi, toute la belle troupe appréciera les merveilleux paysages de la Haute-Savoie si belle sous le soleil retrouvé. Les jours s 'écouleront, vite, trop vite... Bassachaux, Joux Verte et ses petites chèvres, la Savolière, les bords du Léman et son eau enfin bleue... Samedi déjà ! un au revoir trop rapide pour des moments trop courts... Allez ! l'année prochaine, on remettra ça, c'est promis. Merci encore père Gaspard ! Michel SAVARIN N°2739 de CASTELMAUROU (Haute-Garonne) |